Elections européennes 2024 : ce qu'il faut retenir du débat entre les huit principales têtes de liste

Article rédigé par franceinfo
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Les huit principales têtes de liste pour les élections européennes avant un débat sur France 2, le 4 juin 2024, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Les têtes de liste créditées de plus de 2% dans les sondages ont débattu mardi soir lors de la première partie de l'émission "L'Evénement", sur France 2.

Un dernier débat pour tenter de convaincre les Français. Les principales têtes de liste pour les élections européennes ont croisé le fer sur le plateau de "L'Evénement", sur France 2, mardi 4 juin. Manon Aubry (La France insoumise), Jordan Bardella (Rassemblement national), François-Xavier Bellamy (Les Républicains), Léon Deffontaines (Parti communiste français-Gauche unie), Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique), Valérie Hayer (Renaissance), Marion Maréchal (Reconquête) et Marie Toussaint (Les Ecologistes-EELV) ont débattu lors de la première partie de l'émission. Huit autres candidats leur ont succédé en seconde partie de soirée. Voici ce qu'il faut retenir des échanges entre les huit têtes de liste les mieux placées dans les sondages, lors de la première partie de "L'Evénement".

Sur les mesures pour "changer la vie des Français"

Après avoir chacun dévoilé une photo ou un graphique pour lancer le débat, les principales têtes de liste ont dû présenter "une mesure qu'ils défendraient au Parlement européen et qui changerait la vie des Français". Première interrogée, Manon Aubry a proposé de mettre en place "une directive cadre" pour généraliser "l'indexation des salaires sur l'inflation" partout au sein de l'UE, sur le modèle de la Belgique. "Les salaires ne suivent pas l'augmentation des prix", a insisté la tête de liste de LFI.

Jordan Bardella a lui aussi évoqué la question du "pouvoir d'achat", en disant vouloir "sortir des règles de tarification de l'énergie au niveau européen" afin de "faire baisser les factures".

De son côté, Marie Toussaint a dit souhaiter "baisser les prix sur ce qui est bon pour la santé et l'environnement", à travers une "TVA verte à 0%" sur des produits ou services comme "les couches produites en Europe" ou "la réparation de machines à laver".

Valérie Hayer a proposé de "mettre de l'énergie pour investir dans la recherche et le développement au niveau européen". Cela permettrait, selon elle, de travailler au développement d'un "vaccin contre le cancer" ou d'un "traitement contre Alzheimer".

Raphaël Glucksmann a appelé à un "plan Marshall pour le logement" permettant d'accélérer la construction de logements sociaux et la rénovation thermique. Il souhaite aussi mettre en place "un grand plan de lutte contre le sans-abrisme", en s'inspirant du modèle finlandais.

"L'Europe s'est enlisée dans la production de normes (...) qui rendent la vie impossible aux Français et aux Européens", a critiqué François-Xavier Bellamy, qui souhaite revenir à "de la liberté" dans ce domaine.

Léon Deffontaines a, lui, protesté contre les "règles d'austérité" de Bruxelles, appelant à "réinvestir massivement dans nos services publics".

Dénonçant ce qu'elle considère être "la menace de l'islamisation", Marion Maréchal a dit vouloir "faire interdire sur l'ensemble du continent" des mouvements radicaux comme celui des Frères musulmans.

Sur l'immigration 

Les candidats ont ensuite débattu des politiques migratoires et d'asile, et répondu à la question suivante : l'Union européenne est-elle le bon niveau pour répondre à ces sujets ? "L'UE considère l'immigration non pas comme un problème, mais comme un projet", a taclé Jordan Bardella, appelant à traiter les demandes d'asile "dans les ambassades et les consulats dans les pays de départ". Le candidat d'extrême droite a également défendu des "contrôles renforcés aux points de passage où il y a le plus d'entrées illégales".

"Quand on creuse [la proposition de Jordan Bardella], il y a du vide", a répliqué Marie Toussaint, ajoutant que "l'Europe s'est construite sur le projet de tourner le dos au fascisme, qu'on voit revenir de nos jours". L'écologiste a défendu des "voies sûres et légales pour ceux qui fuient la guerre et l'oppression", ainsi qu'une "solidarité entre les Etats membres" face aux arrivées migratoires. "Il faut un accueil digne", a poursuivi Manon Aubry, alertant sur le "cimetière à ciel ouvert" de la mer Méditerranée. "Il faut une coordination au niveau européen, et agir sur les causes des migrations", a-t-elle ajouté.

