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Valls sur l'intervention en Irak : "Notre sécurité nationale est en jeu", comme "jamais"

Le Premier ministre s'exprimait ce mercredi après-midi à l'Assemblée sur l'engagement militaire aérien de la France en Irak, pour lutter contre le groupe Etat islamique, avant un débat des députés. Manuel Valls a indiqué que la France interviendrait jusqu'à ce que l'armée irakienne ait repris le dessus.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (Manuel Valls devant l'Assemblée mercredi © Maxppp)

Cinq jours après les premières frappes en Irak pour lutter contre l'Etat islamique (EI), Manuel Valls défendait cet engagement français devant le Parlement mercredi après-midi, avant un débat sans vote. Dans un contexte pour le moins tendu, puisqu’un Français a été enlevé dimanche soir en Algérie, un rapt présenté par les djihadistes justement comme une réponse à l’engagement français. Hervé Gourdel a été exécuté mercredi soir.

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Ce n’est pas l’intervention française en Irak "qui nous expose au terrorisme " a répondu mercredi le Premier ministre devant les députés. "Cette menace, elle est là depuis longtemps, et c'est pour cela que nous agissons et que nous intervenons. Aider l’Irak c’est protéger la France et c’est agir au nom d’une sécurité nationale ", a-t-il expliqué. "La France assume ses responsabilités, parce qu'elle est membre permanent du Conseil de sécurité. Parce que la sécurité de l'Europe est menacée. Parce que notre sécurité nationale est en jeu, comme elle ne l'a jamais été au cours de ces dernières années ", a déclaré Manuel Valls. "Un péril mortel s'étend au Moyen-Orient. La stabilité de la région et, au-delà, la sécurité du monde est menacée par le groupe terroriste " Etat islamique, a-t-il ajouté.

"Un péril mortel s'étend au Moyen-Orient, la sécurité du monde est menacée" - Manuel Valls

Etat islamique : "d'immenses richesses", "30.000 combattants"

Manuel Valls a qualifié le groupe de l'Etat islamique d'"insulte à l'islam ". "Ce groupe n'a rien d'un Etat et ne représente en rien l'islam. C'est un rassemblement d'assassins, pour qui la vie humaine est sans valeur. Ce groupe, comme l'ont exprimé les plus hautes autorités de l'islam, est une insulte à cette religion ", a-t-il dit. "Un groupe qui n’offre comme choix que la conversion forcée ou la mort ".

"La France fait clairement la distinction entre l'islam, atout pour la France, et l'islamisme dont son prolongement djihadiste n'est qu'un message violent, perverti et contraire aux valeurs universelles de l'islam", a-t-il dit avant d'être applaudi.

Manuel Valls a également décrit l'arsenal de ce groupe terroriste : "Il a accumulé d’immenses richesses lui permettant de recruter. Son trésor de guerre a aussi servi à constituer une vraie armée : près de 250 blindés légers, environ 50 chars de combat, plusieurs dizaines de missile anti-chars. Ses troupes, extrêmement mobiles pourraient être renforcées par l’acquisition de nouveaux matériels. Ces effectifs seraient de 30.000 combattants ".

Les filières terroristes trouvent dans ces régions les moyens de se développer" - Manuel Valls

Frappes en Irak "jusqu'à ce que l'armée irakienne ait retrouvé la supériorité" 

Le Premier ministre a réaffirmé que la France allait intervenir en Irak jusqu'à ce que l'armée irakienne contrôle la situation sur le terrain : "Nous resterons impliqués, le temps nécessaire, jusqu'à ce que l'armée irakienne ait retrouvé la supériorité " face à l'EI. "Cet engagement militaire se traduit par des opérations aériennes sur le territoire irakien. Nous n'engagerons en revanche pas de troupes françaises au sol ", a-t-il réaffirmé, indiquant aussi que l'angagement humanitaire allait se poursuivre. "Nous avons déjà affrété 85 tonnes d’aide, nous continuerons cette assistance et tout particulièrement en direction des minorités ", et notamment les chrétiens d'orient, a-t-il dit.

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Manuel Valls a également rééxpliqué pourquoi la France se limitait à l'Irak et n'interviendra pas en Syrie, comme le font les Etats-Unis : le dirigeant syrien Bachar al-Assad "ne peut absolument pas être un partenaire dans la lutte ", a justifié Manuel Valls. "Nous avons fait le choix de nous concentrer sur l'Irak et de continuer à soutenir l'opposition modérée au régime de Bachar al-Assad (...) Nous sommes résolus, avec nos partenaires, à leur apporter un soutien civil et militaire accru ", a déclaré le Premier ministre. "Nous n’en serions sûrement pas là si la communauté internationale était intervenue " a-t-il ajouté sur la Syrie. Il a également rappelé la volonté du gouvernement française de développer une Europe de la défense.

Bachar al-Assad "ne peut absolument pas être un partenaire dans la lutte" dit le Premier ministre
 

Enfin, Manuel Valls a également réagi sur l'affaire des trois djihadistes présumés en provenance de Turquie, arrivés en France libres mardi à Marseille, alors qu'ils auraient dû être arrêtés à leur descente d'avion. "Cette affaire ne s'est pas déroulée comme il aurait fallu " a concédé le Premier ministre. 

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