Législatives 2024 : ce qu'il faut retenir de la journée du 19 juin

Pour convaincre les électeurs, candidats et représentants politiques de tous bords sont sur tous les fronts.
Article rédigé par franceinfo
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Une foule de journaliste entoure le président du Rassemblement national, en déplacement à Villepinte (Seine-Saint-Denis), le 19 juin 2024. (DANIEL DORKO / HANS LUCAS / AFP)

La distribution des plis électoraux n'a pas encore débuté, mais déjà, la campagne express des élections législatives bat son plein. La Poste commencera la distribution des quelque 47 millions de plis électoraux pour les législatives anticipées "de manière échelonnée, sur la semaine précédant le jour de vote", a-t-elle fait savoir mercredi 19 juin. Quant au ministère de l'Intérieur, il a déclaré qu'environ 553 000 procurations avaient déjà été enregistrées. Pour convaincre les électeurs d'ici le 30 juin, date du premier tour de ces élections anticipées, candidats et représentants politiques de tous bords mènent campagne sur tous les fronts. La preuve avec ce résumé de la journée.

Les candidats se heurtent à la question de l'antisémitisme 

Le message antisémite publié sur le réseau social X par Joseph Martin en 2018, désormais supprimé, est réapparu via une capture d'écran partagée par la secrétaire nationale des Ecologistes-EELV, Marine Tondelier. Dans la foulée de ces révélations, mercredi, le Rassemblement national a annoncé qu'il retirait son soutien à ce candidat aux législatives anticipées dans le Morbihan, investi par le parti. "Il est suspendu et sera convoqué en vue de son exclusion", a précisé le RN à l'AFP, en rappelant qu'il n'était pas possible de retirer sa candidature.

Quelques heures plus tard, c'est au tour d'Eric Ciotti de retirer son soutien à un autre candidat, représentant de l'alliance entre LR et le RN, accusé d'avoir publié sur X "des messages antisémites, homophobes et orduriers." Le président contesté du parti Les Républicains "et ses équipes condamnent sans réserve ces messages" écrits par Louis-Joseph Pecher (de son vrai nom Gannat), en campagne dans la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle, lesquels "ne correspondent en rien à nos valeurs", assure un  communiqué. "L'union des droites que nous appelons de nos vœux doit précisément faire barrage aux torrents de haine, d'antisémitisme et de violence portés par l'extrême gauche", poursuit le texte.  

Au lendemain de la mise en examen de deux mineurs de 13 ans pour viol en réunion, menaces de mort, injures et violences à caractère antisémite sur une jeune fille de 12 ans, à Courbevoie (Hauts-de-Seine), les accusations de complaisances vis-à-vis de l'antisémitisme reprennent une place sur le devant de la campagne des législatives. Après que l'ancienne candidate à l'élection présidentielle du Rassemblement national, Marine Le Pen, a pointé sur X "la stigmatisation des juifs depuis des mois par l’extrême gauche à travers l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien", le sénateur écologiste Yannick Jadot lui a répondu en début de soirée, sur le plateau de "L'Evènement" sur France 2. 

Déclarant à nouveau que le projet du Nouveau Front populaire, dont font partie les Ecologistes, les socialistes, les communistes, ainsi que La France insoumise, comprend "un grand plan interministériel contre l'antisémitisme", l'ancien eurodéputé a martelé la position commune et "sans ambiguïté" de l'alliance de gauche, renvoyant aux déclarations du Nouveau Front populaire sur la question de Gaza et celle "des attentats terroristes du 7 octobre." 

Jordan Bardella nuance certaines positions du RN et  présente le "second temps" 

A 11 jours des législatives, le président du RN, Jordan Bardella, a commencé la journée en visite au salon de défense Eurosatory, près de Paris. Gérald Darmanin vient alors d'annoncer son intention de "proposer au président de la République" la dissolution du GUD (Groupe union défense), un syndicat étudiant d'ultradroite connu pour ses actions violentes, très actif dans les années 1970 et récemment réactivé. "C'est un groupe très ami avec beaucoup de gens du Rassemblement national", a encore souligné le ministre de l'Intérieur. Interrogé sur le sujet, Jordan Bardella répond : "Si demain je suis à la tête du pays, je n'aurai aucune forme de tolérance à l'égard de ceux qui se livrent à de la violence dans notre pays", a-t-il lancé, annonçant qu'il dissoudrait "toutes les organisations d'ultragauche et d'ultradroite" s'il devait arriver au pouvoir, y compris le GUD.

Mais cette visite de campagne au salon Eurosatory donne surtout l'occasion d'évoquer la position du parti d'extrême droite en matière de politique étrangère : excluant de "remettre en cause les engagements" de la France à l'international en matière de défense, il réaffirme qu'il n'est plus question de "quitter le commandement intégré" de l'Otan, comme le proposait Marine Le Pen il y a deux ans, et ce tant que la guerre en Ukraine "est toujours en cours". Alors que son parti est fréquemment accusé par ses adversaires de tenir des positions pro-Kremlin, Jordan Bardella a confirmé son intention de maintenir le soutien militaire à Kiev, fixant la "ligne rouge" à l'envoi de "missiles longue portée". 

Avant l'international, Jordan Bardella avait temporisé la position du RN sur un autre terrain : le terrain économique, en demandant de l'envisager dans un "second temps" l'abrogation de la réforme des retraites d'Emmanuel Macron, et non dès l'arrivée du RN au pouvoir, en cas de victoire aux législatives.

Des précisions qui ont fourni des munitions au Premier ministre, Gabriel Attal. Invité du journal de 20 heures de TF1, il a attaqué le programme du Rassemblement national : "Chaque jour, il y a le programme qui se pèle et à la fin, il n'y a que ses yeux pour pleurer, parce que ce n'est pas sérieux, ce n'est pas crédible et que le Rassemblement national n'est pas un parti de gouvernement, c'est un parti d'opposition", a-t-il taclé.

La majorité présidentielle en campagne sur deux fronts, crée la polémique 

Les propos tenus mardi par Emmanuel Macron, qui accuse la  "gauche" de proposer "des choses complètement ubuesques comme aller changer de sexe en mairie", agitent encore la sphère politique mercredi matin"Le président de la République perd ses nerfs", a répliqué sur franceinfo mercredi matin  le patron du parti communiste, Fabien Roussel. "On attendait Jupiter, on a eu Néron", a taclé sur RTL le premier secrétaire des socialistes Olivier Faure. "Cet homme élu et réélu pour faire face à l'extrême droite enchaîne les reprises du discours de l'extrême droite", a-t-il accusé. Pour l'insoumis François Ruffin, le président "a choisi son camp, pour lui mieux vaut le national autoritaire que le Front populaire".

Car au sein de la majorité, une stratégie du "ni-ni" de plus en plus assumée en cas de duels entre les deux extrémités du spectre politique français. Alors que la Commission européenne ouvre une procédure pour déficit excessif contre la France (dont la dette atteint 110% du PIB), la majorité présidentielle saisit l'occasion de fustiger les programmes de ses adversaires qui, au RN comme à gauche, prévoient d'ouvrir le robinet des dépenses. "Là où les programmes des oppositions sont totalement à contretemps, c'est qu'au moment où il faut rétablir les finances publiques, l'extrême droite comme l'extrême gauche proposent d'augmenter les dépenses publiques", a ainsi déploré le ministre délégué chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave. Des deux côtés, "on a complètement oublié les finances publiques et qu'on fait promesses sur promesses dans un concours démagogique", a poursuivi le ministre, pour sa part candidat à sa réélection à l'Assemblée nationale. 

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