"Une réunion pour faire semblant" : avant une rencontre au sommet à Matignon, les doutes des forces politiques sur le futur gouvernement de François Bayrou
Alors qu'Emmanuel Macron doit arriver à Mayotte jeudi 19 décembre et enchaînera son déplacement avec une escale à Djibouti pour le Noël des troupes, à Paris, le nouveau Premier ministre s'active pour tenter de composer son gouvernement. François Bayrou invite toutes les forces de "l'arc républicain" à Matignon jeudi après-midi.
Changement de format
"Je veux vous rencontrer pour vous éclairer et vous entendre sur les orientations que nous devrons suivre avant la composition du gouvernement", voilà ce que le Premier ministre écrit dans sa lettre d'invitation.
François Bayrou a déjà eu des échanges avec chacun des invités, camp politique par camp politique ces derniers jours. Mais, désormais, il change donc de format en invitant tout le monde autour d'une même table : le camp présidentiel bien sûr, Les Républicains, mais aussi la gauche sans la France Insoumise. Dans son invitation, Francois Bayrou invite donc les "partis politiques et groupes parlementaires qui ont eu la responsabilité des affaires du pays à une période ou à une autre de la Ve République". Une manière d'exclure, sans le dire, les Insoumis, ainsi que le Rassemblement National.
Si François Bayrou veut les revoir, c'est pour enfin parler ensemble du fond programmatique. Des compromis peuvent-ils se nouer ? Sur quels sujets ces partis peuvent-ils avancer ensemble ?
Parler du "quoi" avant de parler du "qui", conformément à ce que souhaitait Emmanuel Macron, et ce n'est qu'ensuite que la composition du gouvernement sera finalisée, nous dit-on.
Craintes d'une réunion "improductive"
Concernant l'état d'esprit des invités de François Bayrou, la plupart sont dans l'attente de précisions.
"La première rencontre était improductive, c'était de l'observation. Le deuxième round doit être plus opérationnel", réclame un des émissaires. Concrètement, les Républicains, qui aimeraient bien rester au gouvernement, veulent d'abord obtenir des assurances sur les questions de sécurité et d'immigration : "On ne va pas faire une politique qui ne nous correspond pas", disent-ils.
Les socialistes, eux, veulent des garanties sur le pouvoir d'achat, la réforme des retraites ou la justice fiscale avant de valider l'idée d'une non-censure du gouvernement. Quant aux écologistes, ils s'interrogent sur l'intérêt de cette nouvelle rencontre. Marine Tondelier assure déjà que "François Bayrou pave le chemin de sa propre censure".
Si tous les invités viennent, cela donnera une réunion avec une quarantaine de personnes, format déjà testé par Emmanuel Macron. "Je ne sais pas si ce sera efficace", s'interroge un cadre de la gauche qui craint que cela ne soit "une réunion pour faire semblant".
Pas d'annonce avant dimanche
Pour tenter de mobiliser tout ce petit monde, François Bayrou évoque des "responsabilités inédites", face à un pays sans budget et qui vient de connaître à Mayotte la "catastrophe la plus grave de l'histoire de France".
Reste que six jours après sa nomination, François Bayrou ne pourra pas faire tout ce qu'il veut : s'il parvient à élaborer une équipe, le Premier ministre proposera ensuite une composition de gouvernement au Président. Mais il n'y aura pas d'annonce au moins avant dimanche : il faut en effet attendre que le Président rentre sur le territoire hexagonal.
Emmanuel Macron est attendu ce jeudi à Mayotte, et enchaînera avec le traditionnel voyage auprès des militaires à Djibouti et une escale en Éthiopie. Il sera donc de retour dimanche, 48h avant le réveillon de Noël.
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