Futur gouvernement : qu'attendre des consultations des forces politiques lancées par Emmanuel Macron ?

Plus de six semaines après les élections législatives, le chef de l'Etat n'a toujours pas désigné de Premier ministre. Il reçoit, de vendredi à lundi, les responsables de partis et de groupes parlementaires.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président Emmanuel Macron lors d'un discours à l'occasion des 80 ans de la libération de Bormes-les-Mimosas (Var), le 17 août 2024. (MANON CRUZ / AFP)

Le président fait durer le suspense. Emmanuel Macron reçoit, vendredi 23 août, les chefs de groupes parlementaires et les chefs de partis à l'Elysée. Objectif de "cette série d'échanges" : nommer un nouveau Premier ministre malgré une Assemblée nationale sans majorité évidente depuis le second tour des élections du 7 juillet.

Le temps presse : il s'est écoulé 47 jours depuis les élections et la France n'a toujours pas de nouveau gouvernement. Un record dans l'histoire de la Ve République, qui irrite la gauche, arrivée en tête à l'Assemblée avec 193 députés mais loin du seuil de la majorité absolue (289). Franceinfo vous résume ce qu'il faut attendre de ces rencontres.

Les forces politiques reçues vendredi et lundi

Emmanuel Macron, qui avait invoqué une "trêve politique" pendant les Jeux olympiques, a aussi laissé passer les commémorations du débarquement de Provence avant de convoquer à l'Elysée les chefs de partis politiques et les présidents de groupes au Sénat et à l'Assemblée nationale. Les chefs des principales composantes du Nouveau Front populaire (NFP), dont Olivier Faure pour le PS, Marine Tondelier pour les Ecologistes, Emmanuel Bompard pour La France insoumise et le communiste Fabien Roussel, seront accompagnés par leur candidate à Matignon, Lucie Castets. Ils seront reçus les premiers, à 10h30 vendredi. Un choix que justifie l'Elysée par le fait que le NFP est la première force politique de l'Assemblée nationale.

La droite de Laurent Wauquiez se présentera dans l'après-midi. La leader du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, le patron du parti Jordan Bardella et leur allié, encore président des Républicains, Eric Ciotti, qui n'ont aucune intention de participer à un quelconque gouvernement de coalition, seront reçus lundi à 10 heures.

Un Premier ministre nommé "dans le prolongement" des consultations

L'objectif d'Emmanuel Macron est de sonder les forces politiques en vue de la nomination d'un Premier ministre. Elle "interviendra dans le prolongement de ces consultations et de leurs conclusions", a fait savoir l'Elysée à la presse vendredi 16 août. Pour l'instant, le président ne déroge de ses propos exprimés dans sa lettre envoyée aux Français le 10 juillet dans laquelle il appelait les forces politiques à s'entendre. "Les Français ont exprimé lors des élections législatives une volonté de changement et de large rassemblement. Dans un esprit de responsabilité, l'ensemble des dirigeants politiques doivent travailler à mettre en œuvre cette volonté", expliquait encore l'entourage du chef de l'Etat. 

Difficile, pour l'instant, de savoir quelle décision prendra Emmanuel Macron. Tenu par sa décision de dissolution, le président de la République doit composer pendant au moins un an avec cette Assemblée. Il a en tout cas rejeté l'hypothèse Lucie Castets dès le 23 juillet. D'autres noms circulent, comme celui de l'ancien ministre de l'Intérieur socialiste Bernard Cazeneuve ou du président de droite de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand. Ils sont à prendre avec prudence. Peu d'observateurs politiques connaissaient le nom de l'ancien Premier ministre Jean Castex lors de sa nomination en 2020.

Les forces politiques dans l'expectative

Les différentes forces de l'Assemblée attendent de rencontrer Emmanuel Macron pour se prononcer sur la suite. Le NFP maintient sa volonté de faire nommer Lucie Castets au poste de Première ministre. Les forces de gauche se sont d'ailleurs montrées satisfaites que leur candidate soit aussi reçue par Emmanuel Macron. De là à y voir un signe ? La candidate de gauche compte dire au président de la République que "l'immobilisme a duré trop longtemps, et [que] personne ne le comprend", a-t-elle confié à Libération. La haute-fonctionnaire maintient qu'elle saura "trouver des accords" au Parlement.

A droite, un accord scellé avec Les Républicains de Laurent Wauquiez a permis la reconduction de la présidente sortante Yaël Braun-Pivet à la tête de l'Assemblée nationale mi-juillet. Les députés de droite sont cependant contre tout accord de gouvernement. Le député LR de Moselle, Fabien Di Filippo, a ainsi rappelé vendredi sur franceinfo que son parti "ne souhait[ait] pas participer à une coalition". Jugeant que le centre du pouvoir se trouvait désormais à l'Assemblée, le 11 juillet, Laurent Wauquiez, avait plutôt proposé un "pacte législatif". Les LR promettent une motion de censure à tout gouvernement qui comprendrait des ministres issus de LFI.

Après sa défaite, le RN, troisième force de l'Assemblée, maintient de son côté le mystère sur ses intentions et sa stratégie vis-à-vis du futur gouvernement. Inscrites dans l'opposition et sans volonté de participer au futur gouvernement, les deux têtes d'affiches du RN n'ont pas grand-chose à espérer de ce rendez-vous, déjà qualifié par le député RN Franck Allisio d'"artifice de communication" macroniste sur France Inter. Cette réunion sera cependant l'occasion de rappeler qu'avec 126 députés – 142 avec ses alliés proches d'Eric Ciotti – contre 89 dans la précédente législature, le RN entend peser dans l'hémicycle. Le groupe est "assez nombreux", en effet, "pour déposer des motions de censure", a prévenu la vice-présidente du RN, Edwige Diaz, sur franceinfo mardi. Un avertissement qui vaut tout particulièrement pour le NFP.

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