Les quatre familles d'opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes
Au-delà de leur refus commun de voir se construire cette infrastructure près de Nantes, les "anti" ont des idées et des modes d'action différents.
NOTRE-DAME-DES-LANDES - Une "importante opération" : 500 gendarmes sont intervenus vendredi 23 novembre pour déloger du site de construction les opposants au projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, à 30 km de Nantes. "Cette opération consist[ait] à empêcher la reconstitution d'un camp retranché", a expliqué le préfet de Loire-Atlantique. Environ 500 militants ont été encerclés à l'aube. L'occasion de revenir sur le profil des opposants et leurs modalités d'action.
1Les figures historiques
L'une des principales organisations de lutte contre le projet, l'Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d'aéroport (Acipa) est aussi l'une des plus anciennes. Composée de riverains du bocage nantais, où doit être construit l'aéroport, l'association a été créée en novembre 2000. "Les gens du terroir ont lutté depuis le début", indique France 3 Nantes.
Parmi ses membres, Michel Tarin, 65 ans. Il est l'un des premiers à s'être mobilisé activement contre la construction de l'aéroport, évoqué une première fois en 1963, puis mentionné dans les plans d’urbanisme en 1974. La contestation était une évidence pour cet agriculteur : il a, à son actif, quarante années de luttes paysannes dans le Pays nantais, selon Ouest-France. Dans les années 1970, il a également participé au mouvement de défense du site du Larzac contre le projet d'extension d'un camp militaire.
Comment agissent-il ? Michel Tarin a fait parler de lui en observant une grève de la faim pendant 28 jours au printemps. Cinq autres jeûneurs l'ont rejoint. Ils ont cessé leur grève le 8 mai après la proposition des collectivités locales qu'il y ait une suspension des expulsions des propriétaires et des exploitants jusqu'à la fin des recours en justice. Finalement, les expulsions ont commencé le 9 octobre. Mais Michel Tarin continue son combat : "Plus optimiste que jamais dans l'issue, il a animé 130 soirées [contre l'aéroport] ces deux dernières années", d'après Ouest-France.
2Les représentants de la société civile
De nombreux représentants de la société civile, entrepreneurs du bâtiment, agriculteurs d'autres cantons du département, simples citoyens qui se sentent concernés... sont venus prêter main forte à la contestation, qui a pris une dimension nationale avec l'arrivée de Jean-Marc Ayrault à Matignon, en mai. Maire de Nantes de 1989 à 2012, le Premier ministre est un fervent promoteur du projet.
Comment agissent-ils ? Manifester reste leur premier mode de contestation. La première mobilisation a eu lieu le 9 décembre 2001, rappelle France 3 Nantes. Environ 500 personnes s'étaient alors retrouvées, bien loin des 13 000 à 40 000, selon les sources, qui sont descendues dans la rue contre le projet samedi 17 novembre. Des personnes de toutes les corporations étaient présentes à cette dernière manifestation, selon France 3, pour qui la mobilisation de la société civile est récente.
D'autres représentants de la société civile ont choisi d'occuper le site prévu pour la construction de l'aéroport. Leur évacuation a été lancée par les forces de l'ordre à la mi-octobre. Mais lors d'une opération "réoccupation", près d'une dizaine de maisons en dur, ainsi que plusieurs dizaines de cabanes, au sol ou dans les arbres, ont été reconstruites.
3Les élus écologistes
Les élus du parti Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV) sont entrés en scène en 2003. Ils ont publié une tribune dans laquelle ils expliquent pourquoi ils sont contre la construction de l'infrastructure. Depuis, ils ont continué de s'exprimer sur le sujet. Vendredi matin, l'eurodéputé écologiste José Bové a appelé à "la mobilisation" face à l'intervention des forces de l'ordre, réclamant à l'Etat la mise en place d'une médiation.
Comment agissent-ils ? Fin août 2010, à l'occasion des Journées d'été des Verts à Nantes, ils avaient organisé un pique-nique et planté symboliquement un arbre pour protester contre le projet. Ils manifestent aussi. Samedi 17 novembre, José Bové a défilé aux côtés du coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, et d'Olivier Besancenot, l'ancien porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste. Et ils exigent toujours auprès du gouvernement que le projet soit abandonné.
4Les activistes proches des mouvances anticapitalistes
Il s'agit des "squatteurs" de Notre-Dame-des-Landes. Ils sont arrivés progressivement, précise France 3 Nantes. "Ils viennent de toute la France, parfois d'autres pays. Tous jeunes, pourfendeurs du 'système', venus vivre autre chose et participer. Ils occupent des maisons abandonnées, vivent de la vente des légumes qu'ils cultivent, des œufs de leurs poules. Certains sont diplômés en informatique, en géologie, en histoire. Ils ont accumulé les contrats précaires, ont rompu les amarres", expliquait Le Monde (réservé aux abonnés) en octobre 2011. D'autres qui occupent aussi le terrain se disent anarchistes et semblent vouloir surtout en découdre.
Comment agissent-ils ? D'arrestations musclées en échauffourées entre militants et forces de l'ordre, le bras de fer est de plus en plus spectaculaire. Vendredi à la mi-journée, après l'opération des gendarmes, plusieurs dizaines d'opposants ont surgi des bois jouxtant les constructions en jetant des bouteilles en verre et des cailloux. Tandis que CRS et gendarmes répliquaient avec des grenades et des bombes lacrymogènes.
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