Procès du drame de la rue d'Aubagne : six ans après l'effondrement, l'habitat insalubre perdure à Marseille
Elisabeth La Rocca n'était jamais revenue dans la rue d'Aubagne, à Marseille. La jeune femme habitait pourtant juste en face des deux immeubles qui se sont effondrés le 5 novembre 2018. Les victimes étaient ses voisins, qu'elle saluait tous les jours depuis ses fenêtres. "J'étais dans ma chambre, j'ai entendu une sorte de gros tonnerre très proche", se souvient Elisabeth, qui évoque "plein de cailloux, de briques".
Au total, huit personnes sont mortes ce jour-là, ensevelies sous les décombres. Attendu par toute une ville depuis six ans, le procès s'ouvre jeudi 7 novembre et se tiendra durant six semaines dans la salle des procès "hors norme" du tribunal judiciaire de Marseille, qui peut accueillir 400 personnes. Seize prévenus comparaissent, dont plusieurs copropriétaires, leur syndic, un expert, un ancien adjoint au maire, alors chargé de lutter contre "l'habitat dégradé et indigne", et Marseille Habitat, le bailleur social de la ville.
Encore 40 000 taudis à Marseille
Ce drame, survenu dans un quartier populaire de la cité phocéenne, a provoqué la colère des habitants et révélé au grand jour l'ampleur de l'habitat insalubre dans la deuxième ville de France.
Six ans plus tard, le quartier a-t-il changé ? Kaouther Ben Mohamed, fondatrice de l'association Marseille en colère, traque les marchands de sommeil. Début octobre, un bâtiment de la rue est frappé d'un arrêté de péril depuis décembre 2023. Seul un appartement est visé et a été évacué. Mais, selon elle, tout l'immeuble est dangereux. Depuis 2020, la municipalité a consacré 12 millions d'euros pour des travaux d'urgence, contre 168 000 euros en 2018. Selon les associations, il reste 40 000 taudis à Marseille.
Regardez l'intégralité du reportage dans la vidéo ci-dessus
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.