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Législatives 2022 : entre consultations politiques et casse-tête d'un remaniement, Emmanuel Macron veut reprendre la main

Après le revers aux législatives, le chef de l'Etat reçoit dès ce matin les partis politiques représentés à l'Assemblée avec l'objectif de trouver des alliances... et un nouveau gouvernement.

Article rédigé par Yannick Falt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La Première ministre Elisabeth Borne et Emmanuel Macron au palais de l'Elysée, le 23 mai 2022.  (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

Comment gouverner... ou plutôt comment reprendre la main ? Deux jours après les élections législatives qui ont signé un véritable revers pour Emmanuel Macron, le chef de l'Etat reprend l'initiative politique. Après la défaite, c'est donc l'heure des grandes manoeuvres a l'Élysée, avec deux jours de consultations.

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Opération déminage pour le chef de l'Etat, qui doit absolument conclure des alliances afin d'éviter les risques de blocage de ses réformes à l'Assemblée. C'est le patron des Républicains, Christian Jacob, qui va ouvrir le bal dès 10h, ce mardi, avant, dans l'ordre d'apparition, Olivier Faure (PS), François Bayrou (Modem), Stanislas Guerini (LREM), Marine Le Pen (RN)  et Fabien Roussel (PCF) à 18H30, avant d'autres mercredi comme le chef du parti EELV Julien Bayou. Chez LFI, Jean-Luc Mélenchon ne se déplacera pas : c'est le numéro deux Adrien Quatennens et la députée Mathilde Panot qui rencontreront le chef de l'Etat, a indiqué mardi matin le député LFI Eric Coquerel sur franceinfo.

Reste une question-clé : à quoi vont servir ces consultations ? L’entourage d’Emmanuel Macron brandit l’"intérêt supérieur de la nation" : un dialogue pour bâtir des solutions au service des Français, et surtout, trouver des alliances de projets pour tenter de faire passer les premiers textes attendus au Parlement, et notamment sur la priorité numéro 1 du moment : le pouvoir d’achat. L'objectif est surtout d'éviter le scénario redouté par le chef de l’Etat : un blocage de l’Assemblée qui contraindrait l’éxécutif à faire du sur-place. Mais pas question de "pacte, de coalition ou d’accord de quelque nature avec les macronistes" a déjà prévenu Christian Jacob. 

La droite que l’exécutif rêve une fois de plus de fractionner, alors que Jean-François Copé, le maire de Meaux, appelle à nouveau à un "pacte de gouvernement", tout comme Gaël Perdriau, maire LR de Saint-Etienne ou encore Catherine Vautrin. Mais la Présidente du Grand Reims, un temps pressentie pour Matignon, a, elle, déjà quitté Les Républicains.  

Reprendre la main


Avec ces consultations, Emmanuel Macron veut également occuper le terrain politique et médiatique. L’idée a en effet été discutée lors d’un déjeuner au sommet à l’Elysée, lundi 20 juin. Emmanuel Macron, Elisabeth Borne, mais aussi les alliés plus que jamais incontournables, François Bayrou pour le Modem, Edouard Philippe pour Horizons, étaient autour de la table.

Et tous ont noté que ces consultations étaient nécéssaires juste avant une longue séquence internationale pour le chef de l’Etat : conseil européen à Bruxelles en fin de semaine, Allemagne, Espagne, Portugal la semaine prochaine, puis sommets du G7 et de l’OTAN, conférence de l’ONU sur les océans. Une manière de braquer effectivement les projecteurs sur l’Elysée au moment où ils le sont sur l’Assemblée, au moment où les députés de la Nupes de Jean-Luc Melenchon et du RN de Marine le Pen entrent en force au Palais Bourbon.

Un remaniement peut-il en cacher un autre ?

Autre casse-tête à premières inconnues pour Emmanuel Macron : il doit aussi réfléchir à un nouveau gouvernement. Premier élément : la Première ministre Elisabeth Borne a remis sa démission au président mardi 21 juin après 9h, qui l'a refusée "afin que le gouvernement puisse demeurer à la tâche et agir en ces jours", a annoncé mardi matin l'Elysée. Il s'agit d'une tradition, déjà respectée notamment par François Fillon en 2007, Jean-Marc Ayrault en 2012, Edouard Philippe en 2017. Une tradition, oui, mais pas une obligation, tranchait lundi son entourage qui s'empressait d'argumenter : "La cheffe du gouvernement est au combat, elle a beaucoup de chantiers à gérer". Et une source gouvernementale d'ajouter : "Changer de Premier ministre ne modifiera pas les équilibres à l'Assemblée".

Et puis, la question du calendrier du remaniement se pose : il y en aura un, c'est une certitude, et même deux. Il y a d'abord un ajustement pour remplacer les trois ministres battus. À commencer par Brigitte Bourguignon, la ministre de la Santé, en pleine crise à l'hôpital et en plein rebond épidémique, puis Amélie de Montchalin qui incarnait la Transition écologique et enfin Justine Benin, secrétaire d'État à la Mer. Dans un second temps, un remaniement de plus grand ampleur se profile, pour les portefeuilles jusque-là non attribués, comme le logement, les transports, le numérique ou les anciens combattants, notamment... Sans compter le cas Damien Abad, le ministre des Solidarités accusé de viols, même si aucune enquête n'a été ouverte.

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