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Édito
La démission du maire de Saint-Brevin-les-Pins, un symptôme de notre démocratie malade

Agressé à cause du déménagement dans sa commune d’un centre d’accueil de réfugiés, le maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique) a démissionné jeudi 11 mai.
Article rédigé par franceinfo, Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des maires réunis en février 2023. Photo d'illustration (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

La décision de Yannick Morez a suscité une vague d’émotion au sein du monde politique. Un tweet d’Emmanuel Macron pour exprimer la "solidarité de la Nation", les députés de tous les bancs de l’Assemblée, sauf du ceux du Rassemblement national, qui se lèvent pour rendre hommage au maire démissionnaire. Il faut dire que Yannick Ronez était l’objet de pressions de militants d’extrême droite, attisées à l’origine par le RN et Reconquête, le mouvement d’Eric Zemmour. Injures, menaces, et finalement l’incendie nocturne de son domicile l’ont conduit à jeter l’éponge.

Émotion donc, mais aussi polémique puisqu’il a dit s’être senti "abandonné" par l’Etat qui ne lui aurait pas accordé la protection qu’il réclamait. La préfecture s’est défendue. Au-delà de ce cas particulier, cette démission interpelle car elle reflète la grave maladie qui ronge notre démocratie. Le premier symptôme, c’est l’influence croissante de l’extrême droite. À Saint-Brevin-les-Pins, c’est elle qui a attisé la haine contre ce centre de demandeurs d’asile. Quand le RN, la façade présentable de l’extrême droite, pèse autant dans le débat public, il n’est pas étonnant que des militants moins fréquentables se lâchent. On l’a vu la semaine dernière avec lors du défilé d’ultra-droite à Paris. L'État doit être vigilant : des menaces du même type qu’à Saint-Brevin sont en germe dans la poignée de communes où des centres de réfugiés ont été installés temporairement.

Ces maires ont accepté d’accomplir leur devoir républicain d’accueil, la République doit les protéger

Les maires sont devenus des cibles, et si ce n’est pas nouveau, le phénomène s’aggrave. Les menaces et agressions, qui viennent de tous les courants radicaux, sont en forte hausse. Les associations d’élus s’en inquiètent, Matignon annonce la création d’une nouvelle instance.

Le mouvement des "gilets jaunes" a marqué un tournant. Depuis, on s’est comme habitué à voir des permanences vandalisées et des élus pourchassés. Comme si la violence des réseaux sociaux s’était répandue dans la rue et parfois même, verbalement, jusque dans l’hémicycle. Quels qu’ils soient, les élus complices ne doivent pas se leurrer : s’ils laissent la violence ronger la démocratie, ils en seront un jour, à leur tour, tous victimes.

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