Cet article date de plus d'un an.

L'e-sport va-t-il devenir un sport olympique ?

Le CIO et l'e-sport ne cessent de se rapprocher. La possibilité de voir l'e-sport devenir un sport médaillable aux Jeux n'a jamais été aussi grande.
Article rédigé par Adrien Serrière, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Compétition de cyclisme virtuel lors de le semaine olympique de l'e-sport à Singapour, en juin 2023. (ROSLAN RAHMAN / AFP)

C'est devenu une tradition. Les Jeux olympiques incluent, à chaque édition, de nouvelles disciplines, afin de les mettre en valeur aux yeux du grand public. L'annonce, plusieurs fois reportée mais désormais imminente, des épreuves retenues pour les Jeux de Los Angeles 2028 pourrait donc réserver son lot de surprises.

Hasard ou non du calendrier, le Comité international olympique s'est doté en septembre 2023 d'une commission dédiée à l'e-sport, présidée par le Français David Lappartient. "Le CIO est convaincu que les sports virtuels ont la capacité de compléter et d'améliorer les sports olympiques traditionnels, et qu'ils peuvent offrir aux athlètes et aux supporters de nouvelles possibilités de s'engager dans le mouvement olympique", a déclaré pour l'occasion le président du Comité International Olympique, Thomas Bach.

Compatible mais pas trop

Un temps boudées par les instances olympiques, les compétitions de jeux vidéo sont officiellement reconnues comme sport par le CIO depuis 2017. Depuis, les deux mondes n'ont cessé de se rapprocher. En 2021, le CIO lançait une compétition de jeux vidéo en marge des Jeux de Tokyo. En juin 2023, Singapour a accueilli la première "semaine olympique de l'e-sport", amenée à être renouvelée en 2024.

Mais la route vers la médaille olympique est encore longue. Pour qu'un sport devienne discipline officielle, il doit en effet répondre à plusieurs critères définis par le CIO, parmi lesquels figurent notamment l'universalité du sport, sa popularité, son image et sa conformité aux valeurs olympiques. C'est sur ce dernier point que la situation se complique, car l'instance refuse catégoriquement que des jeux vidéo de tir puissent exister aux Jeux olympiques. Le président du CIO Thomas Bach en a fait une "ligne rouge". 

Scepticisme dans la communauté e-sport

Dans cet état de fait, la semaine olympique de l'e-sport de Singapour, créée en collaboration avec des fédérations internationales et des éditeurs de jeux vidéo, n'a proposé que des compétitions de sports virtuels et de simulations sportives : tir à l'arc, baseball, échecs, cyclisme, danse, sport mécanique, tennis ou encore taekwondo.

Ce qui a laissé de nombreux joueurs et fans perplexes, eux considérant ces jeux vidéo moins dignes d'intérêt que les très populaires League of Legends, Rocket League ou Counter Strike, habituellement au cœur des compétitions. "Pour moi, l'e-sport n'a pas besoin des JO", assène Marc Pardaillé, dit "Marcote", joueur professionnel chez Gameward. "Cela peut être une bonne opportunité pour se montrer, mais comme l'e-sport n'est pas encore accepté à 100% par le grand public, ce serait dommage d'y aller trop vite. Peut-être qu'il faut laisser l'e-sport se développer encore", explique le joueur de 22 ans. 

Les Jeux olympiques représentent pourtant une opportunité de développement pour l'e-sport, qui gagnerait à s'ouvrir à un public plus large, qui ne dispose pas de grande compétition entre nations, et dont le modèle économique est encore instable. Car malgré l'essor de la discipline observé encore à la Karmine Corp qui a réuni 28 000 personnes à La Défense Arena de Paris le 16 septembre, les professionnels se questionnent toujours sur la rentabilité de l'e-sport

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.