Rentrée littéraire d'hiver : cinq romans étrangers et cinq romans français à ne pas rater
Cette rentrée littéraire d'hiver foisonnante (517 nouveautés) est marquée par des grosses pointures et de nombreuses fictions ancrées dans la réalité consacrées à l'écologie et à la condition des femmes. Voici une sélection de 10 romans, cinq français et cinq étrangers que la rédaction de franceinfo vous recommande.
"La Maison en pierre", de Novuyo Rosa Tshuma
L'histoire : âgé de 17 ans, le fils d'Abednago et Agnès disparaît lors des manifestations qui secouent le Zimbabwe. Perdus, ils s’en remettent à Zamani, leur énigmatique et intrusif locataire, pour retrouver leur fils.
Pourquoi on a aimé : dans ce premier roman, c'est au fond des yeux, avec amour et lucidité que l’écrivaine zimbabwéenne Novuyo Rosa Tshuma regarde son pays, le Zimbabwe ("maison de pierre" en shona, l’une des langues officielles du pays), marqué par des années d'autoritarisme. La Maison en pierre est un livre politique et personnel. Novuyo Rosa Tshuma, jeune écrivaine de 35 ans, est assurément une plume pleine de talent à suivre. (Traduction, Laurence Kiéfé, Actes Sud, 368 p., 24,80 €)
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"Adieu Zanzibar", d'Albdulrazak Gurnak
L'histoire : tout commence en 1899, dans une petite ville côtière d’Afrique de l’Est, quand une loque humaine, presque un fantôme, un Anglais, Marin Pearce, est recueilli par le muezzin Hassanali. On comprend assez vite que l’apparition de l’étranger va bouleverser la vie de ceux qui l’ont accueilli et soigné. A commencer par Rehana, la sœur du muezzin, qui vit une grande histoire d’amour avec l’aventurier anglais.
Pourquoi on a aimé : Abdulrazak Gurnah nous emmène à travers les générations des années 1900 en Afrique, à Londres dans les années 60. Le prix Nobel de littérature 2021 narre avec un réel bonheur les bégaiements de l’Histoire à travers les petites histoires individuelles. Un livre indispensable. ( traduit de l’anglais par Sylvette Gleize, Denoël, 368 p., 22 €)
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"À prendre ou à laisser", de Lionel Shriver
L'histoire : Kay et Cyril, un couple de Britanniques, décident alors qu’ils sont encore dans la force de l’âge, de se suicider ensemble le jour de leurs 80 ans. Ils ne veulent pas, comme le père de Kay, subir la déchéance de la vieillesse ou devenir un poids pour leurs enfants. Mais mettront-ils leur plan à exécution lorsque la date fatidique aura sonné ?
Pourquoi on a aimé : la romancière américaine s’empare avec autant de sérieux que d'humour de la question délicate et cruciale du vieillissement et de la fin de vie. À l'heure où se déroule la Convention citoyenne sur la fin de vie, lancée le 9 décembre en France, Lionel Shriver explore de fond en comble ce sujet, en imaginant pas moins de douze scénarios possibles à partir de ce postulat du départ, avec l'humour qui la caractérise. À la fois grinçant et passionnant. (traduit de l'anglais - États-Unis - par Catherine Gibert Belfond, 285 p., 22 €)
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"A qui la faute", Ragnar Jónasson
L'histoire : quatre amis d’enfance se retrouvent pour une partie de chasse à la perdrix des neiges dans les hauts plateaux de l’est de l’Islande. Ils pensaient se retrouver pour quelques jours paisibles, mais le voyage tourne au cauchemar. Une tempête de neige violente les oblige à se réfugier dans un pavillon de chasse abandonné. Dans la cabane, ils découvrent un intrus aussi effrayant que silencieux. Cette rencontre marque le début d’une longue nuit, où les quatre amis voient ressurgir ce qu’ils ont de pire en chacun d’eux.
Pourquoi on a aimé : d'une écriture nerveuse, narrant les événements du point de vue de chaque protagoniste, Ragnar Jónasson brouille tous les repères et nous tient en haleine jusqu’à la dernière ligne. Un thriller nordique glaçant. (traduit de l'islandais Jean-Christophe Salaün Editions La Martinière Noir, 336 p. 21,5 €)
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"Matrix", de Lauren Groff
L'histoire : après Les Furies, qui racontait la vie d'un couple dans le monde contemporain, Lauren Groff nous transporte cette fois dans une abbaye anglaise du Moyen Âge. Dans cette biographie romancée de Marie de France, poétesse du 12e siècle, l'écrivaine américaine dresse le portrait d'une héroïne libre, au tempérament aussi impétueux qu'irrévérencieux.
Pourquoi on a aimé : Lauren Groff s'empare avec bonheur et d'une écriture particulièrement riche de ce huis clos à fort potentiel romanesque, prétexte à dénoncer les dérives d'un pouvoir politique ou religieux écrasant. Méditation décalée sur le pouvoir, Matrix est aussi un hymne à la littérature, à l'art de raconter des histoires, "le meilleur moyen pour exister" aux yeux de ceux qu'on aime. Un livre singulier et exigeant, qui vaut la peine de s'accrocher. (traduit de l'anglais - Etats-Unis - par Catherine Chichereau, L'Olivier, 304 p., 23,50 €)
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"Les sources", de Marie-Hélène Lafon
L'histoire : Marie-Hélène Lafon décrit dans ce roman court, dense et âpre l'intimité d'une famille qui vit la violence au quotidien, dans le silence et l'isolement, à la fin des années 60, dans une région rurale où "il faut faire semblant devant les gens", où l'orgueil "bloque les mots".
