On vous explique la (nouvelle) polémique qui vise Rima Hassan, accusée d'avoir soutenu le Hamas lors d'un rassemblement en Jordanie

L'eurodéputée de La France insoumise dénonce une "fake news". S'il y avait bien des pancartes pro-Hamas lors d'une manifestation à Amman vendredi, elle assure que l'objectif de départ du rassemblement était de soutenir la population gazaouie.
Article rédigé par franceinfo
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Rima Hassan, eurodéputée LFI et juriste franco-palestinienne, lors d'un rassemblement de soutien au Nouveau Front populaire, le 30 juin 2024, place de la République à Paris. (VIRGINIE HAFFNER / HANS LUCAS)

Rima Hassan, juriste franco-palestinienne et eurodéputée LFI, régulièrement ciblée ces derniers mois, est de nouveau au centre d'une polémique pour son engagement en faveur de la Palestine. L'hebdomadaire Le Point a publié, vendredi 16 août, un article au titre sans équivoque : "Rima Hassan s'affiche pro-Hamas sans réserve en Jordanie", en référence à une story Instagram qu'elle avait publiée la veille. "Dans la manifestation qu'elle met en avant ce jour-là, de nombreuses pancartes brandies par la foule rendent hommage à Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas [tué le 31 juillet en Iran]", pointe l'article.

Le chef politique du mouvement islamiste palestinien a été tué à Téhéran fin juillet dans une frappe imputée à Israël. Le Point évoque aussi des slogans scandés dans une vidéo Instagram postée par le journaliste et militant Taha Bouhafs, également présent ce jour-là à Amman, la capitale jordanienne : "Les manifestants scandent 'Labaika y a Aqsa', ce qui veut dire : 'On arrive, ô Aqsa' (...) Les deux Français ont participé à un rassemblement d'extrémistes", tranche l'hebdomadaire, estimant que Rima Hassan, arabophone, a compris ce contexte.

"C'est profondément malhonnête"

Dès dimanche, la députée Renaissance Caroline Yadan a exprimé sur X sa volonté de faire un signalement au procureur de la République pour "provocation à la haine raciale et apologie du terrorisme" ainsi qu'une "demande de levée de l'immunité et de sanctions (...) auprès du Parlement européen". L'ex-député apparenté LR Meyer Habib, proche du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, lui a emboîté le pas, annonçant mardi sur X avoir saisi le procureur, en raison de la participation de Rima Hassan "à une manifestation explicitement de soutien au mouvement terroriste Hamas".

"Fake news, je n'ai pas participé à un hommage à des dirigeants du Hamas", s'est défendue Rima Hassan mardi sur X. "Utiliser de façon grossière des photos de quelques manifestants qui affichaient leur soutien au Hamas en me les imputant, c'est profondément malhonnête", s'est-elle indignée, dénonçant "un acharnement médiatique".

"Je ne suis pas responsable de qui participe à la manif."

Rima Hassan, eurodéputée LFI

sur le réseau social X

La militante franco-palestinienne, en déplacement en Jordanie, a rappelé le contexte du rassemblement : "Depuis octobre [début de la guerre entre Israël et le Hamas], tous les vendredis, se tient une manifestation en soutien à Gaza parce que c'est le jour de repos", a-t-elle expliqué, précisant que ce n'était "pas la première manif du vendredi" à laquelle elle participe. "Je vivais à Amman avant les élections [européennes] pour mon projet d'écriture et de photos sur les camps [de réfugiés palestiniens]."

Une marche pro-Gaza tous les vendredis

Un journaliste d'une agence de presse jordanienne a confimé au Parisien que "des manifestations 'de solidarité' avec les Palestiniens s'étaient tenues presque tous les vendredis à Amman depuis le début de la guerre à Gaza". En effet, ces manifestations sont fréquentes dans ce pays voisin d'Israël qui accueille le plus de réfugiés gazaouis dans la région : 2,4 millions au total selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNWRA). Les Palestiniens forment d'ailleurs 60 à 75% de la population jordanienne (qu'ils aient la citoyenneté ou non), selon une publication de Roger Heacock, professeur d'histoire à l'université de Birzeit, en Cisjordanie. Ce qui explique les mobilisations massives pro-Gaza.

"Cette marche a lieu tous les vendredis depuis le 7 octobre en soutien à Gaza, près de la mosquée du centre-ville", confirme Taha Bouhafs à franceinfo. "Nous avons participé à la marche pour témoigner de notre solidarité envers Gaza, et parce que nous nous sentions impuissants face à ce qui se passe, précise le militant. Nous avions participé spontanément, sans répondre à un appel particulier et sans avoir eu connaissance des organisateurs. Nous sommes partis au bout de dix minutes".

"La manifestation rassemblait des gens de toutes les sensibilités, même des gens avec qui nous n'étions pas en accord. Cette polémique, c'est de l'instrumentalisation."

Taha Bouhafs, journaliste et militant

à franceinfo

D'autres manifestants ont effectivement bien brandi des portraits de l'ex-chef politique du Hamas, ce que franceinfo a pu constater sur la vidéo partagée par Taha Bouhafs. Contactée, Rima Hassan n'a pour sa part pas répondu à nos sollicitations.

De multiples déclarations controversées

Fin avril, l'eurodéputée LFI avait été convoquée pour "apologie du terrorisme" par la police judiciaire, à cause d'une interview au média en ligne Le Crayon, supprimée depuis. Dans un extrait tronqué, on peut voir la juriste répondre "vrai" à l'affirmation "le Hamas mène une action légitime". Autre déclaration ayant déclenché une polémique : Rima Hassan avait écrit "From the river to the sea. On veut libérer tous les Palestiniens", le 5 novembre sur X. Une expression associée par les uns à la revendication d'un Etat où les Palestiniens pourraient vivre libres, et par d'autres à la destruction d'Israël, comme le développe Libération.

Enfin, l'eurodéputé LR François-Xavier Bellamy a saisi la justice fin juillet pour des "menaces" après un autre tweet de l'eurodéputée LFI. "Pour le moment, François-Xavier Bellamy et ses petits copains, proches du régime génocidaire israélien, dorment bien la nuit. Ça ne va pas durer", avait écrit Rima Hassan sur son compte X le 24 juillet. Les avocats de l'eurodéputée insoumise ont répondu par deux plaintes pour diffamation publique et dénonciation calomnieuse.

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