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Après la bataille de Paris, les prochains combats de NKM

Nathalie Kosciusko-Morizet n'a pas conquis Paris mais, bon gré mal gré, la droite parisienne a dû se rallier à son étendard. Et elle a sauvé l'honneur en gagnant un arrondissement. De quoi prendre quelque avance sur les ambitieux de son camp ?

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Nathalie Kosciusko-Morizet, le 25 mars 2014 à Paris. (MARTIN BUREAU / AFP)

Nathalie Kosciusko-Morizet n'a pas réussi à ravir Paris au Parti socialiste, malgré la vague bleue qui a fait perdre 171 villes de plus de 9 000 habitants à la gauche. Mais la droite progresse en nombre de voix dans la capitale et a pris (de justesse) le 9e arrondissement.

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Prochain objectif de l'ancienne ministre de l'Ecologie de Nicolas Sarkozy ? Local, en confirmant son ancrage : sans doute tentera-t-elle de mener la bataille 2016 du Grand Paris. Et national : les cinq biographies consacrées à Nathalie Kosciusko-Morizet prennent toutes pour point de départ son ambition présidentielle.

La bataille du Grand Paris

Le Lab Europe 1 l'assure : la présidence du Grand Paris pourrait offrir à NKM son match retour contre Anne Hidalgo. Car le basculement à droite de plusieurs villes que la gauche détenait en Ile-de-France est lourd de conséquences. Dont celle-ci, notée par Libération dès la semaine dernière : "La métropole du Grand Paris, qui verra le jour au 1er janvier 2016, sera probablement à droite."

Nathalie Kosciusko-Morizet n'a pas annoncé clairement son intention de postuler à ce qui pourrait devenir "le plus beau poste d'opposition en France". Mais les quelques phrases sibyllines prononcées dimanche soir le laissent augurer. "Sachez que mon engagement auprès de vous est total, profond, définitif. Nous avons encore tant de choses à faire ensemble", a-t-elle lancé à ses partisans parisiens.

"Cette dynamique que nous avons créée, c'est la base des victoires de demain. Aucun des combats ne m'est et ne me sera étranger, a-t-elle poursuivi. Un mouvement s'est créé, une espérance s'est levée. D'autres batailles s'annoncent, pour Paris, pour la France."

Des batailles qu'elle entendra mener en chef de file, forte de son bon score à Paris au premier tour (où elle était arrivée en tête) et d'un échec limité au second. La voie a pourtant été semée d'embûches, entre dissidences à droite (l'UMP Charles Beigbeder lui a opposé des listes dans 14 arrondissements) et soucis familiaux (son père a été victime d'un AVC en novembre).

La bataille du Grand Paris lui permettra surtout de peaufiner davantage son image écolo-techno-centristo-geek, créneau porteur dans les métropoles dynamiques, comme l'a montré la victoire d'Alain Juppé à Bordeaux.

La primaire 2016 ?

Etape suivante : la primaire 2016 de l'UMP en vue de la présidentielle. Ira-t-elle ? N'ira-t-elle pas ?

Tout dépendra probablement de la configuration, et des candidats. En janvier, Le Monde faisait état de grandes manœuvres : Xavier Bertrand, Bruno Le Maire et Alain Juppé se seraient mis d'accord pour "avoir un maximum de personnalités qui vont faire en sorte que la primaire, dont la mise en place est prévue dans les statuts, soit gravée dans le marbre définitivement". Et surtout "contraindre Nicolas Sarkozy à s'y soumettre, alors qu'il souhaiterait être dispensé de cette étape".

Si Nicolas Sarkozy - qui l'a spectaculairement soutenue à Paris - était en position de se présenter, NKM pourrait préférer s'abstenir. Dans NKM la présidente, la journaliste du Journal du dimanche Soazig Quéméner écrit : "Aujourd'hui NKM continue à avoir d'excellentes relations avec Nicolas Sarkozy qui ne tarit pas d'éloges sur elle. (…) 'Si Sarkozy se représente et qu'il est réélu, elle a de beaux jours devant elle', pronostique Patrick Balkany." A condition de ne pas jouer avec le feu : "'Si elle est élue maire, se présenter à la présidentielle de 2017 serait une grave erreur', a confié l'ancien locataire de l'Elysée à un député filloniste", toujours selon Soazig Quéméner. Fidèle oui, rivale non. Pas à ce tour-là.

Jouer le coup d'après ?

Qu'elle joue la primaire 2016 ou les suivantes, la députée de l'Essonne s'est donné, avec la campagne parisienne, une forte visibilité. A l'aide, selon tous ses biographes, d'une pléthore de communicants, dont l'ancien directeur de l'information de France 2 Jean-Luc Mano.

Il y a néanmoins une faille dans le dispositif, soulignée par les journalistes Gaspard Dhellemmes et Olivier Faye dans leur livre NKM, la femme du premier rang : il lui reste à se construire une écurie. Qu'elle se présente à la primaire UMP pour 2017 - et elle n'en a jamais écarté la possibilité - ou qu'elle attende 2022, elle manque d'affidés.

"'Elle n'a pas d'écurie, c'est son principal problème. Je suis capable de vous citer dix noms de députés qui sont capables de se faire couper la tête pour Copé et Fillon, cinq pour Le Maire et Bertrand. Zéro pour Nathalie', assure un ancien ministre de Sarkozy" interrogé par les auteurs.

A 40 ans, ce n'est pas encore rédhibitoire pour NKM. Comme le souligne un de ses ex-conseillers, Jean-Marie Caillaud, dans le livre de Marion Mourgue, Nathalie Kosciusko-Morizet, l'Affranchie : "Si NKM est élue présidente de la République en 2022, elle a, en gros, l'âge de Giscard quand il accède à l'Elysée : en 2027, elle a à peu près celui de Nicolas Sarkozy, et en 2032, environ celui de Chirac. Donc elle a le temps."

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