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Témoignage
Attaque du Hamas contre Israël : "Laissez partir les enfants, vous n'avez pas besoin d'eux", l'appel à l'aide d'une Française pour retrouver sa fille de 13 ans

Galit est une survivante : pendant plusieurs heures, samedi dernier, des commandos du Hamas ont tué, maison après maison, les habitants des kibboutz, ces villages communautaires dans les zones frontalières de la bande de Gaza… Elle raconte "l'horreur" à franceinfo.
Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Galit, une Française qui vit en Israël, a vécu les attaques du Hamas chez elle : sa fille de 13 ans, Noya, a été kidnappée. (Thibault Lefèvre / RADIOFRANCE)

Il est 8h du matin, samedi 7 octobre : le massacre des commandos du Hamas a commencé depuis près de deux heures. Galit est enfermée dans l'abri de sa maison du kibboutz de Kissoufim, à une poignée de kilomètres de Gaza. Sa fille, Noya, est, elle, à 10 km au sud, chez sa grand-mère, dans un autre kibboutz attaqué, celui de Nir Oz.

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La mère s'inquiète : elle demande sur WhatsApp à sa fille de se barricader. "À 10h13, elle dit : 'Maman, il y a plein de bruit dehors. J'ai très peur'", lit Galit sur son smartphone, faisant écouter les "vocaux" de son enfant. Avant de confier : "Je sais alors que ça va mal finir. C'est horrible." C'est le dernier échange qu'a eu Galit avec sa fille de 13 ans, désormais portée disparue.

"Vous ne pouvez pas imaginer l'horreur"

La veille, pourtant, tout allait bien : la soirée de vendredi se termine, Galit embrasse Noya, qui a l'habitude d'aller dormir chez sa grand-mère, Carmela. Évidemment, personne n'imagine à ce moment-là que de l'autre côté de la barrière de sécurité, à moins de deux kilomètres, des hommes du Hamas se préparent à entrer en Israël et à tuer maison par maison les centaines d'habitants des kibboutz environnants. "À 6h du matin, les missiles. Code rouge, alertes... On court dans l'abri, on ferme les portes et on entend les roquettes qui tombent, mais on entend aussi des tirs. Et ça devenait de plus en plus proche... ", décrit-elle.

"Et j'entends alors que quelqu'un est rentré dans la maison et a essayé d'ouvrir l'abri, mais il n'a pas insisté. Il y a un terroriste dans notre maison !"

Galit

à franceinfo

"A l'extérieur, des soldats israéliens arrivent, se parlent entre eux, mais ne savent pas qu'il y a un quelqu'un dans la maison. Ils s'organisent pour aller au combat et tout à coup, un échange de tirs, une grenade. Et nous, on entend tout. Vous ne pouvez pas imaginer l'horreur. C'était un film d'horreur... Ça, c'est mon histoire, mais il y a aussi ma mère et ma fille. Et je pense à elles. Je ne sais pas ce qu'il se passe là-bas", explique-t-elle. 

"C'est un désastre ce qu'il s'est passé"

Elle poursuit son récit au micro du correspondant de Radio France dans la zone : "Trois heures du matin, je sors enfin, et sur mon WhatsApp, je découvre plein de messages. La première chose que je fais, c'est de voir si ma fille ou ma mère m'ont répondu... Rien. J'essaie de les appeler : pas de réponse", explique Galit. Avant de poursuivre, la gorge nouée : "J'appelle ma sœur et elle me dit alors : 'C'est un massacre ce qu'il s'est passé ici. Ils ont tué des gens, ils ont brûlé les maisons et ils ont kidnappé mon fils, ma fille, ta fille et maman...'" Noya, 13 ans, Carmela, la grand-mère, 80 ans, Erez, 12 ans, Sahar, 16 ans, et le beau-frère de Galit, Ofer, 53 ans : cinq membres d'une même famille sont désormais otages du Hamas.

Quelques heures plus tard, Galit a été évacuée, avec sa plus jeune fille, Tamar, 9 ans, et des centaines d'autres victimes, dans un hôtel de la Mer morte. Et si aujourd'hui elle parle, c'est parce qu'elle a l'espoir de sauver ses proches : "C'est un désastre ce qu'il s'est passé. Chaque fois que je mange, que je dors, que je me douche, je pense à eux... Je ne peux pas dormir. Ça me casse la tête. Qu'est-ce qu'ils font ? Comment vont-ils ? Qu'est-ce qu'ils mangent ? Comment dorment-ils ? Est-ce qu'on leur donne ce dont ils ont besoin ? S'il vous plaît, aidez-nous à les sauver. Ces gens, là-bas, je ne sais pas s'ils ne vont pas leur faire du mal... Je parle avec vous parce que je veux vous demander de nous aider, de faire la négociation avec le Hamas et de leur dire de laisser partir les enfants et les vieilles personnes. Vous n'avez pas besoin d'eux ! Peut-être que je pourrais voir ma mère et ma fille vivantes. Sûrement choquées, sûrement traumatisées, mais vivantes..."

Si Galit tient le coup, dit-elle, c'est grâce à Tamar, la petite : "Pour elle, je reste normale. On rigole, on joue et on essaye de vivre". Avant de conclure, avec un léger sourire : "C'est elle la plus optimiste. Elle est incroyable. "

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