Affaire Benalla : ces questions brûlantes auxquelles Gérard Collomb devra répondre devant l'Assemblée
Le ministre de l'Intérieur est le premier à être entendu par la commission d'enquête de l'Assemblée.
Le premier flic de France est en première ligne. Pris lui aussi dans le tourbillon de l'affaire Benalla, Gérard Collomb va passer à partir de 10 heures, lundi 23 juillet, sur le gril de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale. Il devra répondre à des "questions très nombreuses et d'une très grande gravité", selon le corapporteur, Guillaume Larrivé (LR).
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Voici les interrogations autour de celui que Le Monde présente comme étant "tout désigné pour devenir le fusible de cette extravagante affaire".
Quand Gérard Collomb a-t-il été informé de l'affaire ? Et par qui ?
Chargé de mission à l'Elysée et en première ligne dans le dispositif de sécurité entourant Emmanuel Macron, Alexandre Benalla a été filmé en train de frapper et malmener des manifestants rassemblés dans le 5e arrondissement à l'occasion des défilés du 1er-Mai, à Paris.
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Le ministre de l'Intérieur était au courant de ces agissements dès le 2 mai. La place Beauvau, qui se mure dans un quasi-mutisme, l'a confirmé au Monde durant le week-end. Les oppositions dénoncent les "mensonges" du ministre et plusieurs personnalités, à droite comme à gauche, de Nicolas Dupont-Aignan à Jean-Luc Mélenchon, ont demandé la démission de Gérard Collomb.
Qui a, par ailleurs, informé le ministre des violences commises place de la Contrescarpe ? La préfecture de police de Paris ? L'Elysée, qui a rapidement été mis au courant ? Un autre canal ? Dans un milieu censé être très hiérarchisé, la question a son importance.
Pourquoi n'a-t-il pas réagi plus tôt ?
Au Sénat jeudi, le ministre a dit avoir saisi la "police des polices" pour faire la lumière sur cette affaire. Une décision qui intervient plus de deux mois après les faits. Or, selon l'article 40 du Code de procédure pénale, le procureur de la République aurait dû être saisi pour ces faits mais aucun membre de l'exécutif ne l'a fait, ce qui fait dire à l'opposition que le pouvoir a cherché à étouffer l'affaire.
"Il a dissimul(é) (...) cette information à la représentation nationale et à la justice", s'est ainsi offusqué l'ancien candidat à la présidentielle Benoît Hamon (Générations). "On a laissé ces images tourner sur les réseaux sociaux. Cela est préjudiciable pour l'image de la police", déplore de son côté Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat Synergies, interrogé par l'AFP.
"On vit dans un système hiérarchisé. Ce n'est pas au ministre de l'Intérieur d'engager des poursuites contre un collaborateur du président", tempère toutefois le responsable syndical.
Pourquoi Alexandre Benalla était-il présent le 1er mai ?
Alexandre Benalla était censé n'être qu'un "observateur" sur une opération de maintien de l'ordre, il a fini par se promener avec brassard policier, radio de police et casque sur la tête avant de s'en prendre à des manifestants, en compagnie de Vincent Crase, un salarié de La République en marche.
Qui a validé leur présence sur cette manifestation ? La préfecture de police. Mais à quel niveau ? Le ministère de l'Intérieur était-il au courant ? D'où vient le matériel policier détenu par Alexandre Benalla ? Pourquoi le major de police de la Direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police n'est-il pas intervenu pour empêcher ces agissements, alors qu'il était ce jour-là le "référent" du chargé de mission ?
Mediapart (article réservé aux abonnés) a également fait état de la présence d'Alexandre Benalla au débriefing de la manifestation du 1er mai qui s'était soldée par de spectaculaires violences commises par des activistes du "Black Bloc". "Il est régulièrement sur des dispositifs opérationnels et semble piloter différentes choses", s'étrangle David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN).
Il n'est diplômé en rien mais semble avoir accès à tout. Qui l'a mandaté pour ça ?
David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationaleà l'AFP
Après le ministre de l'Intérieur attendu à 10 heures, le préfet de police Michel Delpuech sera auditionné à partir de 14 heures.
Quelle est la place d'Alexandre Benalla à l'Elysée ?
L'ex-chargé de mission auprès du chef de cabinet de la présidence de la République, qui accompagnait régulièrement Emmanuel Macron sur ses déplacements (y compris après sa mise à pied de 15 jours, au vu de photos de presse), paraissait aussi avoir une forte influence sur la sécurité à l'Élysée.
Problème : c'est précisément la mission du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), une structure réunissant le Service de la protection (SDLP), dépendant de la Police nationale, et des militaires du GIGN. Le GSPR est dirigé par un colonel de gendarmerie.
BFMTV indiquait ce week-end qu'une réorganisation de la sécurité de l'Elysée était dans les tuyaux pour fin 2018, avec la création d'une Direction de la sécurité de la présidence de la République (DSPR) composée de trois entités. Selon la chaîne d'information, Alexandre Benalla était pressenti pour occuper une place prépondérante dans ce dispositif directement piloté par la présidence.
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