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François Hollande et Martine Aubry sur la voie de la réconciliation ?

Martine Aubry finira-t-elle par se rallier à François Hollande dans la perspective de 2017 ? En tout cas, en coulisses, le président y travaille.

Article rédigé par Sophie Brunn
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
François Hollande et Martine Aubry à Lille, le 22 novembre 2014. (PHILIPPE WOJAZER / REUTERS / X00303)

Elle fait sa rentrée ce samedi 17 septembre : Martine Aubry prendra la parole au cours du meeting organisé à Lille par le Parti socialiste. Plusieurs ministres sont attendus : Najat Vallaud-Belkacem, Patrick Kanner ou Emmanuelle Cosse, ainsi que le premier secrétaire du PS. 

Tous écouteront très attentivement la maire de Lille, scrutant le moindre signe d'un soutien à François Hollande. Car depuis des mois, le président fait tout pour "pacifier" sa relation avec sa meilleure opposante.

Un deal donnant-donnant 

"Pacifier", "créer un climat de rassemblement maximum" : voilà comment, au PS, on appelle pudiquement le deal que François Hollande a tenté de conclure avec la maire de Lille. De façon plus prosaïque, cela ressemble plutôt à un échange de services version "passe-moi la salade, je t'envoie la rhubarbe" - l'expression chère à Nicolas Sarkozy. Dans le cas présent, sont en jeu des investitures parlementaires en échange du ralliement.

Dans l'espoir d'obtenir le soutien de Martine Aubry, François Hollande lui a offert sur un plateau un fief socialiste : la 1ère circonscription du Nord, l'une des meilleures du département. Celle occupée jadis par Pierre Mauroy et, jusqu'en juillet dernier, par Bernard Roman, hollandais de la première heure. Opportunément nommé par le président à la tête de l'Arafer (l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières, le gendarme du rail), Bernard Roman laisse sa place vacante. Un siège de député convoité non pas pour elle-même par Martine Aubry, mais pour l'un de ses fidèles : François Lamy, aujourd'hui député de l'Essonne, qu'elle souhaite voir lui succéder à la mairie de Lille en 2020.

Martine Aubry n'a pas le choix.

Un proche du Président

à franceinfo

"Elle estime qu'être parlementaire, c'est important dans la perspective de la bataille de Lille, explique un dirigeant du PS à franceinfo. Si ce point est réglé, cela crée un climat favorable" à un ralliement. Et pour vraiment "régler" ce "point", le ministre de la Ville, Patrick Kanner, pourtant l'ennemi juré de Martine Aubry dans le Nord, y a mis du sien. Il a renoncé à cette 1ère circonscription du Nord, pour laquelle il s'estime pourtant "le plus légitime". Il a annoncé fin août son "choix" d'être tête de liste aux sénatoriales de septembre 2017. La voix est donc dégagée pour François Lamy. Cela suffira-t-il à ramener Martine Aubry ? Un proche du président en est convaincu : "On a l'arme nucléaire : Patrick Kanner. S'il se présente dans la 1ère circonscription, face à François Lamy, il sera désigné par les militants. Donc elle n'a pas le choix."

"Vous croyez vraiment qu'on m'achète avec une place au théâtre Wagram?" 

Comme un premier symbole de ce ralliement, l'Elysée et le Parti socialiste ont savamment mis en scène le public venu écouter le président salle Wagram, le 8 septembre dernier. François Lamy a opportunément été placé au deuxième rang, juste derrière le gouvernement, bien en vue des photographes. "J'ai découvert cette place en y allant. Ca m'a fait sourire, confie le député à franceinfo. "Il y a manifestement une intention d'être gentil." Pour autant, il dément tout deal, presque menaçant : "Vous croyez vraiment qu'on m'achète avec une place au théâtre Wagram?" 

"Elle ne va pas, du jour au lendemain, dire : tout ce que François Hollande a fait, c'est bien. Mais on peut être en soutien critique... et dire moins de mal de François Hollande que jusqu'à présent."

Un soutien du Président

à franceinfo

Critique depuis le début du quinquennat, Martine Aubry a pris soin de concentrer ses flèches sur le gouvernement, en particulier Manuel Valls et Emmanuel Macron, tout en épargnant le président. En mai dernier, lorsque les frondeurs ont tenté de réunir les signatures nécessaires au dépôt d'une motion de censure, les aubrystes se sont pour une fois désolidarisés de leurs camarades hostiles à la ligne du gouvernement. La motion n'a pas pu être présentée.

Pas d'alternative à François Hollande

C'est l'argument que les proches du président répètent à l'envi. Martine Aubry n'aura pas d'autre choix que de soutenir son ancien rival de la primaire. "Elle soutiendra soit le Président, soit personne", estime un ministre. Montebourg ? Pas une option depuis qu'il a rallié Hollande entre les deux tours de la primaire de 2011. Hamon ? Pas la carrure d'un chef d'Etat. Valls ? C'est hors de question.

Pour autant, même les hollandais ne comptent pas sur un ralliement rapide, qui serait assez soudain : "Elle ne va pas, du jour au lendemain, dire : tout ce que François Hollande a fait, c'est bien. Mais on peut être en soutien critique... et dire moins de mal de François Hollande que jusqu'à présent", conclut un soutien du président.

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