Conflit au Proche-Orient : après des mois de tensions, pourquoi l'armée israélienne envisage-t-elle une offensive au Liban ?

Les affrontements se sont intensifiés ces derniers jours autour de la frontière qui sépare les deux pays, sur fond de guerre dans la bande de Gaza.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Un bombardement de l'armée israélienne sur le village de Khiam (sud du Liban), le 8 juin 2024. (RABIH DAHER / AFP)

Une "guerre totale". C'est la menace que fait planer Israël sur le Liban, promettant d'éliminer le mouvement islamiste Hezbollah après plus de huit mois de violences de part et d'autre de la frontière. "Nous sommes très proches du moment où nous déciderons de changer les règles du jeu contre le Hezbollah et le Liban", a prévenu mardi 18 juin le ministre des Affaires étrangères israélien, Israël Katz. "Dans une guerre totale, le Hezbollah sera détruit et le Liban sera touché durement", a-t-il ajouté.

Tout-puissant dans le sud du Liban, le Hezbollah a multiplié les tirs de roquettes sur Israël depuis l'éclatement de la guerre dans la bande de Gaza en octobre 2023. Une façon de soutenir le groupe islamiste palestinien Hamas, son allié dans l'enclave. En réaction, l'armée israélienne a bombardé de nombreuses localités au Liban, allant même jusqu'à frapper Beyrouth, sa capitale. Après l'annonce faite par l'armée israélienne mardi, ces bombardements pourraient bientôt s'accompagner de combats au sol. Franceinfo revient sur l'escalade des tensions dans cette région disputée.

Le Hezbollah en ordre de bataille depuis le début de la guerre à Gaza

Dès le lendemain des attaques du Hamas contre Israël, perpétrées le 7 octobre, "le Hezbollah a tiré des roquettes sur le territoire de l'Etat hébreu en solidarité avec le mouvement palestinien", a rappelé l'historienne Jihane Sfeir dans The Conversation. L'organisation libanaise a surtout visé des localités du district nord d'Israël. Aux roquettes, se sont progressivement ajoutés des tirs de missiles anti-chars et de drones kamikazes.

Une voiture détruite à Kiryat Shmona (nord d'Israël) par une roquette tirée depuis le Liban, le 3 novembre 2023. (JALAA MAREY / AFP)

Face à ces attaques répétées, les sirènes d'alerte sonnent presque quotidiennement dans le nord d'Israël. Selon le journal Haaretz, environ 80 000 habitants ont été forcés d'évacuer la zone frontalière avec le Liban, qui ressemble désormais à un no man's land. L'exode des civils a aussi lieu côté libanais, comme dans la ville de Tyr, qui continue à se vider.

Selon un décompte publié par l'armée israélienne début avril, plus de 3 000 roquettes avaient été tirées sur Israël depuis le Liban en l'espace de six mois. De son côté, le Hezbollah revendique quelque 2 100 opérations militaires de tout type contre Israël depuis le 7 octobre. Que ce soit en Israël ou au Liban, les explosions ont récemment provoqué d'importants incendies de végétation, attisés par les fortes chaleurs.

Les violences ont déjà fait une vingtaine de morts côté israélien et plus de 470 victimes au Liban

Au moins 11 civils et 15 soldats israéliens sont morts dans le nord du pays depuis le début de ces affrontements avec le Hezbollah, d'après un décompte de l'AFP. Dernière victime en date, a rapporté Libération : le réserviste Refael Kauders a été tué près de la frontière israélo-libanaise lors d'une probable attaque de drone du Hezbollah. Avant lui, Sharif Sawaed, un technicien travaillant pour l'armée israélienne, avait été tué dans la zone de Har Dov le 25 avril par un tir de missile antichar.

Souvent lancés en réponse à ces attaques, ou lors du repérage de cadres du Hezbollah, les raids aériens de l'armée israélienne ont conduit à la mort de plus de 380 combattants affiliés au mouvement islamiste, toujours selon le décompte de l'AFP. Tsahal a aussi éliminé l'ex-numéro 2 du Hamas, Saleh al-Arouri, lors d'une frappe menée dans la banlieue de Beyrouth le 2 janvier.

Des habitants de Kfar Hamam (sud du Liban) inspectent un bâtiment détruit par une frappe de l'armée israélienne, le 8 mai 2024. (RAMIZ DALLAH / ANADOLU / AFP)

Ces bombardements israéliens n'ont pas épargné la population libanaise, comme lorsque sept membres d'une même famille ont perdu la vie à Nabatiyé, dans le sud du pays, après une attaque de drone visant des membres du Hezbollah dans leur immeuble. Au total, 92 civils ont été tués au Liban lors d'opérations militaires lancées par l'Etat hébreu.

Le nombre de roquettes tirées par le Hezbollah a bondi en l'espace d'une semaine

Les affrontements entre le mouvement islamiste et l'armée israélienne ont pris une nouvelle tournure la semaine du 10 juin, après l'assassinat de Taleb Sami Abdallah, haut commandant militaire du Hezbollah, tué le 11 juin lors d'une frappe ciblée d'Israël. Afin de venger sa mort, le Hezbollah a lancé le 13 juin ses plus grandes attaques simultanées de roquettes et de drones contre des positions de l'armée israélienne. Au total, plus de 200 "projectiles" tirés du Liban ont franchi la frontière avec Israël, selon les comptes-rendus du jour de Tsahal sur Telegram.

Un incendie causé par un tir de roquette depuis le Liban sur le plateau du Golan (Israël), le 13 juin 2024. (MOSTAFA ALKHAROUF / ANADOLU)

Depuis cet important tir de barrage, les raids aériens se sont intensifiés dans le sud du Liban, visant des "structures terroristes" et des "zones de lancement de drones" du Hezbollah, d'après l'armée israélienne, qui laisse planer le doute concernant une possible opération terrestre. "Les plans opérationnels pour une offensive au Liban ont été approuvés et validés, et des décisions ont été prises concernant (...) la préparation des troupes sur le terrain", a fait savoir l'armée israélienne mardi soir.

La dernière incursion militaire israélienne au Liban remonte à l'été 2006, durant la "Guerre des 33 jours", lors de laquelle les forces de l'armée israélienne avaient notamment pris d'assaut les villes de Bint-Jbeil ou Baalbek. Le conflit avait fait près de 1 400 morts, dont 1 200 côté libanais (en majorité des civils), selon le Comité international de la Croix-Rouge.

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