Pourquoi on a aimé : avec ce dernier roman, Marie-Hélène Lafon plonge aux sources de son œuvre à travers l'histoire intime d'une famille. La romancière articule son récit en trois mouvements et trois points de vue autour de la maison familiale. Une construction brillante, appuyée par l'écriture à l'os de Marie-Hélène Lafon, qui presse ici tous les thèmes qui lui sont chers - la terre, la famille, la transmission, le silence, le langage des corps, des objets, des paysages - jusqu'à en extraire une sève qui irrigue l'ensemble de ce très beau roman. (Buchet-Chastel, 128 p., 16,50€)
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"Le silence et la colère", de Pierre Lemaitre
L'histoire : On retrouve avec plaisir les péripéties de la famille Pelletier. Le père s'est pris de passion pour la boxe. Le fils aîné Jean, dit "Bouboule", et boulet historique et personnalité trouble, tente de mener à bien son projet de magasin de vêtements révolutionnaire, sous l'œil acerbe de son inénarrable épouse Geneviève, enceinte et plus féroce que jamais. François, le deuxième fils, tente de comprendre les mystères que lui cache Nine, son amoureuse sourde, tandis qu'Hélène est envoyée par son rédacteur en chef dans un village voué à disparaître sous les eaux d'un barrage hydroélectrique.
Pourquoi on a aimé : Pierre Lemaitre continue à "feuilleter" le XXe siècle avec ce nouvel épisode de sa fresque familiale consacrée aux Trente Glorieuses. L'écrivain jongle une fois encore avec dextérité entre les faits historiques et la trame romanesque, installant le lecteur dans l'atmosphère d'une époque, sans l'assommer avec des détails historiques mais plutôt en incarnant l'histoire avec un grand H dans les péripéties de destins personnels. (Calmann-Lévy, 592 p., 23,90 €)
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"Terminus Malaussène", de Daniel Pennac
L'histoire : ce huitième tome de Terminus Malaussène de Daniel Pennac ne se résume pas, il se lit.
Pourquoi on a aimé : ce roman, l'un des plus attendus de la rentrée d'hiver, est le dernier opus de la série signée Daniel Pennac commencée en 1982. On y retrouve tous les personnages et leurs nombreuses péripéties, des aventures, des rebondissements, et aussi les maux d'aujourd'hui et ceux d'hier. Et tant pis ou tant mieux s’il y a de nombreux personnages (trop ?), ça fuse dans tous les sens et les dialogues font mouche à chaque fois. Les Tontons flingueurs ne sont pas très loin. Comme dans ses précédents romans, il y a de la révolte et de fantaisie dans l’air. Pour ce bouquet final, l'auteur de La petite marchande de prose se joue des codes du polar. La recette de Daniel Pennac ne se dément pas. (Gallimard, 448 p., 23 €)
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"Fille en colère sur un banc de pierre", de Véronique Ovaldé
L'histoire : Aïda revient à Iazzia, l'île de son enfance, au large de la Sicile, pour enterrer son père. Elle en fut exilée quinze ans auparavant par sa famille, qui l'a tenue responsable de la disparition de sa petite sœur Mimi, la cadette de cette fratrie de quatre filles. A son retour, Aïda est accueillie froidement par ses sœurs. Que s'est-il réellement passé cette fameuse nuit de carnaval où s'est noué le drame de cette famille ?
Pourquoi on a aimé : dans ce nouveau roman, Véronique Ovaldé décortique les relations familiales, les secrets qu'elle charrie, les passions qui s'y jouent. La romancière raconte cette histoire à travers la voix d'un narrateur omniprésent, qui met en abyme son récit et lui donne une dimension théâtrale et ironique, sans toutefois lui ôter sa dimension tragique et son mystère. Une lecture intéressante et surprenante. (Flammarion 320 p., 21€, numérique 15€)
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"Le chant du silence", Jérôme Loubry
L'histoire : quand Damien apprend que son père s’est jeté d’une falaise d’où les femmes guettaient autrefois le retour des bateaux de pêche, il hésite à se rendre à son enterrement. Durant l’été 1995, son père est devenu un meurtrier, contraignant sa mère et lui à déménager à l’autre bout de la France. Damien n’est jamais revenu. De retour dans le quartier des pêcheurs désormais à l’abandon, Damien découvre dans la parka de son père une photo qui remet tout en question… Et si la vérité sur l’été 1995 était tout autre?
Pourquoi on a aimé : avec une écriture cinématographique, Jérôme Loubry instaure un dialogue original avec le lecteur, se plait à l’égarer au fil des pages. Rebondissements, fausses pistes, récits polyphoniques, l'auteur de Refuges et De soleil et de sang se révèle un excellent conteur, qui sait tenir son public en haleine. (Calmann-Lévy, 400 p., 21,90 €)
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