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Elections législatives : percée de la Nupes, sondages en berne, dissidences... Quatre signes inquiétants pour la macronie avant le premier tour

La République en marche et ses alliés vont tenter de conserver la majorité absolue à l'Assemblée nationale, dans un scrutin qui s'annonce beaucoup plus serré qu'en 2017.

Article rédigé par franceinfo
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Une affiche d'un candidat de la majorité lors des élections législatives, le 30 mai 2022, dans les Côtes-d'Armor. (MARTIN BERTRAND / HANS LUCAS / AFP)

Pour Emmanuel Macron et ses soutiens, l'enjeu des élections législatives des 12 et 19 juin se résume à un danger : éviter "l'accident électoral", comme l'a formulé le patron des députés MoDem, Patrick Mignola, lundi 30 mai. Cela se traduirait, au soir du second tour, par la perte de la majorité absolue à l'Assemblée nationale, une perspective que les macronistes ont longtemps évacuée après la nette réélection du chef de l'Etat le 24 avril.

Semaine après semaine, dans une campagne atone, le spectre d'une contre-performance aux législatives a pris de l'ampleur au sein de la majorité présidentielle, au point de gêner les candidats sur le terrain. Si bien qu'à cinq jours du scrutin, confronté à la dynamique de la Nupes, à l'omniprésence de Jean-Luc Mélenchon ou encore aux dissidences, le camp d'Emmanuel Macron s'est mis à douter.

1La percée de la Nupes chez les Français de l'étranger

La majorité présidentielle connaît son principal adversaire lors des élections législatives : la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Pour preuve, cette nouvelle alliance de la gauche, du Parti socialiste au Parti communiste en passant par La France insoumise et Europe Ecologie-Les Verts, a assuré une première démonstration de force, dimanche 5 juin. Une semaine avant le premier tour des élections législatives, la Nupes a réussi à qualifier ses candidats dans dix des onze circonscriptions des Français de l'étranger. C'est deux fois plus que cinq ans auparavant, lorsque la gauche se présentait en ordre dispersé.

Même si les reports de voix semblent plus favorables à la majorité présidentielle pour remporter ces circonscriptions à l'issue du second tour, La République en marche devra affronter une opposition de gauche unie et ragaillardie, ce qui n'était pas le cas lors de l'élection présidentielle et des dernières législatives.

2L'omniprésence du premier opposant Mélenchon face au flottement de l'exécutif

"Jean-Luc Mélenchon Premier ministre." A travers toute la France, le visage du leader de La France insoumise sera visible sur les milliers d'affiches des candidats de la Nupes, collées sur les panneaux électoraux. En quelques semaines, Jean-Luc Mélenchon a réussi à imposer son statut de premier opposant... et de potentiel Premier ministre, sans même se soumettre personnellement aux votes des 12 et 19 juin prochains. "Médiatiquement et dans les sondages, le seul aujourd’hui qui existe, à part la majorité présidentielle, c’est Jean-Luc Mélenchon", a ainsi reconnu la députée LREM des Yvelines Aurore Bergé, sur France 2.

En occupant le terrain politique et médiatique, la Nupes tente d'imposer son projet de campagne, face à une majorité en plein flottement. Après la longue composition du gouvernement, l'exécutif n'a pas eu le temps de profiter d'une quelconque "période de grâce" : il a été rattrapé immédiatement par les accusations de viols contre le nouveau ministre des Solidarités, Damien Abad. Quelques jours plus tard, c'est la gestion chaotique de la finale de la Ligue des champions au Stade de France qui a alimenté les critiques envers le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

"Quand on distribue ses tracts sur un marché, aucun sujet parisien ne doit venir vous parasiter, résumait une figure de la campagne LREM début juin. Un candidat a besoin qu'on lui donne de l'énergie, pas qu'on lui en prenne." Or "avec l'image qu'a donné la France aux yeux du monde samedi dernier [le 28 mai, jour de la finale de la Ligue des champions], c'est le cas : les gens en parlent", constate cette source auprès de franceinfo. Face à ces difficultés et à quelques jours du premier tour, Emmanuel Macron a fini par entrer véritablement en campagne avec une interview à la presse régionale et des déplacements sur le terrain.

3Des sondages délicats pour LREM, avec une majorité absolue remise en question

La République en marche, avec ses alliés MoDem et Horizons, peut-elle perdre la majorité absolue le dimanche 19 juin ? Même s'ils ne traduisent que très partiellement la réalité des 577 élections locales, les sondages montrent un camp présidentiel au coude-à-coude avec la Nupes en nombre de voix, dans une configuration bien différente de 2017 et des élections législatives alors sans embûche pour Emmanuel Macron.

Surtout, les projections en sièges (qui sont toutefois à prendre avec beaucoup de prudence), montrent un déclin progressif du nombre de députés qu'obtiendrait la majorité sortante au soir du second tour. La semaine dernière, un sondage Elabe pour BFMTV et L'Express affichait pour la première fois une majorité incertaine pour les candidats favorables au gouvernement. Ils seraient ainsi entre 275 et 315 parlementaires Ensemble dans la nouvelle Assemblée nationale, alors que la majorité absolue est à 289 députés. Selon un récent sondage Ifop-Fiducial pour LCI, le bloc macroniste pourrait ne compter que 250 à 290 députés.

4Les nombreuses dissidences qui peuvent poser problème

En plus de ses adversaires de gauche, de droite ou d'extrême droite, la coalition Ensemble doit faire face à des dissidences dans certaines circonscriptions. Celles-ci sont susceptibles de fragiliser les candidats officiellement investis dans cette élection, en fragmentant l'électorat centriste. Dans la 9e circonscription des Français de l'étranger, l'ancienne ministre Elisabeth Moreno a par exemple dû affronter un candidat dissident, et se retrouve distancée de près de 12 points par son adversaire Nupes avant le second tour.

C'est aussi le cas de l'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls, candidat investi par Ensemble et éliminé au premier tour, alors que le dissident Stéphane Vojetta, critiqué par les cadres LREM, a finalement reçu le soutien de la direction du parti après sa qualification. Au total, 91 adhérents de La République en marche ont été exclus pour dissidence, fin mai.

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