Primaire écologiste : qui est Sandrine Rousseau, qualifiée surprise pour le second tour ?
L'universitaire a pris la deuxième place derrière Yannick Jadot lors du premier tour de la primaire écologiste, le 19 septembre.
Elle a su créer la surprise : Sandrine Rousseau est parvenue à se qualifier pour le second tour de la primaire écologiste avec 25,14% des suffrages exprimés, dimanche 19 septembre, juste derrière Yannick Jadot (27,7% des voix). Plus de 120 000 citoyens, militants et sympathisants écologistes avaient été invités à voter en ligne pour désigner leur favori pour la course à l'Elysée d'avril 2022. Elle devance Delphine Batho (22,32%), Eric Piolle (22,29%) et Jean-Marc Governatori (2,35%).
Une docteure en économie industrielle qui a fait sa carrière à EELV
Vice-présidente de l'université de Lille chargée de la vie universitaire, l'écologiste de 49 ans est docteure en économie industrielle et maîtresse de conférences en sciences économiques. Après avoir rejoint le nord de la France au tournant des années 2000, Sandrine Rousseau a su y gravir les échelons de l'université, mais aussi ceux d'Europe Ecologie-Les Verts. Elle se hisse à la vice-présidence du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais entre 2010 et 2015. Elle est porte-parole nationale en 2013 et secrétaire nationale adjointe des Verts en 2016.
Une figure de la lutte contre les violences faites aux femmes
Après l'affaire Denis Baupin, elle quitte le parti. En 2017, elle accuse le député EELV d'agressions sexuelles et de harcèlement avec trois autres élues du parti. L'affaire est classée sans suite pour prescription. La même année, elle publie Parler chez Flammarion et crée une association du même nom pour venir en aide aux victimes de violences sexuelles. Elle revient à EELV trois ans plus tard, la présidentielle dans le viseur.
C'est d'ailleurs son combat contre les violences faites aux femmes qui la pousse à se lancer. Le 5 septembre lors du premier débat de la primaire écologiste, diffusé sur franceinfo, la candidate explique : "Si je me présente à cette primaire pour la présidentielle, c'est pour une raison assez simple, c'est que mon humiliation a des limites", avant d'évoquer le moment où "Emmanuel Macron a balayé d'un revers de main le mouvement de milliers de femmes dont je faisais partie, qui luttaient contre les violences sexistes, en nommant à la tête de la police un ministre lui-même accusé de viol". Dans son viseur Gérald Darmanin, patron de la place Beauveau.
Une chantre de l'écoféminisme qui "assume être de gauche"
Au cœur de son projet de changement de société : une écologie "nécessairement radicale, sociale et écoféministe", l'inscrivant dans le sillage de ce mouvement politique et philosophique né dans les années 1970. "L'écologie, ce n'est pas des hommes blancs à vélo dans les villes", déclare la candidate. "Il n'y a pas de transformation d'ampleur sans transformation de la structure du pouvoir, qui est aujourd'hui dominée par les hommes et cela fait partie du problème", explique-t-elle à franceinfo.
Sandrine Rousseau affiche également au grand jour son engagement à la gauche de l'échiquier politique, notamment en discutant avec Jean-Luc Mélenchon ou Benoît Hamon. "Moi j'assume être de gauche, je n'ai pas de problème avec ça", soutenait-elle à franceinfo, malgré la désapprobation de plusieurs ténors du parti. "Nous avons cinq ans si nous voulons protéger nos enfants et nos vies", expliquait-elle à France Bleu en août dernier, admettant que "toutes les mesures à prendre ne seront pas forcément des mesures très agréables."
Une défenseure du revenu d'existence et de la taxe carbone
Le revenu d'existence est la première mesure que Sandrine Rousseau souhaite mettre en place pour "augmenter le niveau minimum de ressources" alors que "le RSA (...) ne permet pas de vivre dignement", juge-t-elle sur France Bleu : les plus de 18 ans pourraient ainsi toucher 850 euros par mois pour subvenir à leurs besoins. Une proposition qui rappelle le revenu universel proposé par Benoît Hamon, le candidat socialiste à la présidentielle 2017.
Autre proposition : la mise en place d'une taxe carbone pour les entreprises. "Le carbone est aujourd'hui gratuit (...) Il faut absolument rendre ce qui nous met en danger payant, entre 200 et 250 euros la tonne sur les cinq ans", estimait la candidate lors du premier débat de la primaire écologiste. L'écologiste vise aussi la production d'une énergie d'origine 100% renouvelable d'ici à 2050. Elle dénonce également avec force la construction d'un réacteur de troisième génération à Flamanville dans la Manche. Par ailleurs, elle compte reprendre "sans filtre" les propositions émises lors de la Convention citoyenne pour le climat.
Celle qui est qualifiée au second tour de la primaire appelle aussi de ses voeux un changement des institutions d'une "Ve République (...) arrivée à bout de souffle". Cela pourrait passer par une convention citoyenne pour réfléchir à la question : "La priorité, c’est la sortie du présidentialisme, la diminution des pouvoirs du président de la République", indiquait-elle en septembre au média Reporterre, souhaitant transférer des "pouvoirs (...) au Parlement et aux territoires, notamment aux régions, avec le Sénat transformé en chambre territoriale." L'universitaire souhaite également renforcer les moyens de la justice et de la presse.
Une candidate soutenue par Bruno Solo et Céline Sciamma
Près de 360 personnalités et élus lui ont exprimé publiquement leur soutien dans une tribune publiée le 11 septembre dans Le Journal du dimanche. "Sandrine Rousseau incarne cette opportunité d'une transformation profonde et radicale de notre République", estimait la tribune signée par la conseillère de Paris Alice Coffin la réalisatrice Céline Sciamma ou encore le comédien Bruno Solo.
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