Chômage : ce qu'il faut savoir de ce faible taux, jamais vu depuis 15 ans
Le taux de chômage vient d’être publié : 7,2% selon l’Insee. On n’a pas vu ça depuis 2008. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Le taux de chômage est resté quasiment stable au quatrième trimestre 2022, à 7,2% de la population active en France (hors Mayotte) contre 7,3% au troisième, soit une très légère baisse par rapport au 3e trimestre avec 45 000 chômeurs de moins, selon les chiffres publiés mardi par l'Insee. Cela fait 15 ans, depuis début 2008, juste avant la crise financière, qu’on n'a pas connu de tels niveaux en France.
Malgré l’envolée des prix de l’énergie, malgré la hausse des taux, les tensions d’approvisionnement, les entreprises ont continué à embaucher et majoritairement en CDI, en contrats à durée indéterminée, le nombre de CDI augmente d’ailleurs sur le dernier trimestre. Signe aussi que le marché du travail reste dynamique : il y a eu aussi beaucoup de nouvelles entreprises, dont certes, des auto-entreprises. Bien entendu, le gouvernement y verra les résultats de sa politique pro-business de ses dernières années, avec notamment les baisses d’impôts sur les sociétés.
Pas de "grande démission"
On peut donc dire qu'il n'y a pas de "grande démission" en France. Et même loin de là. S'il y a peut-être un autre rapport au travail, notamment depuis le Covid-19, le nombre de personnes en activité reste élevé : 68%. Cela fait 50 ans qu’il n’a pas été aussi haut d’ailleurs. Mais, justement, cela interroge les économistes, car, en même temps, la croissance est atone.
Cela signifie qu’il y a plus de travailleurs qu’avant pour créer autant, voire moins de richesses, soit en fait que la productivité baisse. Concrètement, cela tient à plusieurs choses. La première : aux apprentis. Avec les aides du gouvernement, on a dépassé plus de 800 000 contrats signés l’an dernier, un record. Ils participent largement à la baisse du chômage : ce sont des salariés comme les autres, sauf qu’ils mettent un peu plus de temps à faire les missions confiées, par rapport à des travailleurs plus expérimentés. Visiblement, aussi, les entreprises qui craignent des pénuries de main d’œuvre gardent dans leurs effectifs des salariés, même alors que leurs carnets de commandes baissent un peu.
Les économistes restent très prudents pour cette année 2023, car on observe un coup de frein sur les créations d’emplois fin 2022, selon l’Insee. Notamment dans le secteur des services ou du commerce. Et puis, enfin, le nombre de défaillances d’entreprises augmente. Le taux de chômage de longue durée, de personnes en recherche depuis un an au moins, reste aussi stable.
Cette année, il faudra voir aussi les effets de la réforme de l’assurance chômage qui est entrée en vigueur en février. Va-t-elle réellement pousser les chômeurs à reprendre un travail plus vite, comme l’espère le gouvernement ? Le gouvernement qui, rappelons-le, a toujours pour objectif d’atteindre le plein emploi - 5% - d'ici à la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron, en 2027.
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