Attaque de la synagogue de La Grande-Motte : où en est l'enquête après la mise en examen du principal suspect ?

L'homme de 33 ans, soupçonné d'être à l'origine de plusieurs départs de feu devant l'édifice religieux, a notamment été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste et placé en détention provisoire.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La synagogue de La Grande-Motte (Hérault), attaquée par un homme de 33 ans, le 24 août 2024. (PASCAL GUYOT / AFP)

Quatre jours après l'incendie devant la synagogue de La Grande-Motte (Hérault), le principal suspect a été mis en examen, mercredi 28 août, pour association de malfaiteurs terroriste et tentative d'assassinats commise en raison de la race ou la religion en relation avec une entreprise terroriste, et placé en détention provisoire. Deux de ses proches ont également été mis en examen. Après l'ouverture d'une information judiciaire par le Parquet national antiterroriste (Pnat), franceinfo fait le point sur les premiers éléments des investigations.

Un homme "radicalisé depuis plusieurs mois", qui nourrissait "une haine des juifs"

Le principal suspect, un Algérien de 33 ans en situation régulière, était inconnu des services antiterroristes. Il avait cependant été condamné en octobre 2022 pour des faits de conduite en état d'alcoolémie. Selon le Pnat, l'homme s'était "radicalisé dans la pratique de sa religion depuis plusieurs mois" et "nourriss[ait] également, de longue date, une haine des juifs, plus spécialement focalisée sur la situation en Palestine". Il avait également "fait part à certains de ses proches de son intention d'aller combattre à Gaza".

Dans les semaines précédant l'attaque, le suspect avait acquis une arme de poing et avait "procédé à diverses recherches internet sur des synagogues de la région, les fêtes juives et la période du shabbat". "Il avait enfin effectué des repérages plus ciblés sur La Grande-Motte", poursuit le Parquet national antiterroriste. Dès sa première audition, le suspect a "reconnu les faits" et a "expliqué avoir agi pour soutenir la cause palestinienne". Il a contesté "toute intention d'homicide, mais concédant avoir eu l'intention de faire peur", précise le parquet.

Le principal suspect n'a pas pénétré dans la synagogue, mais a tenté d'y mettre le feu

Selon les premiers éléments de l'enquête, le principal suspect s'est rendu seul à proximité de la synagogue Beth Yaacov Atlan, dans la nuit du vendredi 23 au samedi 24 août, et a dormi dans sa voiture "une partie de la nuit". A 8h21, avant l'office matinal du shabbat qui accueille de nombreux fidèles, il a franchi le mur de l'enceinte de la synagogue, en l'escaladant, muni de plusieurs bouteilles en plastique remplies de carburant, d'une arme de poing et "d'une hache comportant des mentions écrites de sa main, relatives à la Palestine, à Gaza et au sang des musulmans", détaille le parquet.

Sur les caméras de vidéosurveillance, il apparaît avec un keffieh sur la tête, le visage découvert, et un drapeau palestinien noué autour de la taille. Le suspect n'a pas pénétré à l'intérieur de l'édifice religieux, mais a commencé par allumer des feux à plusieurs endroits à l'extérieur : au niveau des portes d'entrée du bâtiment principal, de la porte de la salle de culte et de celle de la salle commune ainsi que sur le parking. Il a ensuite mis le feu à un premier véhicule et s'est caché derrière "une armoire de climatisation". "Après une trentaine de secondes", l'homme a incendié "une paillote située le long d'un mur du parking" et un deuxième véhicule garé à proximité.

L'homme a ensuite enjambé le mur d'enceinte de la synagogue et a fui les lieux de l'attaque à bord de sa voiture. "Il y déclenchait involontairement un début d'incendie et l'abandonnait à quelques dizaines de mètres de la synagogue", relate le Pnat.

"Lors de l'intervention des premiers secours", une bouteille de gaz qui se trouvait sur le parking a explosé, "occasionnant de légères blessures à un policier municipal". Celui-ci s'est vu reconnaître un jour d'incapacité totale de travail. Cinq personnes, dont le rabbin, se trouvaient "à leurs domiciles", "situés au premier étage du bâtiment", ajoute le Pnat, mais aucune n'a été blessée.

L'individu a été interpellé à Nîmes quinze heures après les faits

A la suite de l'attaque, le principal suspect a rejoint "l'une de ses connaissances" sur un marché du Grau-du-Roi, commune voisine de La Grande-Motte. Cet homme a accepté de le conduire dans l'après-midi jusqu'à "son logement" situé à Nîmes (Gard), à une quarantaine de kilomètres des lieux de l'attaque. Dans son appartement, l'incendiaire a retrouvé un autre de ses proches "avec lequel il avait antérieurement échangé sur un éventuel passage à l'acte", relate le Parquet national antiterroriste. Cet homme est également soupçonné de l'avoir informé de la présence d'effectifs de police plus tard dans la journée. 

En fin de soirée, vers 23h35, une équipe de policiers, comprenant principalement des membres du Raid, est intervenue au domicile occupé par le suspect pour l'interpeller. Ce dernier a ouvert le feu avec son arme de poing, "qu'il savait chargée de munitions à blanc et donc non létales", et a tiré à cinq reprises vers les forces de l'ordre. Le suspect a été blessé au bras et au thorax "par un tir de riposte", et présentait une plaie au visage. Après avoir été hospitalisé, son audition en garde à vue par les enquêteurs avait débuté lundi.

Deux proches de l'incendiaire ont également été placés en garde en vue. L'homme qui l'a pris en charge au Grau-du-Roi a été mis en examen pour recel de malfaiteur terroriste et placé sous contrôle judiciaire. Celui avec lequel le principal suspect "apparaît avoir partagé son projet" a été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et écroué. Une quatrième personne, "un des contacts téléphoniques privilégiés du principal suspect", avait été placée en garde à vue, a appris franceinfo de source judiciaire. Celle-ci a été levée lundi en fin de journée car "aucune charge n'apparaissait susceptible d’être retenue contre lui"

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