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"Comment ose-t-il parler d'abondance ?" : pour sa rentrée politique, Jean-Luc Mélenchon lance un appel général contre la politique d'Emmanuel Macron

Devant 5 000 personnes, le leader insoumis a tenu un discours de rentrée offensif, en clôture des "AMFiS" d'été de la France insoumise, entouré de ses partenaires de la Nupes. En ligne de mire : le chef de l'Etat et le gouvernement.

Article rédigé par franceinfo - Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le leader du parti La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, prononce un discours à la fin de la manifestation "NUPES universités d'été" à Chateauneuf sur Isère, dans le sud-est de la France, le 28 août 2022. (JEFF PACHOUD / AFP)

"Élisabeth Borne dit n'importe quoi" : Jean-Luc Mélenchon tenu un discours de rentrée offensif, devant 5 000 personnes, réunis lors d'un grand meeting avant de clore les universités d'été de la gauche. Après deux mois d'absence, celui qui n'est plus député et n'a pas participé à la session parlementaire de juillet, mais qui garde la main chez les Insoumis, s'est exprimé dimanche 28 août 2022 à Chateauneuf-sur-Isère, près de Valence, dans la Drôme, où se terminent donc les "AMFiS d'été".

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Le leader insoumis en a profité pour lancer l'appel général à la mobilisation contre la politique d'Emmanuel Macron, avec, en tête, l'idée de maintenir un duel à distance avant la rentrée sociale. Après s'être tenu en retrait depuis les dernières élections, Jean-Luc Mélenchon monte au front contre le président de la République : "Comment ose-t-il parler d'abondance ? Ca fait cinq ans que cet homme a vidé les poches de tout le monde, c'est une sorte de fantôme du 19e et du 20e siècle qui est apparu là, sur son jet-ski ! Il est venu nous dire abondance, mais il y n'en en a jamais eu !"

Elisabeth Borne également égratignée 

Le leader insoumis s'attaque aussi à la Première ministre après son interview dans Le Parisien Aujourd'hui en France : "Madame Borne vient de se réveiller", dénonce-t-il.  Ainsi, pour baisser les prix et donner du pouvoir d'achat aux Français, Jean-Luc Mélenchon retient qu'Élisabeth Borne "dit que certaines entreprises ont pris des engagements et qu'elle veillera à ce qu'ils soient respectés". Et il réplique : "Elle dit n'importe quoi ! Depuis quand le gouvernement observe les engagements des entreprises pour les obliger à les tenir ? C'est dans la relation entre les organisations syndicales et patronales qu'un tel contrôle se fait après avoir signer des accords." Et si la Première ministre a déclaré qu'elle "ne ferme pas la porte" à une taxation des "superprofits" des entreprises, le chef de file des Insoumis insiste : "Nous les portes, on a plutôt tendance à les enfoncer mais, admettons, nous ferons 'toc toc'."

Ne vous attendez pas à ce que je vous caresse la tête, c'est pas mon genre, vous devez entrer dans la lutte ! Vous devez vous passionner pour ce monde, et le révolutionner, c'est votre tâche !

Jean-Luc Mélenchon

lors de son discours aux "AMFiS" d'été de la France insoumise

Le ton est donné et calculé : Jean-Luc Mélenchon donne le premier coup, avant un discours attendu d'Elisabeth Borne sur la transition énergétique devant le Medef, lundi. Une façon claire, aussi, de préparer les esprits à un bras de fer permanent avec le gouvernement : "Pas d'arrangement, pas de compromis, nous continuons dans une lutte politique... Créons un nouveau front populaire pour renverser la table !" lance l'Insoumis, qui rappelle ce projet de marche contre la vie chère avec les forces de la Nupes mi-octobre.

Fédérer autour de la coalition à gauche 

Reste une question : ces universités d'été ont-elles été utiles à gauche ? Oui, pour consolider les forces politiques au sein de la Nupes, d'abord. Fédérer les militants des quatre formations autour de cette coalition à gauche née aux législatives, ensuite. Ses représentants ont un peu joué aux VRP ces quatre derniers jours, avec un petit tour de France, pour des moments communs aux quatre universités d'été des quatre formations, se retrouvant à Blois avec le PS, à Strasbourg avec le PCF, à Grenoble avec les écologistes, puis, ici, près de Valence avec les Insoumis.

Preuve que cette "union sacrée" de la gauche continue, même après les législatives : le socialiste Pierre Jouvet a conquis la foule, avant le meeting de Jean-Luc Mélenchon : "Je veux vous dire le plaisir qui est le mien d'être invité à conclure les universités d'été de la France insoumise, tant, pendant des années, le PS était plutôt habitué à clôturer les universités d'été du Medef... Mais voyez-vous, la rupture, elle est là ! Vive la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, vive la gauche, et vive la France !", a-t-il lancé sous les applaudissements.

Derrière cette affichage, il est aussi et surtout question d'appuyer la Nupes, pour la renforcer à quelques jours d'une rentrée musclée, où le bras de fer va s'accentuer entre l'opposition, la majorité, et ses réformes de l'assurance chômage et des retraites. Mais ce week-end a aussi servi à faire le point sur les défis internes aux quatre partis. Parmi lesquels : tenter d'apaiser les divisions chez les socialistes, simplifier l'organisation du pôle écologiste chez les verts, apporter plus de démocratie chez les Insoumis, et, pour les communistes, continuer de cultiver la singularité du PCF au sein de la coalition de gauche.

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