Le nouveau projet de Nicolas Sarkozy, comme un air de déjà-vu
Pour son premier meeting de candidat à la présidence de l'UMP, l'ancien chef de l'Etat a ressorti de nombreuses propositions déjà émises lors de la dernière présidentielle.
Nicolas Sarkozy a-t-il changé ? Sur la forme, chacun sera juge. Sur le fond, en revanche, son idéologie ne semble guère avoir évolué. A Lambersart (Nord), où il tenait, jeudi 25 septembre, son premier meeting de candidat à la présidence de l'UMP, l'ancien chef de l'Etat n'a pas hésité à recycler de nombreuses propositions déjà formulées par le passé. Francetv info en a retenu quelques-unes.
Réduire le nombre de fonctionnaires : déjà vu
Parmi les propositions faites jeudi soir, Nicolas Sarkozy a formulé le vœu de réduire le nombre de fonctionnaires. S'il n'a pas précisé dans quelles proportions il souhaitait le faire s'il revenait un jour au pouvoir, l'ancien chef de l'Etat reprend là l'un de ses fondamentaux.
"Je souhaite une fonction publique moins nombreuse, mais des fonctionnaires mieux payés", avait-il expliqué dès septembre 2007, avant de mettre en place la fameuse règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, qui avait conduit à la suppression de 150 000 postes sur l'ensemble du quinquennat.
Pousser les fonctionnaires à travailler plus : déjà vu
Outre sa volonté de réduire leur nombre, Nicolas Sarkozy estime également que les fonctionnaires ne travaillent pas assez. C'est tout sauf une nouveauté, puisque dès janvier 2005, dans un entretien au Figaro, celui qui n'était pas encore président de la République estimait qu'"il faudrait bien poser un jour la question des 35 heures dans la fonction publique". Sans finalement remettre en cause ce point une fois arrivé au pouvoir.
Réduire le nombre de parlementaires : déjà vu
Les fonctionnaires ne sont pas les seuls à être dans le viseur de Nicolas Sarkozy. Les députés et les sénateurs le sont aussi. "Il faut réduire le nombre de parlementaires", a plaidé l'ancien chef de l'Etat à Lambersart, jeudi soir. Car à ses yeux, "une assemblée pléthorique est une assemblée inaudible".
Une proposition qu'il avait déjà faite début 2012, puisque, candidat à sa réélection à l'Elysée, il suggérait de réduire "de 10 à 15%" le nombre de députés et de sénateurs.
Revoir l'indemnisation du chômage : déjà vu
"L'immense majorité des chômeurs préfèreraient travailler." Nicolas Sarkozy, à qui ses opposants avaient autrefois reproché de monter certaines franges de la population contre d'autres, prend cette fois bien soin de mettre en garde contre les amalgames. Mais, ajoute-t-il, "on ne pourra pas continuer à accepter qu'un chômeur de longue durée puisse refuser une activité rémunérée en cas de persistance de sa période d'inactivité".
Le président oublie le fait qu'un chômeur peut déjà voir ses indemnités réduites, voire supprimées, s'il refuse plusieurs offres d'emploi. Il avait en outre déjà défendu cette position en février 2012, dans un entretien au Figaro Magazine. A l'époque, il avait même proposé de "créer un nouveau système dans lequel l'indemnisation ne serait [plus] une allocation que l'on touche passivement". Le président-candidat estimait même que "toute personne sans perspective sérieuse de reprise d'emploi devrait choisir une formation qualifiante obligatoire", à l'issue de laquelle le chômeur serait "tenu d'accepter la première offre d'emploi correspondant au métier pour lequel il aura été formé".
Renforcer les contreparties au RSA : déjà vu
Dans la même veine, Nicolas Sarkozy souhaite réformer le revenu de solidarité active (RSA), par référendum. "Pas de RSA sans accepter en contrepartie l'exercice d'une activité au service de la collectivité", explique-t-il, pour résumer sa position.
Rien de neuf sous le soleil sarkozyste. En novembre 2011, celui qui était alors chef de l'Etat avait instauré l'obligation, pour les bénéficiaires du RSA, de travailler au minimum sept heures par semaine pour la collectivité. "Pas pour punir, mais pour respecter et ramener la dignité", avait-il justifié.
