Reconversion dans le privé, haute fonction publique, mandat local… Que sont devenus les anciens ministres d'Emmanuel Macron ?
Ils sont huit à quitter le gouvernement Borne après le remaniement annoncé jeudi 20 juillet. Certains ont déjà commencé à préparer l'après, comme l'ex-secrétaire d'Etat à l'Economie sociale et solidaire et à la Vie associative, Marlène Schiappa, qui se verrait bien rejoindre le groupe Publicis, selon Le Monde. Avant elle, de nombreux ministres sortants d'un gouvernement d'Emmanuel Macron ont décroché d'importants postes dans le privé, quand d'autres ont été nommés dans la haute fonction publique.
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Si les ministres sortants n'ont pas droit au chômage, ils peuvent toucher une indemnité durant trois mois s'ils se retrouvent sans activité. Dans les faits, rares sont ceux qui ont des difficultés à retrouver un travail après avoir ajouté un portefeuille ministériel à leur CV.
Ceux qui sont (re)partis dans le privé
C'est une piste d'atterrissage récurrente pour les anciens membres de gouvernement sous Emmanuel Macron. Beaucoup de macronistes de la première heure venaient du monde de l'entreprise et y sont retournés. Julien Denormandie avait créé une start-up avant d'être nommé au gouvernement Philippe en juin 2017. Après avoir géré les portefeuilles de la Ville et de l'Agriculture, il a été embauché comme chief impact officer dans un cabinet conseillant les entreprises pour réduire leur empreinte carbone, trois mois après avoir quitté la rue de Varenne. L'ex-secrétaire d'Etat au Numérique Mounir Mahjoubi a quant à lui lancé une plateforme de vente de biens d'occasion.
L'ancienne porte-parole du gouvernement Philippe II Sibeth Ndiaye est quant à elle devenue secrétaire générale du groupe Adecco, spécialisé dans l'intérim. Après avoir été secrétaire d'Etat à la Transition écologique, Brune Poirson est retournée dans le privé comme directrice développement durable dans le groupe hôtelier Accor. Quant à Elisabeth Moreno, ex-ministre déléguée à l'Egalité femmes-hommes, elle a rejoint au printemps le Conseil pour la diversité de Sanofi, un poste rémunéré, selon un porte-parole du groupe pharmaceutique cité par l'AFP.
Le passage du gouvernement au monde des entreprises est rarement bloqué, mais Cédric O en a fait les frais. En juin 2023, le Conseil d'Etat a confirmé l'interdiction pour l'ex-secrétaire d'Etat au Numérique de devenir administrateur du groupe informatique Atos, afin d'éviter tout conflit d'intérêts, confirmant l'avis de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
Ceux qui sont retournés au Parlement
Quand le tandem exécutif leur a proposé d'entrer au gouvernement, ils ont abandonné leur mandat parlementaire, confié à leur suppléant. Une fois débarqués, ils peuvent récupérer automatiquement leur siège "au plus tard un mois après la cessation de leurs fonctions gouvernementales", comme le prévoit la Constitution. "Je savais que je redevenais député, ce qui est un honneur", confie à franceinfo Stéphane Travert, nommé à l'Agriculture en juin 2017 avant d'être remplacé en octobre 2018, et heureux d'avoir retrouvé sa circonscription de la Manche. Son successeur Didier Guillaume avait en revanche décidé de démissionner de son mandat de sénateur de la Drôme après avoir été à son tour débarqué en juillet 2020. Un choix que n'a pas fait Jean-Baptiste Lemoyne, redevenu sénateur de l'Yonne le 21 juin 2022, après deux ans comme ministre en charge du Tourisme puis des PME à partir de juillet 2020.
A la fin du premier mandat d'Emmanuel Macron, en mai 2022, plusieurs ministres sont partis en campagne pour les législatives afin de conserver leur mandat de député, mis de côté durant leur passage au gouvernement Castex. Barbara Pompili a ainsi été réélue députée dans la Somme après à peine deux ans au ministère de la Transition écologique, et Nadia Hai est retournée au Palais-Bourbon, victorieuse dans les Yvelines, après un an et dix mois comme ministre déléguée en charge de la Ville.
Ceux qui ont privilégié un mandat local
Le remaniement a poussé certains à quitter Paris. Après un an et demi place Beauvau, Gérard Collomb est redevenu maire de Lyon, en novembre 2018, grâce à un vote du conseil municipal. Candidat malheureux à la présidence de la métropole de Lyon, l'ancien ministre de l'Intérieur a sauvé son siège de conseiller à la mairie et à la métropole lors du scrutin de juin 2020.
