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Résultats des législatives 2022 : les enseignements du premier tour

Deux forces politiques au coude-à-coude, un Rassemblement national en progression et un maintien fragile de la droite républicaine dans l'hémicycle... Dans un contexte d'abstention record, voici les enseignements que l'on peut tirer de ce premier tour, dimanche. 

Article rédigé par franceinfo
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Des électeurs dans un bureau de vote du 11e arrondissement de Paris, lors du premier tour des élections législatives, le12 juin 2022.  (SOPHIE LIBERMANN / HANS LUCAS / AFP)

Un match serré à l'issue d'une campagne atone. La Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) talonne la majorité présidentielle, Ensemble !, au premier tour des élections législatives, dimanche 12 juin, selon le ministère de l'Intérieur. Si les projections en nombre de sièges à l'Assemblée nationale ne permettent pas à l'alliance de gauche de s'imposer face à la coalition d'Emmanuel Macron, cette dernière n'est pas assuré non plus de disposer de la majorité absolue. 

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Une abstention record 

Au niveau national, l'abstention s'établit à 52,49% au premier tour des élections législatives, selon le ministère de l'Intérieur. Il s'agit d'un nouveau record, cinq ans après les élections de 2017, où 51,3% des électeurs bouder les urnes. 

Le chiffre de ce dimanche confirme ainsi une tendance déjà largement esquissée depuis le début de la Ve République, en 1958, celle d'une abstention croissante aux législatives. Lors du premier tour de l'élection présidentielle d'avril dernier, 26,31% des électeurs avaient décidé de ne pas se déplacer. 

La Nupes et la majorité présidentielle au coude-à-coude

La nouvelle union de la gauche inaugurée à l'occasion de ces élections législatives, la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale), arrive au coude-à-coude avec la coalition présidentielle qui avait redistribué les cartes dans l'hémicycle en 2017. La coalition, qui rassemble des LFI, PCF, PS et EELV, et Ensemble !, qui réunit LREM/Renaissance !, MoDem et Horizons, sont à quasi égalité, respectivement à 25,66% et 25,75% des voix, selon le ministère de l'Intérieur.

Pour Jean-Luc Mélenchon, ces résultats constituent un camouflet pour le gouvernement. Le parti présidentiel est "battu, défait", a-t-il estimé lors de son allocution.

La majorité absolue loin d'être acquise pour Renaissance !

Bien qu'à prendre avec prudence, les projections en sièges sont toutefois favorables à la majorité présidentielle. Selon nos estimations, Ensemble ! est en position d'obtenir à l'issue du second tour entre 255 et 295 sièges, contre entre 150 et 190 sièges pour la Nupes. Or, il faut 289 députés pour obtenir la majorité absolue dans l'hémicycle.

Pourquoi une telle différence dans les projections en sièges entre les deux partis à égalité ? Cela s'explique par le fonctionnement même des élections législatives, qui se déroulent au scrutin majoritaire à deux tours, et par la répartition de l'électorat de la gauche sur le territoire (moins homogène que celui de Renaissance !). Or, pour gagner des sièges aux législatives, il est plus efficace d'obtenir des résultats équilibrés dans la plupart des circonscriptions. "Nous avons réalisé un score historique" grâce à la "bannière commune" de la Nupes, s'est tout de même félicité le chef d'EELV, Julien Bayou. "Nous avons déjoué les pronostics, l'enjeu est maintenant de déjouer les projections" de second tour, a ajouté l'écologiste. 

Selon les projections, la coalition de gauche aura toutefois un nombre de sièges bien plus important que ce dont disposaient les groupes parlementaires LFI, PS, PC et EELV (une cinquantaine de députés à eux quatre lors de la précédente législature). Face au poids que pourrait prendre la Nupes à l'Assemblée nationale, la Première ministre a aussitôt réagi : "Nous ne pouvons pas prendre le risque de l'instabilité", a déclaré Elisabeth Borne.

Le RN peut croire en son groupe à l'Assemblée nationale

Avec 18,68% des voix au premier tour, le Rassemblement national arrive troisième et se voit quasiment assuré de pouvoir constituer un groupe à l'Assemblée nationale à l'issue du second tour. Les projections estiment que le parti d'extrême droite pourrait obtenir entre 20 et 45 sièges à l'issue du deuxième tour. C'est moins que ce que le parti espérait (plusieurs ténors du RN avaient expliqué viser plus d'une centaine de députés) mais beaucoup plus qu'en 2017 où, avec un peu plus de 13% des suffrages, le parti avait obtenu huit députés. 

