Présidentielle : le monde de la culture inquiet d'une victoire de Marine Le Pen, mais peu mobilisé pour lui faire barrage
Il y a cinq ans, plusieurs organisations culturelles avaient appelé d'une même voix à voter Emmanuel Macron pour empêcher Marine Le Pen d'accéder au pouvoir. Cinq ans plus tard et après une crise Covid qui a les a affaiblis, les artistes sont politiquement divisés.
Dans l'entre deux tours, lors de la présidentielle de 2017, plusieurs organisations culturelles s'étaient rassemblées à la Cité de la musique à Paris pour défendre "la culture contre le Front national". Le parti d'extrême droite – rebaptisé Rassemblement national en 2018 – avait déjà pour candidate Marine Le Pen. À l'initiative de cette mobilisation, il y a cinq ans, on retrouvait notamment la Réunion des Opéras de France mais aussi des syndicats comme la CGT Spectacle. Mais après avoir été considéré comme "non essentiel" pendant la crise du Covid-19, le monde culturel est loin d'être unanime, cette fois-ci, pour appeler à voter Emmanuel Macron.
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Pour Denis Gravouil, le secrétaire général de cette branche syndicale, le scrutin de 2022 n'est pas moins préoccupant : "On est très inquiets du deuxième tour. D'abord par la présence de l'extrême droite une nouvelle fois."
"L'extrême droite, au-delà du fait qu'il y a toujours un fond raciste, xénophobe, est très anti-culture, par exemple sur l'audiovisuel public. C'est une catastrophe."
Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacleà franceinfo
"Mais en même temps, nuance le syndicaliste, le face-à-face entre Le Pen et Macron, qui s'est illustré par des attaques contre la protection sociale et contre les services publics, nous inquiète. On ne se retrouve pas du tout dans ce deuxième tour."
"Dépassons les images de petits chats"
Laurent Decès, président du Syndicat des Musiques Actuelles (SMA) et directeur de la salle de concert Petit Bain à Paris, juge difficile de se mobiliser alors que la culture est presque totalement absente des débats : "Ce qu'on observe, c'est qu'il y a une forme d'apathie, sans doute moins de mobilisation qu'il y a cinq ans. Certainement aussi parce qu'on sort d'une période compliquée avec cette crise Covid qui a mis les professionnels dans une situation de vulnérabilité assez forte."
"On est, il faut bien le dire, relativement pessimiste quant au fait que, malheureusement, il soit accordé une importance suffisante au sujet de la culture et des musiques actuelles."
Laurent Decès, président du SMAà franceinfo
Le directeur du festival d'Avignon, Olivier Py, appelle, lui, à faire barrage au Rassemblement national avec la même force qu'il y a cinq ans : "Peut-être que les gens de la culture ont un porte-voix quelquefois un petit peu plus grand que les autres. Peut-être qu'ils sont aussi quelquefois très nombrilistes et très narcissiques. Mais nous avons tous, en tant que citoyens, un rôle à jouer. Donc, lisons le programme de Marine Le Pen, dépassons les images de petits chats gentils et comprenons quel est le véritable danger pour le projet de la France."
Marine Le Pen est d'ailleurs en déplacement à Avignon ce jeudi. Aucune rencontre avec Olivier Py n'a été prévue.
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