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Neuf questions que vous vous posez sur le virus Ebola

Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10min
Une équipe de la Croix-Rouge s'équipe avant une intervention à Monrovia (Liberia), le 10 octobre 2014. (MOHAMMED ELSHAMY / ANADOLU AGENCY / AFP)

Alors que cette maladie a déjà fait plus de 4 000 morts et que deux cas ont été détectés en Espagne et aux Etats-Unis, francetv info résume ce que l'on sait sur l'épidémie.

Inexorablement, le bilan s'alourdit, et la psychose s'installe. Depuis décembre 2013 et le premier cas constaté, le virus Ebola a fait plus de 4 000 morts. Et l'épidémie, jusque-là circonscrite à l'Afrique, menace le reste de la planète. L'occasion pour francetv info de revenir en neuf points sur ce que l'on sait de cette fièvre hémorragique et des dispositifs mis en place pour l'endiguer.

1Au départ, d'où vient le virus ?

Le premier cas, le "patient-zéro", n'a été identifié qu'en août 2014, neuf mois après le début de l'épidémie. Il s'agit d'un enfant de 2 ans vivant à Guéckédou, en Guinée. Une semaine après sa mort, sa mère, sa sœur de 3 ans et sa grand-mère ont péri après de fortes fièvres, des vomissements et des diarrhées. Un employé du centre de santé du village a ensuite été contaminé ainsi que deux personnes venues pour les funérailles de la grand-mère. Elles ont alors transporté le virus dans leurs villages respectifs, raconte le New York Times (en anglais). Depuis, le nombre de morts a explosé, franchissant la barre des 4 000 victimes dans sept pays.

Des soignants s'affairent, le 17 septembre 2014 à Guéckédou, en Guinée, où l'épidémie d'Ebola a débuté en décembre 2013. (FABIEN OFFNER / ANADOLU AGENCY / AFP)

Ce que l'on ignore en revanche, c'est comment ce petit garçon a été infecté. Pour les scientifiques, qui ont déjà étudié d'autres cas, certaines espèces de chauves-souris, vivant dans les forêts tropicales d'Afrique centrale et de l'Ouest, constitueraient le réservoir naturel du virus, explique Médecins sans frontières (MSF). Ces mammifères, qui ne présentent pas les symptômes de la maladie, "semblent contaminer les grands singes et les humains par leurs fientes ou leurs morsures".

2Quels sont les symptômes ?

C'est sans doute l'aspect le plus angoissant de ce virus. Les symptômes sont décrits en détail par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Tout commence, après une période d'incubation de 2 à 21 jours, par une brusque montée de fièvre, une faiblesse intense, des douleurs musculaires, des maux de tête et une irritation de la gorge. Jusqu'ici, rien de trop effrayant, mais la suite l'est beaucoup plus. Rapidement, la condition du malade s'aggrave, avec une désagrégation des organes vitaux, provoquant des hémorragies internes et externes importantes. La mort survient peu de temps après, par choc cardiorespiratoire.

3Est-ce qu'on peut l'attraper en marchant dans la rue ?

La transmission ne s'effectue que par un contact avec les fluides biologiques d'une personne infectée. Il faut que du sang ou des sécrétions (selles, vomi, salive, larmes, sperme, urine, lait maternel) entrent en contact avec des muqueuses ou une plaie pour que l'infection se propage. Autre spécificité de ce virus : les personnes décédées restent contagieuses et un contact physique avec un cadavre est dangereux. Certains rites funéraires ont ainsi joué un rôle important dans la transmission de la maladie. Il faut garder à l'esprit que le risque zéro n'existe pas. Même le contact avec une surface infectée (lit, objets) peut être contaminant.

Pour autant, pas besoin de vous balader dans la rue avec un masque sur le visage. Ebola ne se transmet pas par voie aérienne, contrairement à la grippe ou à la rougeole.

4Pourquoi met-on tant de temps à l'endiguer ?

L'OMS a livré des projections alarmantes sur la possible propagation de la maladie : selon elle, près de 20 000 personnes pourraient être touchées par le virus d'ici au début du mois de novembre.

Une progression qui s'explique notamment par l'absence de vaccin ou de traitement efficace, mais pas seulement. La très grande mobilité des populations est un des facteurs de contamination les plus importants, tout comme le mauvais état des services de santé des principaux pays affectés. Les mesures d'urgence imaginées, comme le confinement de certaines zones contaminées, n'ont pas fonctionné. Autre facteur aggravant : les peurs et les croyances, comme le détaille Géopolis. Ainsi, à Monrovia (Liberia), une partie de la population est persuadée qu'Ebola n'existe pas et qu'il s'agit "d'une invention des Blancs pour tuer les Noirs".

Les personnels soignants ne sont pas épargnés, comme le rapporte Slate. En première ligne, ils font grève au Liberia afin de réclamer de meilleurs équipements de protection et le versement d'une prime de risque. Les médecins et volontaires étrangers participent également à la diffusion du virus. C'est en s'occupant d'un missionnaire malade, rapatrié en Espagne, qu'une aide-soignante espagnole a ainsi été contaminée.