Après avoir engrangé 41,45% des voix au deuxième tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen a obtenu 53,96% des voix lors du premier tour des législatives dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais. Elle devra toutefois participer au second tour, car elle n'obtient que 22,53% des inscrits (il en faut 25%).

La droite républicaine résiste, mais recule 

Après la claque du premier tour de l'élection présidentielle, où la candidate Valérie Pécresse avait obtenu moins de 5% des voix, le bloc de droite se classe en quatrième position et récolte 13,6% des voix. En 2017, le bloc de droite était parvenu à réunir 21,5% des voix

Les projections réalisées par Ipsos-Sopra Steria pour le second tour tablent sur un groupe compris entre 50 et 80 députés pour Les Républicains, l'Union des démocrates et indépendants (UDI) et les candidats classés divers droite, contre 92 parlementaires LR et huit apparentés lors de la précédente législature. 

Douche froide côté Reconquête !, Eric Zemmour éliminé 

Au premier tour de l'élection présidentielle, le nouveau parti d'extrême droite avait enregistré 7,07% des voix. En totalisant, dimanche soir, 4,24% des suffrages, le parti d'Eric Zemmour n'est pas assuré d'être représenté à l'Assemblée nationale. Quant au polémiste, il est éliminé au premier tour dans la 4e circonscription du Var. Stanislas Rigault, président de Génération Z, et Guillaume Peltier ne sont pas parvenus non plus à se qualifier. 

Plusieurs ministres en tête au premier tour

S'ils échouent, ils devront quitter leur ministère. En comptant la Première ministre, Elisabeth Borne, 15 membres du gouvernement sont en lice pour ces législatives. En tête dans la 6e circonscription du Calvados (avec 34,32% des voix), la cheffe du gouvernement se présentera au second tour en position de force face à son concurrent de la Nupes, Noé Gauchard (24,53%). Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, la secrétaire d'Etat à la Mer, Justine Benin, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, le ministre des Solidarités, Damien Abad, le ministre délégué, chargé du Commerce extérieur et de l'Attractivité, Franck Riester, et le ministre délégué des Comptes publics, Gabriel Attal, partent également favoris pour le second tour. 

La ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Amélie de Montchalin, arrive quant à elle en deuxième position dans la sixième circonscription de l'Essonne, mais à plus de six points de son adversaire de la Nupes, Jérôme Guedj. 

Pour l'ancien ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, c'est en revanche un parachutage raté. Il a été éliminé au premier tour dans la 4e circonscription du Loiret. 

En attendant le second tour, des consignes de vote (ou pas)

La République en marche ne donnera pas de consigne nationale. Elle s'exprimera "au cas par cas" dans les circonscriptions où s'opposeront des candidats du Rassemblement national et de la Nupes."C'est le front républicain contre les extrêmes", a expliqué le parti présidentiel, faisant valoir que "certains candidats de la Nupes sont extrêmes : ce sera en fonction de la personnalité de la Nupes qui est qualifiée, notamment si c'est quelqu'un qui a les valeurs de la République". "Mais nous ne soutiendrons aucun candidat RN", a ajouté LREM.

"Chacun appréciera dans sa circonscription quel est son devoir", a pour sa part déclaré le leader de la Nupes, Jean-Luc Mélenchon. "Nous n'avons aucun doute sur l'intelligence de notre peuple, ni aucune réserve à l'égard de la décision que, pour finir, il prendra quant à la composition de l'Assemblée nationale", a-t-il déclaré, demandant aux électeurs de "déferler" dans les urnes. "A ceux avec qui nous nous sommes affrontés au premier tour de regarder ce deuxième tour, non seulement sous l'angle des projets, non seulement sous l'angle des étiquettes, mais sous celui de l'intérêt général de la patrie et de son peuple", a-t-il ajouté.   

Marine Le Pen n'a pas donné non plus de consigne de vote dans les circonscriptions dans lesquelles le Rassemblement national ne figure pas au second tour. En cas de duel entre la Nupes et la majorité présidentielle, elle "invite les électeurs à ne pas choisir entre les destructeurs d'en haut et les destructeurs d'en bas." 

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