Qui est Lucie Castets, proposée par le Nouveau Front populaire pour le poste de Première ministre ?

Agée de 37 ans, jeune énarque et porte-parole du collectif Nos services publics, Lucie Castets espère prendre la tête d'un gouvernement Nouveau Front populaire, malgré le refus d'Emmanuel Macron.
Article rédigé par franceinfo
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Lucie Castets, proposée par le Nouveau Front populaire pour Matignon, lors d'un extrait vidéo montré sur un téléphone, le 23 juillet 2024. (MOURAD ALLILI/SIPA / SIPA)

Inconnue du grand public, Lucie Castets a été propulsée sur le devant de la scène politique, mardi 23 juillet. Après 16 jours de négociations, le Nouveau Front populaire a annoncé s'être mis d'accord sur sa personnalité pour le poste de Première ministre. Une proposition immédiatement balayée par Emmanuel Macron lors de son interview sur France Télévisions quelques minutes plus tard, mais qui n'a pas découragé l'aspirante Première ministre.

Invitée du 8h20 de France Inter mercredi matin, Lucie Castets a dénoncé un "déni de démocratie", et a appelé Emmanuel Macron à "prendre ses responsabilités" en la nommant à Matignon. Franceinfo revient sur le parcours de cette nouvelle tête, à qui la gauche souhaite donner les rênes du gouvernement.

Passée par Sciences Po, l'ENA, la Direction générale du Trésor et Tracfin

Ancienne élève de Sciences Po, et de la London School of Economics, Lucie Castets est aussi diplômée de la promotion 2013 Jean Zay de l'ENA, selon son profil LinkedIn. A la fin de sa formation d'énarque, elle rejoint en 2014 le ministère de l’Économie et des Finances à la Direction générale du Trésor. Elle est dans un premier temps adjointe, puis nommée cheffe du

Lucie Castets est également experte de la répression des fraudes et de la criminalité financière. Entre 2018 et 2020, elle travaille pour Tracfin, la cellule de renseignement financier de Bercy, qui lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la fraude aux finances publiques.

Conseillère puis directrice des finances de la ville de Paris

En septembre 2020, Lucie Castets quitte Tracfin et devient conseillère finances et budget à la ville de Paris. Elle est ensuite nommée directrice des finances et des achats de la capitale trois ans plus tard et occupe actuellement ce poste. Interrogé par l'AFP, la maire de Paris, Anne Hidalgo, évoque "une très bonne directrice des finances", qui gère un budget de 10 milliards d'euros "avec beaucoup de sérieux et sans mettre la ville en faillite, avec des investissements sur la transition écologique et le social".

"Une plaisanterie de mauvais goût, j’imagine", a taclé Sébastion Chenu, vice-président du Rassemblement national sur X, critiquant "l’état budgétaire totalement catastrophique" de la capitale. "La dette de la ville de Paris n'a aucune commune mesure avec la dette de l'Etat français, il est donc un peu ironique d'entendre des leçons de la part des personnes responsables de la dette de l'Etat français", lui a rétorqué Lucie Castets, invitée sur France Inter mercredi 24 juillet.

Candidate sur une liste du Parti socialiste en 2015

Née à Caen, Lucie Castets, alors âgée de 28 ans, a été candidate aux élections régionales de 2015 sur la liste du Calvados du Parti socialiste, rappelle Ouest-France. L'énarque, interrogée par l'AFP, reconnaît avoir été encartée au PS autour de 2008-2011. Proche du courant "besoin de gauche" porté par l'ex-ministre socialiste des Finances, Pierre Moscovici, Lucie Castets s'est notamment impliquée dans le combat pour le mariage pour tous, l'égalité hommes-femmes, mais aussi pour une meilleure redistribution des finances mondiales. Dans les années 2010, elle a également fait partie du think tank Point d'ancrage, revendiqué "social-réformiste". Aujourd'hui, elle affirme n'avoir aucune affiliation partisane.

Co-fondatrice du collectif Nos services publics et membre de l'Observatoire national de l'extrême droite

Lucie Castets est aussi co-fondatrice et porte-parole du collectif Nos services publics, un collectif résolument opposé à la politique du gouvernement sortant pour la fonction publique, qui lutte pour "retrouver le sens qui fonde le service public et ses missions au quotidien". En parallèle, elle est aussi membre du bureau de l'Observatoire national de l'extrême droite, aux côtés des Insoumis Thomas Portes et Caroline Fiat, et de l'écologiste Marine Tondelier.

"Elle a un parcours professionnel au service de l'Etat et des collectivités territoriales remarquable, avec des engagements forts sur la justice fiscale et la lutte contre l'évasion fiscale", souligne auprès de l'AFP le cofondateur de Nos services publics, Arnaud Bontemps. "C'est une personne très engagée sur l'école, l'hôpital, la justice sociale", ajoute-t-il.

Un profil technique et issu de la société civile pour sortir de l'impasse

Experte de la lutte contre la fraude fiscale, engagée pour plus de service public et contre l'extrême droite, le profil technique et non-partisan de Lucie Castets a permis aux dirigeants du Nouveau Front populaire de tomber d'accord sur un nom pour Matignon."Elle coche beaucoup de cases", juge en effet le secrétaire du Parti communiste, Fabien Roussel, sur BFMTV, saluant lui aussi une femme "engagée dans la lutte contre la criminalité financière". "Grande défenseure des services publics, Lucie Castets sera la Première ministre des avancées sociales et écologiques", a réagi de son côté le secrétaire général du PS, Pierre Jouvet.

"C'est une vraie surprise", estime le politologue Bruno Cautrès sur franceinfo, à l'annonce de l'accord trouvé entre les dirigeants du Nouveau Front populaire. "On a assisté à un terrible jeu de ping-pong entre le Parti socialiste et La France insoumise, donc la seule solution, c'était de trouver quelqu'un qui était en dehors", analyse-t-il, soulignant que le nom de Lucie Castets n'avait jusqu'alors "pas circulé".

"L'abrogation de la réforme des retraites" et la "fin de la régression des services publics" comme boussole

Lucie Castets est mobilisée dans les "luttes associatives pour la défense et la promotion des services publics", mais aussi "dans le combat d'idées contre la retraite à 64 ans", la décrit le communiqué publié par le Nouveau Front populaire mardi soir. Interrogée par l'AFP, l'aspirante Première ministre a en effet déclaré avoir parmi ses "grandes priorités" l'"abrogation de la réforme des retraites" d'Emmanuel Macron, une "grande réforme fiscale pour que chacun, individus et multinationales, paie sa juste part", une "amélioration du pouvoir d'achat" par la revalorisation des salaires, le relèvement des minima sociaux, ainsi que la "fin de la régression des services publics". Elle affirme par ailleurs avoir accepté "en toute humilité, mais avec beaucoup de conviction" la proposition du Nouveau Front populaire, estimant être une candidate "crédible et sérieuse" pour Matignon.

Lucie Castets entend en effet porter une ligne politique, à la tête d'un gouvernement de gauche, qui fait consensus entre toutes les composantes du Nouveau Front populaire : le renforcement des services publics afin de faire reculer l'extrême droite. "Le délitement des services publics a fait partie de ce qui a nourri les votes pour le Rassemblement national", estime Lucie Castets sur France Inter, qui assure par ailleurs être persuadée que "les députés hors du Nouveau Front populaire prendront leurs responsabilités lorsque nous proposerons des textes de nature à améliorer le fonctionnement des services publics".

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