5Combien d'infections ont eu lieu hors d'Afrique ?

Elles sont au nombre de deux. Les autorités sanitaires américaines ont confirmé, dimanche 12 octobre, la première infection par Ebola contractée aux Etats-Unis. Il s'agit d'une infirmière d'un hôpital texan où un patient libérien est mort de la maladie. Elle aurait été contaminée après "une erreur de protocole".

Des soldats américains s'entraînent à s'équiper contre le virus Ebola, à Fort Campbell (Kentucky), le 9 octobre 2014. (HARRISON MCCLARY / REUTERS)

L'Américaine est le deuxième cas de contamination hors d'Afrique, après celui de Teresa Romero, une aide-soignante espagnole de 44 ans, qui avait contracté le virus à Madrid en soignant un missionnaire mourant rapatrié de Sierra Leone. Elle aurait touché son visage avec un gant infecté, selon l'hôpital où elle est soignée.

6Maintenant que j'ai bien peur, comment me protéger ?

Malgré des fausses alertes et le cas d'une infirmière de MSF infectée au Liberia et soignée à Saint-Mandé (Val-de-Marne), aucune contamination sur le sol français n'a été détectée. Pour autant, le risque zéro n'existe pas. Le mieux, c'est de ne pas se rendre dans les pays à risque (Guinée, Sierra Leone, Liberia), comme le conseille le ministère des Affaires étrangères.

Si c'est tout de même le cas, il faut éviter sur place tout contact rapproché avec des personnes ayant de la fièvre, ou avec des animaux sauvages (singes, chauves-souris...) vivants ou morts. Il ne faut pas non plus consommer ni manipuler de viande de brousse. Enfin, les produits issus des animaux (viande, lait, sang…) doivent être cuits soigneusement avant d'être consommés.

Si vous revenez d'une zone à risque, vous devez surveiller quotidiennement votre température. Toute fièvre supérieure ou égale à 38°C doit être considérée comme suspecte et signalée au Samu.

En outre, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a détaillé, vendredi 10 octobre, le plan d'information et de prévention du gouvernement. Un numéro vert sur Ebola, le 0800 13 00 00, est notamment disponible pour répondre aux questions du public.

7Damned ! Et si je suis contaminé, je peux en guérir ?

C'est possible, mais pas certain. Le taux de mortalité peut en effet aller de 25 à 90% chez l'homme et, pour l'instant, aucun vaccin ni traitement efficace n'existe. Mais les laboratoires de recherche sont sur la brèche. Un premier essai clinique a donné des résultats encourageants, et pourrait permettre de vacciner les personnels soignants dès la fin novembre. De son côté, la Russie se dit capable de fournir trois vaccins contre le virus d'ici à six mois.

Pourtant, certains en réchappent. C'est notamment le cas des deux médecins américains et de l'infirmière française de MSF. Tous ont reçu des doses de ZMapp. Ce médicament est le mélange de trois anticorps et d'un principe actif élaboré à partir d’un extrait du tabac. Problème : le produit doit encore être testé, et ne peut être fabriqué qu'en très petite quantité.

8La France est-elle prête pour faire face au virus ?

Outre le numéro vert pour répondre aux interrogations du public, Marisol Touraine a détaillé le processus de suivi des malades, imaginé par le ministère de la Santé. Les personnes contaminées à l'étranger, comme la volontaire de Médecins sans frontières, sont rapatriées dans des avions médicalisés spéciaux. Leur trajet sur le sol français est ensuite prévu pour éviter toute contamination : atterrissage dans un aéroport militaire, ambulance équipée spécialement, prise en charge dans l'un des 12 établissements désignés par le ministère, chambres d'isolement à pression négative.

C'est ce qui s'est passé pour l'infirmière de MSF soignée à l'hôpital militaire Bégin de Saint-Mandé. Cet établissement a été désigné comme hôpital de destination prioritaire pour le rapatriement d'un cas avéré ou pour la prise en charge d'un cas hautement probable.

9J'ai la flemme de tout lire ;) Vous me faites un résumé?

L'épidémie d'Ebola qui frappe principalement l'Afrique de l'Ouest est partie de Guinée, en décembre 2013. Elle a déjà fait plus de 4 000 victimes. Pour la première fois, l'Afrique n'est pas le seul continent touché : deux cas de contamination ont été enregistrés en Espagne et aux Etats-Unis. En France, malgré de fausses alertes, il n'y a pas eu d'infection contractée sur le territoire.

Le virus provoque dans un premier temps une fièvre accompagnée de diarrhée et d'hémorragies externes ou internes, puis la mort du patient dans 25 à 90% des cas. Il n'existe pas, pour l'instant, de vaccin homologué, simplement des traitements en cours d'expérimentation.

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