Budget 2025 : l'abrogation de la réforme des retraites coûterait 20 milliards d'euros aux finances publiques
Quel imbroglio politique que la proposition de loi du RN visant à abroger la réforme des retraites : comme le bureau de l’Assemblée est à majorité de gauche, et que le RN n'a pas de droit de vote pour être reconnue recevable, cette proposition de loi du Rassemblement national a bénéficié du soutien du Nouveau Front populaire...
Elle a été jugée recevable par le bureau de l'Assemblée, mercredi 18 septembre, et le texte ira en commission avant d'arriver dans l'hémicycle le 31 octobre. De quoi donner quelques sueurs froides à Michel Barnier, d’autant plus que le groupe La France insoumise a lui aussi prévu d’utiliser sa niche parlementaire pour déposer sa propre proposition de loi en novembre, également pour supprimer la réforme Macron !
Abroger des parties ou toute la réforme ?
Le nouveau Premier ministre s’est peu exprimé sur le sujet, mais s’il s’est dit prêt à des aménagements de la réforme. Mais il n’est absolument pas pour sa suppression, parce qu’une abrogation coûterait très cher, plusieurs milliards d’euros.
On n’a pas de chiffrage très précis, et les calculettes chauffent, mais l’économiste Marc Ferracci, député du bloc central qui s’est basé sur les données de l’étude d’impact du gouvernement, est très pessimiste. Si on abroge la réforme dans sa globalité, c’est-à-dire si on supprime tout, - les mesures dites "salées", comme le recul de l’âge de départ, mais aussi les mesures dites "sucrées" comme les dispositifs de carrières longues ou la revalorisation des petites retraites - il estime que cela coûterait 15 à 17 milliards par an aux finances publiques. Selon l'économiste, on perdrait des recettes, des cotisations et impôts qui rentrent, mais il y aurait aussi des dépenses en plus, car il faudrait verser des pensions supplémentaires, puisque les gens partiraient avant 64 ans.
Si on supprime uniquement le "salé", donc le recul de l’âge; mais que l’on conserve les mesures "sucrées", il est important d'ajuster ce chiffrage, car c'est probablement ce que demanderont le RN ou le NFP. La facture monterait jusqu’à 20 milliards d’euros par an, à l'horizon 2030.
Dans le contexte de tensions budgétaires que l’on connaît, se priver de 20 milliards d’euros annuels semble un peu compliqué. Cela signifierait trouver de l’argent ailleurs, peut-être en augmentant encore les impôts, ce qui ne manquerait pas d'alimenter toujours plus le débat.
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