Législatives : "Nous voulons gouverner ensemble", dit un responsable de Génération.s, premier à trouver un accord avec La France insoumise
Benjamin Lucas,coordinateur national de Génération.s, considère que la gauche "doit être dans le temps du rassemblement de l'unité pour gouverner le pays ensemble" dès le "mois de juin prochain".
Benjamin Lucas, coordinateur national de Génération.s, ex-porte-parole de Yannick Jadot pendant la présidentielle, et conseiller régional des Hauts-de-France, explique sur franceinfo vendredi 29 avril que son mouvement "veut gouverner ensemble" avec La France insoumise. La formation est la première à avoir trouvé un accord avec le parti de Jean-Luc Mélenchon, sans que le nombre de circonscriptions réservées soit précisément fixé. Génération.s en espère "au moins 10 à 15".
franceinfo : Génération.s est le premier mouvement à adopter un accord avec La France Insoumise : pourquoi ?
Benjamin Lucas : Le plus tôt sera le mieux. Nous considérons qu'on a peu de temps à perdre parce que chaque journée de perdue pour l'unité est une journée dans laquelle nous n'allons pas combattre ensemble, les convaincre ensemble et donc plus tard. Si nous pouvons afficher dès le 1er mai ce beau rassemblement qui donnera de l'espoir dans le pays, il faut le faire. Le 24 avril, l'extrême droite a fait 42% suffrages, un record. L'urgence climatique est là, l'urgence sociale est là, le programme brutal d'Emmanuel Macron est là. Je pense qu'il y a un souci de la responsabilité aujourd'hui dans la gauche et dans l'écologie. Il y a un peuple à gauche qui nous dit que le temps des divisions doit s'effacer, qu'on doit être dans le temps du rassemblement de l'unité pour gouverner le pays ensemble, et que c'est possible au mois de juin prochain.
Est-ce finalement l'acte final de l'éloignement de certains à gauche, comme Génération.s, du Parti socialiste ? Le programme de Benoît Hamon en 2017 n'est pas si éloigné de celui de Jean-Luc Mélenchon aujourd'hui.
Il y a aujourd'hui le besoin de construire une alternative claire qui rompe franchement avec le macronisme et ses dérives. Et donc, c'est normal que ça amène une partie de la social-démocratie à clarifier aussi son intention. Tous les socialistes sincères aujourd'hui ont toute leur place dans ce rassemblement. François Hollande, par la loi Travail et la déchéance de nationalité, avait rompu avec la gauche. Il a été incapable de faire la synthèse entre la gauche radicale et la gauche de gouvernement. Il a choisi de mener une politique libérale, très peu sociale, et même avec la déchéanchance de nationalité, ramener à l'extrême droite son vocabulaire. Il a fait du mal à la gauche et nous sommes en train de reconstruire quelque chose qui donne de l'espoir au pays.
Vous souhaitez remettre un débat droite-gauche au coeur de la campagne des législatives à travers cette union ?
L'union va permettre la clarté. Elle va permettre de confronter les projets et même, au delà, les visions de la société : la vision brutale et injuste d'Emmanuel Macron est une vision que nous défendons en commun chez la gauche et les écologistes, qui est celle du partage, de la justice sociale, de la dignité et de l'engagement pour le climat. Ce n'est pas juste l'addition électorale, c'est la capacité à présenter ensemble un chemin, une vision pour le pays, un projet politique qui réponde à la fois aux urgences du quotidien de nos concitoyens, mais aussi capable de relever les grands défis de l'avenir et notamment le défi climatique. Les désordres climatiques comme les désordres sociaux viennent d'une vision du monde néolibéraliste, qui met en concurrence les individus, régie par la course au profit, à l'accumulation morbide des biens plutôt qu'au partage.
L'idée est-elle de faire bannière commune dans la campagne mais de garder des groupes séparés ensuite à l'Assemblée nationale ?
Nous voulons gouverner ensemble, donc nous voulons une majorité et un gouvernement qui reflète ce rassemblement. Evidemment, il faut respecter la pluralité de chacune et de chacun. On verra ensuite comment s'organisent les groupes. Ce qui est sûr, c'est que nous avons aussi pris l'engagement d'un groupe commun. Par delà les constructions politico-administratives à l'intérieur de l'Assemblée nationale, demain, il faudra pérenniser cette façon de travailler ensemble. L'unité qu'on veut faire, ce n'est pas un coup d'un soir, c'est une relation durable. C'est l'idée qu'on va construire dans la durée la capacité de la gauche et des écologistes à se parler et transformer le pays.
Quelle peut-être la place des écologistes selon vous ?
Yannick Jadot a toute sa place. J'ai été son porte-parole. Les valeurs que nous avons portées dans cette campagne, l'ambition d'une transformation écologique, elle peut trouver un débouché concret si nous gagnons les élections législatives et que nous gouvernons avec ceux dont nous sommes les plus proches, avec nos alliés naturels. Bien sûr qu'il y a des désaccords, mais c'est le cas même dans nos partis. Regardez au Parti socialiste, regardez au sein d'Europe Écologie-Les Verts, nous avons beaucoup de désaccords et de nuances. Est-ce qu'on considère que ce qui nous rassemble est plus fort que cela, ou est-ce qu'on reste finalement à trouver les uns et les autres des prétextes pour ne pas se rassembler ? Moi je crois que s'il y a la volonté, il y aura le chemin.
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