Salaires, RSA, emploi des seniors... Quels sont les sujets concernés par le "pacte de la vie au travail", évoqué par Emmanuel Macron lors de son allocution ?
Des sujets très nombreux, mais des annonces encore floues. Lors de son allocution, lundi 17 avril, Emmanuel Macron s'est donné "cent jours" pour relancer son second quinquennat, englué dans la crise provoquée par sa réforme des retraites. Parmi les "trois chantiers" présentés à cette occasion, il a notamment annoncé vouloir "bâtir un nouveau pacte de la vie au travail" qui sera "construit dans les semaines et les mois qui viennent par le dialogue social" entre organisations syndicales et patronales. Le chef de l'Etat laisse aux partenaires sociaux "jusqu'à la fin de cette année" pour conduire leurs discussions, a-t-il précisé mardi.
Ces négociations doivent porter sur les dispositions de la réforme des retraites invalidées par le Conseil constitutionnel, mais aussi sur d'autres aspects, allant des conditions de travail à la rémunération des salariés. En revanche, Emmanuel Macron n'a pas dévoilé la forme que prendrait ce "pacte". Une grande loi Travail devait initialement être adoptée cet été au Parlement et le ministre du Travail, Olivier Dussopt, attend encore, à une date inconnue, les conclusions des assises du travail ouvertes en décembre pour "faire émerger des propositions sur l'avenir du travail". Interrogé par franceinfo, le ministère du Travail a promis que l'exécutif en dirait davantage "prochainement" sur la manière dont s'articulera ce "pacte". D'ici là, voici les sujets sur lesquels le gouvernement et les partenaires sociaux devraient avancer.
L'emploi des seniors et la lutte contre la pénibilité
Emmanuel Macron a promis lundi soir de "trouver des solutions à l'usure professionnelle" et d'"accroître l'emploi des seniors". Et pour cause : ces sujets, qui figuraient initialement dans la réforme des retraites, ont été censurés par le Conseil constitutionnel car ils n'avaient pas leur place dans un texte budgétaire. Cela concerne notamment l'index seniors, qui devait être obligatoire dès cette année pour les entreprises de plus de 1 000 salariés. Mais aussi le CDI seniors, exonéré de cotisations familiales, qui devait être créé à titre expérimental pour faciliter l'embauche des demandeurs d'emploi de longue durée de plus de 60 ans. Ou encore le suivi médical spécifique pour les salariés exposés à des facteurs de pénibilité.
L'emploi des seniors "reste une priorité pour le gouvernement", a assuré, dès la censure des Sages, le ministre du Travail sur Twitter. "C'est l'un des sujets de discussion qui attend les syndicats et le président de la République lorsqu'ils se verront", a également avancé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, sur franceinfo mardi.
L'organisation du travail
Emmanuel Macron a vu, dans les manifestations contre la réforme des retraites, la "volonté de retrouver du sens dans son travail, d'en améliorer les conditions, d'avoir des carrières qui permettent de progresser dans la vie". Mardi, il a promis que les négociations sur ce point porteraient sur "les conditions de travail", la lutte "contre le temps partiel subi qui crée les travailleurs pauvres" ou encore "le compte épargne temps (CET) universel", afin qu'il suive tous les actifs au long de leur vie professionnelle, et que ceux-ci puissent en profiter à n'importe quel stade de leur carrière.
La semaine de quatre jours, dont une expérimentation a été lancée à l'Urssaf de Picardie, pourra également être envisagée "là où c'est faisable, où ça correspond aux aspirations des salariés", avait fait savoir Olivier Véran fin février. Il s'est néanmoins dit opposé à sa généralisation, mardi sur franceinfo, car "il y a beaucoup d'endroits où cela ne s'y prête pas". Le porte-parole du gouvernement souhaite aussi, sur ce chantier, des avancées pour les travailleurs de la "première" et la "deuxième ligne" : "Leur poste n'est pas télétravaillable, donc il faut qu'on puisse tout mettre en œuvre pour que la qualité de leur vie au travail puisse, elle aussi, changer."
En juillet dernier, Elisabeth Borne avait par ailleurs annoncé sa volonté de créer un "service public d'accueil de la petite enfance", quelques mois après la parution d'un avis du Conseil économique social et environnemental pour "résoudre les défaillances de la politique d'accueil du jeune enfant qui ont bien souvent une incidence sur l'emploi des femmes."
Le partage des richesses en entreprise
Le président de la République a, une nouvelle fois, souhaité "mieux partager les richesses" en entreprise. Elisabeth Borne avait déjà promis de transposer dans la loi l'accord conclu entre les syndicats et le patronat sur le partage de la valeur en entreprise, qui généralise les dispositifs d'intéressement, de participation et de primes de partage de la valeur dans les entreprises de plus de 11 salariés.
Un rapport parlementaire a plaidé, mi-avril, pour l'entrée en vigueur "dès 2024", au lieu de 2025, de cet accord, invoquant une forte inflation. Il a également pointé plusieurs limites de ce texte, notamment l'absence d'obligation sur le montant à redistribuer aux salariés.
L'augmentation de la rémunération des travailleurs
Lors de son allocution, Emmanuel Macron a appelé à "améliorer les revenus des salariés", particulièrement dans les branches dont les minimas sont inférieurs au smic. "Il est temps de dire aux forces du capital, aux patrons, qu'il y a à augmenter les salaires et à mieux rémunérer les travailleurs", a aussi appuyé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, mardi sur LCI, semblant par ailleurs ouvrir la porte à un plafonnement futur des montants touchés par les chefs d'entreprise les mieux payés. Le 14 avril, en annonçant que le smic augmenterait "d'un peu plus de 2%" au 1er mai, la Première ministre avait aussi appelé les entreprises à "renégocier les grilles salariales" pour défendre le pouvoir d'achat.
Le ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini, a de son côté ouvert la porte le 11 avril à une discussion sur la revalorisation des plus bas salaires dans la fonction publique, dans un entretien accordé à la chaîne Public Sénat. Il ne s'est en revanche pas prononcé sur une éventuelle revalorisation générale du point d'indice, la base de rémunération commune aux 5,7 millions d'agents publics, ni sur les secteurs éventuellement ciblés.
Le durcissement des conditions de versement du RSA
Emmanuel Macron a de nouveau souhaité lundi "ramener vers le travail le plus de bénéficiaires du revenu de solidarité active en les accompagnant mieux". L'objectif, en se basant sur une meilleure coordination des acteurs locaux, est d'inscrire les bénéficiaires du RSA systématiquement à Pôle emploi (seuls 40% le sont actuellement) et d'organiser la partie "diagnostic" et "orientation" de leur parcours beaucoup plus rapidement. Les allocataires signeraient également un contrat avec des droits et devoirs, s'engageant à suivre 15 à 20 heures d'activité hebdomadaire ou de formation pour se rapprocher de l'emploi.
Faute de respecter cet engagement, ils pourraient être la cible de "sanctions" qui pourront aller "jusqu'au retrait des allocations", a prévenu Olivier Dussopt, début mars sur franceinfo. Là encore, il ne s'agit pas d'une annonce : une expérimentation d'une contrepartie au RSA a été lancée, courant avril, dans 18 départements.
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