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Réforme des retraites : pourquoi les critiques fusent entre La France insoumise et les autres partis de la Nupes

Plusieurs membres de la Nupes ont critiqué la stratégie suivie par La France insoumise, jugée à contre-courant de celle définie collectivement.
Article rédigé par Zoé Aucaigne, franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Les députés des groupes parlementaires composant la Nupes assis dans l'hémicycle à l'Assemblée nationale (Paris), le 17 février 2023. (AMAURY CORNU / HANS LUCAS / AFP)

L'alliance de la gauche vacille. Les députés des partis composant la Nupes se sont tirés dans les pattes à la fin des deux semaines de débat sur la réforme des retraites, clôturés dans la nuit du vendredi 17 au samedi 18 février, peu après minuit. Le texte va poursuivre son chemin vers le Sénat, alors que les élus ne sont pas parvenus au fameux article 7, qui reporte l'âge légal du départ à la retraite à 64 ans.

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Au sein de la Nupes, les critiques ont fusé vendredi soir, notamment sur la ligne suivie par La France Insoumise (LFI) depuis l'arrivée du projet de loi dans l'hémicycle. 

Un divergence stratégique sur l'examen de l'article 7 

Les Verts (EELV) se sont désolidarisés des Insoumis en taxant leur plan de "raté stratégique" vendredi soir. En ligne de mire : le refus de LFI de retirer ses amendements sur le texte, alors que les autres formations de la Nupes ont supprimé une grande partie des leurs pour accélérer les discussions. "Normalement, le cœur du débat, ça aurait dû être le retrait de la réforme des retraites, on voit que finalement le débat s'est décalé sur le retrait des amendements LFI", a regretté la présidente du groupe écologiste Cyrielle Chatelain auprès de l'AFP.

Au cœur des divergences : l'examen de l'article 7 de la réforme. Côté syndicats, le secrétaire de la CFDT, Laurent Berger, et le patron de la CGT, Philippe Martinez, avaient demandé qu'il soit débattu par le Parlement. Les députés écologistes souhaitaient également que la discussion dans l'hémicycle puisse atteindre l'article 7, tandis que Jean-Luc Mélenchon avait appelé les siens, jeudi, à ne pas se "précipiter". "On aurait voulu avoir ce débat-là" sur les 64 ans, "ça aurait mis le gouvernement en très grande difficulté, on sentait les inquiétudes des parlementaires et du gouvernement", a expliqué Cyrielle Chatelain. Interrogée par franceinfo, Mélissa Camara, membre de la direction d'EELV, se montre plus nuancée : "C'est une divergence de points de vue sur l'article 7, mais l'important est que nous ayons permis de mettre le gouvernement en difficulté"

Les socialistes aussi auraient vu d'un bon œil une accélération des débats. "Il y a eu un différend stratégique, tactique, sur la conduite des opérations" avec LFI, a insisté le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure au micro de LCP, mais "le vrai raté, il est gouvernemental"

Au micro de franceinfo, la députée LFI de Seine-Saint-Denis, Aurélie Trouvé, a reconnu "un gâchis" alors que les débats se sont arrêtés aux portes de l'article 3, mais a renvoyé la balle à l'exécutif : "En neuf jours, c'est impossible d'examiner un tel texte (...) Les dés étaient pipés d'avance." Interpellée sur les critiques des membres de la Nupes, l'élue a souligné qu'"on (les partis de la Nupes) peut avoir des différences d'appréciation tactique, mais nous avons été unis sur l'essentiel".

LFI accusée de faire "cavalier seul"

Y a-t-il donc eu un manque de discussion entre les membres de la Nupes ? "Il y a une concertation permanente sur la stratégie collective. On avait d'ailleurs fait un communiqué intergroupes fin janvier sur notre souhait de discuter sur l'article 7, assure le porte-parole du groupe PS à l'Assemblée nationale, Arthur Delaporte, à franceinfo. Mais une majorité des députés LFI ont estimé qu'aller à l'article 7, c'était s'aligner sur le discours du gouvernement". 

Jean-Luc Mélenchon a d'ailleurs accusé les autres partis d'être trop en phase avec la majorité. "Les députés insoumis ont tenu bon, même quand leurs alliés Nupes se sont, hélas, alignés sur les leçons de bonnes manières données par la macronie", a-t-il écrit vendredi sur son blog. Jeudi déjà, le chef de file de LFI avait qualifié d'"incompréhensible" le retrait des amendements des partis de gauche (sauf LFI).

Mais au-delà de sa stratégie affichée dans l'hémicycle, le parti des Insoumis donne l'impression de chercher à avancer sans ses camarades de la Nupes. "Ce qu'il s'est passé cette semaine, ça révèle sa volonté de faire cavalier seul sur la tactique, insiste Arthur Delaporte. Il y a pourtant une nécessité d'avoir une union de la gauche forte pour faire entendre l'essentiel : notre opposition commune à la réforme". Cyrielle Chatelain a de son côté assuré à l'AFP que la Nupes, "ça fonctionne quand on travaille de manière concertée"

"Chacun des partis de la Nupes est indispensable mais, pour que ça fonctionne, il faut respecter aussi l'ensemble."

Cyrielle Chatelain

à l'AFP

Selon la députée écologiste Sandrine Rousseau, citée par l'AFP, "il y a un effort à faire pour passer de LFI à la Nupes" et "il va falloir décider d'un acte II de la Nupes"

Des divergences au sein de LFI ? 

Et sur le sujet, les Insoumis ne semblent pas tous d'accord. Preuve des divergences en interne : Jean-Luc Mélenchon a tenu un meeting à Montpellier (Hérault) jeudi, le même jour que celui organisé par la députée Raquel Garrido dans sa circonscription de Seine-Saint-Denis, avec, entre autres, François Ruffin, Clémentine Autain ou Alexis Corbière. Le premier a réuni 1 400 personnes, le second seulement 400.

Le député Alexis Corbière a souhaité que LFI "entende les consignes des organisations syndicales", contrairement à Jean-Luc Mélenchon, qui les a priées de ne pas se mêler du Parlement. La question a été tranchée jeudi soir : lors d'un vote interne serré, le groupe LFI a finalement renoncé à retirer en masse ses amendements.

Interrogé par l'AFP, Matthias Tavel, député et proche de Jean-Luc Mélenchon, s'est voulu rassurant : "Ce n'est pas une rupture politique et stratégique, personne ne dit 'Il faut arrêter la Nupes'". Mais en vue de la présidentielle de 2027, "on n'a pas forcément la même manière de voir comment on gagne : certains pensent que c'est en restant homogènes", comme Manuel Bompard, "d'autres que c'est le pluralisme et la démocratie interne qui vont nous faire grandir", tels Clémentine Autain et Alexis Corbière.

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