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Édito
Marc Fesneau critiqué pour avoir jugé "assez normales" les températures estivales : la politique française a-t-elle un problème avec l'écologie ?

Le ministre de l'Agriculture a été sévèrement critiqué samedi, notamment par la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte, pour avoir assuré que les températures étaient "assez normales pour un été". L'édito d'Agathe Lambret.
Article rédigé par franceinfo, Agathe Lambret
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Marc Fesneau dans la cour de l'Elysée, le 7 mai 2022. (MAXPPP)

Un épisode supplémentaire qui marque la relation compliquée qu'entretient l’exécutif avec l'écologie ?Alors que la loi industrie verte arrive ce lundi 17 juillet à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Agriculture a fait polémique, samedi, en affirmant que les températures particulièrement chaudes de ces derniers jours étaient "assez normales pour un été". Une sortie de Marc Fesneau contre toute évidence, puisque que cet été est le plus chaud après celui de 2003, selon les experts…

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Et des mots qui surviennent deux mois après qu’Emmanuel Macron a fait polémique en réclamant une pause dans les normes environnementales européennes. L'Élysée a tenté d’expliquer, mais le mal était fait. Comme lorsque le président le 31 décembre s'était interrogé en demandant "qui aurait pu prédire la crise climatique", suscitant la colère des experts, et au-delà...

En fait, l’histoire de cet exécutif avec le climat, c’est celle d’un malaise qui n’a fait que s’accentuer, et d’un paradoxe : plus l’urgence climatique apparaît, moins le président semble en capacité d’y répondre, en capacité d’incarner cette écologie qu’il avait lui-même érigé en priorité. 

Un débat impossible en France ?

Pourtant, des choses ont été faites, mais quoi qu’il fasse, Emmanuel Macron risque de passer pour insincère. Peut-être parce qu’il a confondu, parfois, l’action avec les slogans, promesses de grand soirs qui ne sont jamais arrivés : on se souvient du "Make our planet great again", mais qui peut parler aujourd’hui de son bilan ?

Il y a, aussi, le sentiment que l’écologie a pu être une variable d’ajustement en période électorale, comme pour capter les voix de Jean-Luc Mélenchon dans l’entre-deux tours de la présidentielle, le président s'approprie son concept de planification écologique. "Mon second mandat sera écologiste ou ne sera pas", disait alors Emmanuel Macron, lyrique. Mais qui nomme-t-il à l’Écologie ? Christophe Béchu, choisi plus pour sa proximité avec Édouard Philippe, que pour son militantisme notoire en matière de climat. L'effacement de ce ministre depuis n’a pas aidé non plus. 

Reste une chose : il faut dire, aussi, qu’en France, le débat sur l’écologie est difficile. Il devient tout de suite caricatural et manichéen. D’un côté, une écologie qui se veut réaliste, mais qui passe pour timorée ou inconsciente des enjeux. ; et de l’autre, une écologie dogmatique, et à sa façon déconnectée aussi, quand elle ne semble pas s’éloigner de ses combats. Ajoutez à cela une frontière de plus en plus floue entre la désobéissance civile prônée par les Verts et les violences, des élus qui s’affichent écharpe tricolore au cou en première ligne de manifestations qui dégénèrent. En passant par Sandrine Rousseau, qui semble même parfois justifier les violences, quand elle n’affirme pas, à tort, qu’il fait 60 degrés en Espagne. En France, c’est comme si aux atermoiements des uns répondaient les excès des autres, rendant tout débat constructif impossible.

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