Raphaël Glucksmann a proposé de "développer les voies légales de migration qui permettent une arrivée sécurisée et maîtrisée de travailleurs" en Europe. Le candidat LR, François-Xavier Bellamy, a quant à lui plaidé pour "une coopération européenne pour protéger les frontières extérieures de l'Europe et garantir la souveraineté des Etats en matière de politique migratoire".

"En Europe, cela faisait des années qu'on essayait d'adopter des textes pour lutter contre l'immigration illégale. (...) Demain, on n'aura plus 27 procédures en matière d'asile, on aura une seule procédure harmonisée", a souligné la candidate du camp présidentiel, Valérie Hayer.

Sur la lutte contre le réchauffement climatique

Le deuxième sujet abordé lors du débat a été la lutte contre le changement climatique, et en particulier le pacte vert (Green Deal). "L'enjeu, c'est la mise en œuvre et le financement" de ce paquet de mesures, a affirmé Valérie Hayer. Pour aller plus loin, la tête de liste de Renaissance souhaite un "plan d'investissement de 1 000 milliards d'euros lors de la prochaine mandature", dans le but notamment de "financer le nucléaire".

Manon Aubry a elle aussi évoqué la question du financement de la lutte contre le réchauffement climatique. Elle souhaite ainsi mettre en place un "impôt sur la fortune européenne", permettant d'obtenir "200 milliards d'euros pour financer la transition écologique". "Le pacte vert, on l'a soutenu mais il lui fallait une jambe financière, et une jambe sociale", a déclaré Marie Toussaint. "Ceux qui disent qu'il faut le détricoter [après le mouvement de colère des agriculteurs], ce sont les hypocrites qui ont refusé de le financer et de financer l'accompagnement social", a affirmé la tête de liste écologiste.

"J'ai une solution très simple : tous ces financements que nous orientons vers l'éolien, que nous les réorientions vers le nucléaire", a déclaré Marion Maréchal, quand Léon Deffontaines a proposé d'investir dans "le mix énergétique nucléaire et renouvelable".

Pour Raphaël Glucksmann, il faut "mettre en place un protectionnisme écologique européen aux frontières", avec des "mesures miroirs pour ne plus laisser entrer les produits qui ne répondent pas aux normes européennes""Le vrai sujet, c'est de décarboner mais de laisser l'industrie libre de chercher les solutions", a jugé François-Xavier Bellamy.

Sur la guerre en Ukraine

Alors que Volodymyr Zelensky doit s'adresser aux députés français vendredi, les huit têtes de liste ont été interrogées sur l'invasion russe de l'Ukraine. "Ce que fait l'Ukraine aujourd'hui face à la Russie, en tenant le front depuis deux ans, la France serait incapable de le faire", a jugé Jordan Bardella, appelant à "permettre à la France de retrouver sa capacité de défense". Marion Maréchal a elle aussi appelé à investir dans la défense française, en augmentant le budget de l'Etat dans ce domaine.

Affirmant que "l'industrie française n'a pas été assez mobilisée" pour aider Kiev, François-Xavier Bellamy a estimé que "le grand défi, ce n'est pas seulement l'Ukraine, c'est notre sécurité". "Il ne faut pas une armée européenne, mais construire ensemble cette industrie de la défense", afin de permettre aux Etats membres d'être "plus autonomes" sur le plan militaire, a-t-il avancé.

Certains candidats ont évoqué la possibilité d'une utilisation des avoirs russes gelés par l'UE pour financer l'effort de guerre ukrainien. "Il faut saisir et affecter ces 206 milliards (...) à l'aide à l'Ukraine", a ainsi affirmé Raphaël Glucksmann. La candidate écologiste Marie Toussaint a martelé qu'il "faut cesser de financer la machine de guerre russe" à travers les importations "de gaz, d'engrais, d'uranium". Manon Aubry a également appelé à "arrêter les importations de GPL russe", mais aussi à "ouvrir des canaux diplomatiques" pour mettre fin au conflit.

De son côté, Léon Deffontaines a dit vouloir soutenir l'Ukraine mais sans "envoyer d'armes susceptibles de toucher des civils russes", une "ligne rouge" que son parti refuse de franchir pour "ne pas devenir cobelligérants." Le candidat du PCF s'est par ailleurs dit opposé à tout élargissement futur de l'UE à de nouveaux Etats, dont l'Ukraine.

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