Législatives 2024 : quelles sont les propositions des principaux partis sur les retraites ?
Derrière les bras de fer, le débat des idées. Après une semaine de rebondissements et de confusion pour nouer dans l'urgence les alliances et désigner les candidats, la campagne éclair du premier tour des législatives du 30 juin a démarré officiellement lundi 17 juin sous haute tension.
Tous les candidats à l'un des 577 sièges de députés sont désormais enregistrés en préfecture et place, maintenant, aux programmes et propositions concrètes. C'est l'une des grandes thématiques de la campagne et un sujet de lutte dans la rue pour l'intersyndicale et des millions de Français pendant toute la première partie de l'année 2023, la retraite des Françaises et des Français. Décryptage des propositions des trois principales forces politiques du pays.
Le Nouveau Front populaire veut revenir sur la réforme du gouvernement
C'est l'une des priorités du programme du Nouveau Front populaire : abroger immédiatement les décrets d'application de la réforme des retraites adoptée en 2023 et revenir donc à un âge de départ minimal à 62 ans. La réforme, dont les premiers effets se font sentir depuis l'automne dernier, prévoit un recul progressif de cet âge d'un trimestre par an.
Il se situe donc actuellement à 62 ans et demi, pour les personnes nées en 1962, et doit monter jusqu'à 64 ans pour les personnes nées en 1968. Le Nouveau Front populaire réaffirme par ailleurs "l'objectif commun du droit à la retraite à 60 ans", sans davantage de précisions.
Le Rassemblement national veut, lui aussi, abroger la réforme
La question des retraites ne figure pas parmi les huit thématiques du parti pour les législatives. Mais Jordan Bardella, candidat à la fonction de Premier ministre, l'affirme dans les colonnes du Parisien, la question d'une abrogation de la réforme des retraites est programmée à l'automne. Le parti d'extrême droite renvoie surtout aux propositions passées de Marine Le Pen : une retraite à 60 ans pour les carrières longues, ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans, sous réserve d'un certain nombre de trimestres cotisés.
Sauf que ce dispositif semble très proche, en fait, de ce qui existe déjà aujourd'hui. Les salariés ayant commencé à travailler à 18 ans peuvent en effet partir à la retraite à 60 ans s'ils ont cotisé au moins 171 ou 172 trimestres selon leur année de naissance.
Ensemble ! ne touchera pas à la réforme de 2023
Sans surprise, le parti de la majorité présidentielle assume la réforme appliquée l'an dernier, au nom des réalités budgétaires et de l'évolution démographique. Alors même que le dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR), publié la semaine dernière, prévoit un déficit de près de 6 milliards d'euros cette année pour les caisses de retraite, et de l'ordre de 0,4% du PIB en 2030, soit sans doute autour d'une douzaine de milliards.
La majorité présidentielle fustige d'ailleurs les programmes du Nouveau Front populaire et du RN, dont elle chiffre le coût jusqu'à 53 milliards d'euros par an en cas de retour de la retraite à 60 ans.
Le flou sur les durées de cotisation
Au-delà de l'âge de départ, les différents partis ne se prononcent pas sur les durées de cotisation pour avoir droit à une retraite à taux plein, et c'est bien là toute l'ambiguïté. L'abrogation de la réforme Macron ne signifie pas explicitement celle de la précédente réforme "dite Touraine". Cette dernière prévoyait d'allonger progressivement la durée de cotisations minimale jusqu'à 43 ans pour tous les Français nés à partir de 1973, repoussant de facto l'âge de départ, sauf à subir une décote sur le montant de sa pension.
Sachant que depuis, cette fois, la réforme Fillon de 2008, l'âge effectif moyen de départ a déjà augmenté de plus de deux ans. Il dépassait les 62 ans et demi, avant la réforme Macron.
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