François Bayrou, éphémère ministre de la Justice en 2017, poussé vers la sortie à cause des ennuis judiciaires du MoDem, a conservé la mairie de Pau et la présidence de son parti. S'il a quitté le gouvernement, le centriste continue d'échanger régulièrement avec Emmanuel Macron. Il a en outre été nommé Haut-Commissaire au Plan par le chef de l'Etat en septembre 2020.
Ceux qui ont été nommés au Conseil constitutionnel
Le ministère de la Cohésion des territoires peut mener à la rue de Montpensier. Sur proposition d'Emmanuel Macron, l'ancien ministre Jacques Mézard a rejoint les Sages en mars 2019, après avoir été en charge du portefeuille de l'Agriculture puis de la Cohésion des territoires. Sa remplaçante Jacqueline Gourault a, elle aussi, intégré le Conseil constitutionnel en mars 2022.
Comme le prévoit la loi, Emmanuel Macron peut nommer trois des neuf membres de l'institution pour un mandat de neuf ans non renouvelable. Ces nominations doivent être validées par un vote des commissions des lois du Sénat et de l'Assemblée.
Ceux qui ont été affectés à un grand corps d'Etat, un établissement public ou l'administration
De nombreux postes prestigieux sont accessibles via des décisions présidentielles dont plusieurs anciens ministres ont bénéficié. Porte-parole du gouvernement, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement puis ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner a été exfiltré en juillet 2020 face à la grogne des syndicats policiers et a retrouvé son siège de député des Alpes-de-Haute-Provence. En 2022, quatre mois après sa défaite aux législatives, un arrêté ministériel lui permet d'intégrer le conseil de surveillance du port de Marseille, dont il est élu président le 25 novembre 2022. Une semaine plus tôt, un décret présidentiel l'avait déjà nommé président du conseil d'administration de la société concessionnaire française du tunnel du Mont-Blanc, une entreprise détenue par l'Etat. L'ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn a, elle aussi, été propulsée par décret à la Cour des comptes dès septembre 2022.
Défaite aux élections législatives de juin 2022, Brigitte Bourguignon a dû quitter le gouvernement et le ministère de la Santé, selon la règle fixée par Emmanuel Macron. Ce dernier l'a nommée inspectrice générale des affaires sociales deux mois plus tard, par décret. Amélie de Montchalin, débarquée elle aussi après un revers aux législatives, a obtenu le poste d'ambassadrice auprès de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), sur une décision prise en Conseil des ministres fin novembre 2022. Elle a succédé à Muriel Pénicaud, une autre ex-ministre à qui ce poste prestigieux avait été confié.
Par décret du chef de l'Etat, l'ancienne ministre du Logement Emmanuelle Wargon a obtenu en août 2022 la présidence de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), une autorité administrative indépendante chargée de contrôler les marchés de l'électricité et du gaz. Elle n'a pas obtenu le soutien d'une majorité parlementaire mais a pourtant pu accéder au poste, car le quota de voix requis pour contredire la volonté présidentielle n'a pas été atteint.
Ceux qui se sont recasés dans les médias
Plus rarement, des ministres se tournent vers les plateaux télé, comme Roselyne Bachelot. L'ancienne ministre de la Culture a d'ailleurs vu son souhait de reconversion chez Radio France retoqué par la HATVP en juillet 2022. Elle a en revanche été autorisée à redevenir chroniqueuse sur RTL et rejoindre BFMTV.
Benjamin Griveaux est lui aussi parti à la conquête du petit écran, en animant une émission sur la chaîne économique B Smart en 2021 et 2022. Un choix "pleinement en ligne avec [son] activité de conseil auprès de dirigeants d'entreprises" avait déclaré au Journal du dimanche l'ancien porte-parole du gouvernement Philippe II, qui a en parallèle créé plusieurs entreprises depuis qu'il s'est éloigné de la vie politique.
Et les autres
L'exécutif confie parfois des missions spéciales à d'ex-ministres. C'est le cas de l'ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, "envoyé personnel pour le Liban" depuis début juin. L'objectif est de "faciliter" une solution "consensuelle et efficace" à la grave impasse politique dans laquelle se trouve le pays, a expliqué l'Elysée à propos de celui a dirigé le Quai d'Orsay durant cinq ans. L'ancien ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer est, lui, devenu professeur de droit public à l'université Paris II.
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