Cumul des mandats, gouvernement Bayrou, immigration à Mayotte... Le "8h30 franceinfo" de François Hollande
François Hollande, député PS de la Corrèze et ancien président de la République, était l’invité du "8h30 franceinfo", mercredi 18 décembre 2024. La participation des socialistes au gouvernement Bayrou, les propos sur l'immigration de Bruno Retailleau, les rebelles en Syrie... Il répondait aux questions de Salhia Brakhlia et Jérôme Chapuis.
La question du cumul des mandats
"Il n'est pas possible d'assurer, quand on est ministre et a fortiori Premier ministre, une fonction aussi éminente et une fonction locale", estime François Hollande alors que le nouveau Premier ministre François Bayrou a annoncé vouloir conserver son mandat de maire de Pau. "Mettre cette question [le cumul des mandats] comme étant la première dans le débat public, c'était tout sauf opportun", tacle l'élu.
"Ça pose aussi un problème de conflit d'intérêts", alerte-t-il. "Un ministre ou Premier ministre, il doit agir pour l'ensemble du territoire, s'il est un élu local, à la tête d'un département, une région ou une ville, il a tendance à favoriser son territoire", détaille-t-il. François Bayrou a été largement critiqué pour sa décision de se rendre au conseil municipal de Pau, plutôt qu'à Mayotte, département dévasté par le cyclone Chido. "Sûrement qu'il eût mieux valu que le Premier ministre qui vient de s'installer prenne du temps pour rester à Paris et surveiller ce qu'il se passe, et prendre déjà les premières décisions".
Les déclarations de Bruno Retailleau sur l'immigration
"Je ne suis pas sûr que c'était opportun d'en parler, au moment où les Mahorais et aussi les irréguliers" sont victimes du passage dévastateur et meurtrier du cyclone Chido à Mayotte, estime François Hollande. L'ancien président de la République a réagi aux déclarations du ministre démissionnaire de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui a déclaré que Mayotte ne pourra pas être reconstruite sans "traiter la cause migratoire" et appelé à être "beaucoup plus ferme" vis-à-vis des Comores.
"Nous sommes dans des zones où les pauvretés sont hélas comparées, et donc il fait mieux vivre à Mayotte que dans les Comores", souligne l'élu corrézien, alors que Mayotte est le département le plus pauvre de France et fait face à une crise migratoire avec l'archipel voisin des Comores. "La question migratoire s'est posée depuis le départ, depuis qu'il y a eu séparation de Mayotte et des Comores, avec la volonté des Mahorais d'être Français, et des autres de ne pas l'être", analyse l'ancien président.
"Pas de participation du PS" au gouvernement Bayrou
Les socialistes ne participeront pas au gouvernement Bayrou, réaffirme François Hollande alors que le Premier ministre entame sa troisième journée de consultations politiques à Matignon. À la question "à aucune condition ?", le député de Corrèze répond "non, parce que nous ne partageons pas les positions politiques de cette majorité très étroite". "Ce qu'on attend du gouvernement, c'est qu'il mette une méthode en place pour que des textes puissent être discutés, votés, que des conditions puissent être posées pour qu'il n'y ait pas de censure", souligne François Hollande.
"Pour qu’il n’y ait pas de censure du groupe socialiste", poursuit-il, "il faut des garanties sur l’État de droit, la justice fiscale, et des gestes sur les retraites, des gestes sur l’Éducation nationale". Concernant la réforme des retraites à 64 ans, le socialiste ne demande pas l'abrogation pure et simple comme LFI, mais "un compromis", puisqu'il n'y a pas de volonté de la part du gouvernement d'abroger.
"Il ne peut pas y avoir d'attaques contre les Kurdes en Syrie"
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a affirmé mardi 17 décembre que l'UE devait "intensifier" ses relations avec HTS, le groupe rebelle islamiste qui a renversé Bachar al-Assad en Syrie.
"Il faut qu'ils apportent des preuves. Je vais lancer un cri d’alerte : il ne peut pas y avoir d’attaques contre les Kurdes de Syrie. Ce sont eux qui nous ont aidés à lutter contre Daesh" , dit François Hollande. Par ailleurs, "les Kurdes contrôlent des milliers de prisonniers de Daesh qui, s'ils sont remis dans la nature, viendront un jour ou l'autre sur notre territoire".
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