Recourir au référendum : déjà vu
Pour réformer le RSA, donc, mais pas seulement, Nicolas Sarkozy juge qu'"il est venu le temps de nous réapproprier la pratique du référendum". Un souhait qu'il avait déjà exprimé, là encore, en février 2012. Dans un entretien au Figaro Magazine, qui marquait le début de sa campagne, celui qui était encore président disait sa volonté de "s'adresser directement aux Français pour qu'ils donnent leur opinion". "Je crois que la meilleure façon de surmonter des blocages dans notre société, c'est de s'adresser directement au peuple français", insistait-il.
Réformer l'espace Schengen : déjà vu
Sur les questions d'immigration, Nicolas Sarkozy dit vouloir "apporter de nouvelles réponses". A ses yeux, il n'est plus question de "garder Schengen dans son état actuel". "Ce n'est plus une option", dit-il. Des propos qui rappellent ceux qu'il tenait déjà en avril 2011, quand il estimait que "pour que Schengen vive, Schengen doit être réformé".
Un souhait qu'il avait répété en 2012, durant sa campagne, et ce alors qu'une réforme était déjà en cours. "Si l'Europe ne maîtrise pas les entrées sur son territoire, elle ne pourra plus accueillir dignement ceux qui arrivent", avait-il lancé lors de son grand discours de Villepinte, menaçant de pousser la France à suspendre sa participation aux accords de Schengen si rien n'était fait.
Critiquer l'aide médicale d'Etat : nouveauté
Toujours sur l'immigration, Nicolas Sarkozy est en revanche allé plus loin qu'il y a deux ans, en dénonçant la "gabegie" que représente à ses yeux l'aide médicale d'Etat (AME), qui permet aux sans-papiers d'avoir un accès aux soins. Un dispositif qui a coûté environ 700 millions d'euros en 2013.
S'il n'a pas évoqué sa suppression – "la France ne refusera jamais de soigner ceux qui souffrent", a-t-il expliqué –, Nicolas Sarkozy se montre toutefois bien plus circonspect qu'en 2012. "On soigne les gens quelle que soit leur couleur de peau, quelle que soit leur nationalité, qu'ils aient de l'argent ou pas. C'est notre honneur ! C'est la République française !", avait-il lancé en avril 2012, défendant le maintien de l'AME, en dépit des critiques de la droite.
En finir avec le principe de précaution : nouveauté
"Sans le progrès, rien ne sera possible, a expliqué, dans un autre registre, Nicolas Sarkozy, jeudi à Lambersart. Je souhaite clairement que nous réfléchissions aux conséquences du principe de précaution, auquel je préférerai toujours le principe de responsabilité."
Voilà une autre nouveauté dans le discours de Nicolas Sarkozy. Car en octobre 2007, au moment du premier Grenelle de l'environnement, l'ancien chef de l'Etat défendait vigoureusement cette position ! "Le principe de précaution n'est pas un principe d'inaction, c'est un principe d'action, d'expertise pour réduire l'incertitude. Le principe de précaution n'est pas un principe d'interdiction, c'est un principe de vigilance et de transparence", estimait-il alors.
Exploiter les gaz de schiste : nouveauté
S'il souhaite ainsi en finir avec le principe de précaution, ce n'est pas pour rien : désormais, Nicolas Sarkozy se montre favorable à l'exploitation du gaz de schiste. "Je ne peux pas accepter que les Etats-Unis soient devenus indépendants du point de vue de l'énergie grâce aux gaz de schiste, et que la France ne puisse pas profiter de cette nouvelle énergie, alors que le chômage ravage tant de nos territoires et tant de nos familles", justifie-t-il.
Une position qui va à rebours de celle qu'il défendait lorsqu'il était président de la République. "L'exploitation des ressources en hydrocarbures contenues dans notre sous-sol est un enjeu stratégique pour notre pays. Mais pas à n'importe quel prix", prévenait-il en novembre 2011, expliquant qu'il n'y aurait pas d'exploitation des gaz de schiste en France "tant qu'il n'aura pas été démontré que les techniques utilisées (...) sont respectueuses de l'environnement".
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