Café République. Les Mahorais se sentent loin, très loin, des préoccupations de la présidentielle
Chaque semaine, jusqu'au 23 avril, premier tour de la présidentielle, franceinfo donne la parole à des électeurs. Nouvelle étape jeudi, avec trois habitants de Mayotte qui ont l'impression d'être les oubliés de la République et attendent beaucoup du prochain président.
Comme chaque semaine avant le premier tour de l'élection présidentielle, Café République a donné la parole à celles et ceux qu'on entend peu ou pas pendant les campagnes électorales. Après les Français de l'étranger à Londres, les Français d'origine asiatique, les mamans de banlieue en Seine-Saint-Denis, les médecins et sages-femmes en Ile-de-France ou encore les éleveurs en Lozère, franceinfo est allé, jeudi 20 avril, à la rencontre des habitants de Mayotte, les Mahorais.
Il y a sept ans, cet archipel de l'océan Indien, entre l'Afrique et Madagascar, est devenue le 101e département français après un référendum approuvé à 95% par ses habitants. Mayotte compte 235 000 habitants, plus du double si l'on compte les immigrés des Comores. Nos témoins cette semaine sont Farha, 18 ans, Abdoulatuf, 22 ans, et Asmahani, 32 ans. Tous les trois vivent en métropole.
Un département mal connu, voire inconnu
"Quand on a de l'ambition, estime Farha, c'est mieux de ne pas rester à Mayotte et de faire ses études en Métropole, ça ouvre beaucoup plus de portes". Cette étudiante de 18 ans est installée en région parisienne. Abdoulatuf aussi a choisi de venir faire ses études en France, lui s'est installé à Amiens. Mais, la vie en Métropole n'est pas toujours simple, d'autant que les autres Français ont du mal parfois à situer Mayotte. Farha raconte qu'on lui a demandé si c'est "au Canada". Asmahani, une auto-entrepreneuse de 22 ans installée en banlieue parisienne, explique que souvent les gens confondent les Mahorais "avec les Maoris" de Nouvelle-Zélande. Le problème selon eux, c'est que l'histoire et la géographie de Mayotte ne sont pas étudiés en classe.
À l'école, je n'ai jamais entendu parler de Mayotte à part que c'est devenu le dernier département français.
Farha, 18 ansà franceinfo
Mayotte est aussi un département qui se sent oublié. "Là, pendant l'élection présidentielle, tout le monde va dans les territoires. Sauf que c'est juste pendant l'élection", déplore Asmahani. Après, "on ne les verra plus. On les verra quand il y aura la grosse grève parce qu'on en aura assez d'attendre des résultats, comme aujourd'hui la Guyane", dit-elle.
Exclus des thèmes de la campagne
Les services publics sont insuffisants sur l'archipel. "J'ai l'impression qu'on paye plus que ce que l'on reçoit", relève Asmahani. Cette auto-entrepreneuse, installée en banlieue parisienne, participe aussi à une radio associative créole et caribéenne les week-ends, P2M Radio. Elle regrette que le développement promis par les pouvoirs publics tarde à venir, tout comme la lutte contre l'insécurité.
Nos trois jeunes témoins ont entendu les promesses des politiques. À présent, ils veulent des actes. "Ce que j'attends du prochain président de la République, explique Abdoulatuf, c'est d'achever le processus de départementalisation". Il détaille "les objectifs" du prochain locataire de l'Élysée : "réussir le chantier de l'enseignement primaire", "les infrastructures", "régler le problème du foncier à Mayotte" et "maîtriser le flux migratoire". Aujourd'hui, poursuit-il, "on nous demande de voter utile mais moi aussi je demande au prochain président de la République de faire un mandant utile, en tout cas à Mayotte".
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