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Proximité, port du masque, quatorzaine... Comment les critères du cas contact et les mesures d'isolement ont évolué

Qu'est-ce qu'un cas contact d'une personne contaminée au Covid-19 ? Définitions et recommandations à suivre ont beaucoup évolué. Décryptage. 

Article rédigé par franceinfo - Emilie Gautreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Un salarié de l'Assurance-Maladie assure le contact tracing, en mai 2020.  (FREDERICK FLORIN / AFP)

Qu'est-ce qu'un cas contact d'une personne contaminée au Covid-19 ? Qui doit s'isoler et combien de temps ? Depuis le début de la pandémie, ces données ont évolué en fonction de plusieurs paramètres. Retour en arrière et décryptage de la Cellule Vrai du Faux. 

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Au début le "tracer isoler", c'était assez simple : "Nous avons isolé les cas contacts des trois cas confirmés en France, celui de Bordeaux et les deux personnes qui sont à Paris", déclarait ainsi le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, le 25 janvier dernier. Des cas contacts en nombre limité et donc à l'époque assez faciles à identifier. "Il faut traiter une épidémie comme on traite un incendie", c'est-à-dire la "circonscrire le plus vite possible", expliquait à l'époque la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. L'enquête épidémiologique visait alors à identifier les personnes ayant été en contact avec les malades à partir du moment où ceux-ci ont présenté des symptômes (en partant de l'hypothèse qu'ils n'étaient pas contagieux auparavant) ainsi que l'expliquait franceinfo en janvier

Le protocole a évolué avec l'évolution des connaissances et du nombre de malades

Dans son avis de mars concernant la prise en charge des cas contacts asymptomatiques de cas probables ou confirmés, Santé Publique France considérait, à l'époque, comme "à risque modéré/élevé" les seules personnes ayant partagé le même lieu de vie que le cas confirmé ou probable. Les personnes "ayant eu un contact ponctuel étroit" en fréquentant des lieux publics étaient alors considérées comme à risques faibles. Le fait de porter ou non un masque n'était pas, au début du printemps, pris en compte, d'autant que la recommandation pour la population générale était de ne pas en porter.

A partir du premier déconfinement, en mai, l'encouragement à porter un masque et la mise en place de "brigades de cas contacts" au sein de la sécurité sociale ont changé la donne. Ainsi que l'illustre ce reportage de France 3 le  20 mai , il appartenait désormais à la sécurité sociale de lister les cas contacts en téléphonant "à toutes les personnes que [ le cas positif ] aurait pu croiser sans masque pendant au moins 15 minutes dans les dernières 48 heures". On devenait cas à risque en cas de contact rapproché et/ou prolongé sans masque.

Le protocole a évolué en fonction des modes de protection 

Une distinction est par ailleurs apparue à l'automne. Santé Publique France a en effet invité à distinguer "les mesures de protection considérées comme efficaces" (séparation physique isolant la personne contact du cas confirmé via deux espaces indépendants -vitre, hygiaphone- port de masque chirurgical ou FFP2 ou grand public en tissu aux normes AFNOR) et des mesures n'étant pas jugées efficaces : plaque de plexiglas posée sur un comptoir ou masques en tissu "maison" n'étant pas aux normes recommandées. 

Sur cette base, devenait cas contact "à risque" toute personne ayant, "en l’absence de mesures de protection efficaces" partagé le même lieu de vie que le cas confirmé ou probable, ayant eu un contact direct, en face à face, à moins d’un mètre, quelle que soit la durée du contact, mais aussi ayant prodigué ou reçu des actes d’hygiène ou de soins, ou encore ayant partagé un espace confiné pendant au moins 15 minutes consécutives ou cumulées sur 24h. 

Le protocole a évolué selon la capacité à le mettre en place et à le faire respecter

Ce qui a également évolué est la durée d'isolement des cas contacts. Lors du déconfinement du mois de mai et dans les mois qui ont suivi, la règle expliquée par le ministre de la Santé Olivier Véran était que le cas contact reste à l'isolement "comme une personne malade", avec un test à effectuer au septième jour après le contact avec la personne malade puis, en cas de test négatif, une prolongation de l'isolement pendant sept jours supplémentaires, soit un isolement de 14 jours. 

En septembre, cette période d'isolement a été ramenée à sept jours. "Parce qu'on est davantage contagieux dans les cinq premiers jours de symptômes", expliquait alors le ministre de la Santé sur franceinter, mais aussi, avait ajouté Olivier Véran, car "le principe de réalité fait qu'on constate que un grand nombre de Français ne respecte pas la quatorzaine". Une durée d'isolement réduite donc dans l'espoir qu'elle soit mieux respectée.

Car sur les cas contacts comme sur d'autres sujets, la capacité d'adhésion des Français et ce qui semblait le plus applicable à une période donnée ont également joué. C'est ce qui explique aussi les évolutions concernant les cas contacts à l'école. Ainsi, depuis fin septembre, l'apparition d'un cas confirmé parmi les élèves n'implique plus automatiquement d'isolement de toute la classe. Tout dépend si le masque a été bien porté et combien d'élèves dans la classe sont des cas confirmés -il en faut au moins trois- Un protocole théorique, qui a souvent été appliqué au cas par cas et a été plus ou moins respecté, en fonction des délais d'enquête et de la possibilité de faire un test et d'en obtenir rapidement les résultats. 

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