Elections européennes 2024 : Hongrie, Allemagne, Italie... Quels sont les points chauds du scrutin à surveiller ?
Vingt-sept pays, et autant de campagnes. Avec plus de 370 millions de citoyens appelés aux urnes, les élections européennes du 9 juin représentent l'un des plus grands scrutins au monde. A tel point qu'il peut être difficile de s'y retrouver dans cette course au Parlement européen, qui débouchera sur la désignation de 720 eurodéputés. En France, ce vote est parfois présenté comme un test pour le gouvernement en exercice, une sorte d'élection de mi-mandat. Il en est de même chez certains de nos voisins. Tour d'horizon des pays où des changements notables pourraient avoir lieu dimanche.
En Hongrie, un jeune parti face à l'eurosceptique Viktor Orban
Trois ans après sa création, le parti Tisza a vu sa popularité grimper en flèche ces derniers mois. Avec environ 25% des intentions de vote, il s'affiche en deuxième place dans les sondages derrière le Fidesz, le parti nationaliste du Premier ministre hongrois, Viktor Orban, donné premier à 48%. Après avoir mis au pas les tribunaux et les médias de son pays, le chef du gouvernement a fait campagne en propageant de fausses informations, accusant notamment l'UE de préparer un service militaire obligatoire pour ensuite envoyer les Européens combattre en Ukraine face à la Russie, rappelle RFI.
Face au tout-puissant Premier ministre, c'est un ancien cadre du Fidesz, Peter Magyar, qui s'est imposé comme la principale alternative en vue des élections européennes. L'avocat de 43 ans a rejoint Tisza en mars 2024, jurant de combattre "l'oligarchie qui ruine le pays", comme l'a rapporté France Culture. Il veut aussi remettre la Hongrie sur le chemin de l'Europe, après des années de brouille entre Budapest et Bruxelles concernant le respect de l'indépendance de la justice.
Lors des élections européennes, la Hongrie doit élire 21 eurodéputés.
En Allemagne, l'extrême droite pourrait signer son meilleur score en dépit des scandales
Outre-Rhin, les débats ont notamment porté sur l'aide militaire offerte à l'Ukraine. Loin d'apprécier ces livraisons d'armes, une partie de l'électorat de gauche réclame un coup de frein et pourrait sanctionner le chancelier Olaf Scholz et son parti, le SPD. Selon les derniers sondages, les sociaux-démocrates ne devraient pas faire mieux que lors du scrutin de 2019, où ils avaient obtenu 15,82% des suffrages. Au même niveau, on retrouve les Verts allemands (crédités à 13%), en baisse comme leurs camarades européens. Loin devant, l'opposition conservatrice (CDU-CSU) culmine à environ 33% d'intentions de vote.
Dans ce contexte, le parti d'extrême droite AfD (Alternative pour l'Allemagne) espère réaliser sa meilleure performance aux européennes. En 2019, sa liste avait séduit près de 11% des électeurs. Cinq ans plus tard, l'AfD est en tête chez les 14-29 ans et pourrait recueillir 16% des suffrages. Sauf si les scandales accumulés par le parti jouent contre lui.
Entre les révélations sur une réunion "secrète" concernant un plan d'expulsion massif de personnes d'origine étrangère et les propos révisionnistes de sa tête de liste, Maximilian Krah, sur l'Allemagne nazie, l'AfD est en effet dans la tourmente. Quel que soit le résultat, ses alliés européens (dont le Rassemblement national en France) ont annoncé qu'ils ne siégeraient plus avec ses élus à Strasbourg.
Pour les élections européennes, l'Allemagne doit élire 96 eurodéputés.
En Pologne, un coude-à-coude attendu malgré un récent virage politique
Même après avoir été chassé du pouvoir en octobre 2023 par le pro-européen Donald Tusk et sa Coalition civique centriste, le parti ultraconservateur PiS reste bien placé dans les sondages. Ces formations rivales, qui se succèdent à la tête du pays depuis vingt ans, sont toutes deux créditées d'environ 30% des intentions de vote. Avortement, liberté de la presse, rôle de l'Europe... La Coalition civique et le PiS s'opposent sur de nombreux sujets, signe de la polarisation grandissante du pays.
En parallèle, le parti d'extrême droite Konfederacja, créé en 2019, semble bien engagé pour envoyer ses tout premiers élus à Strasbourg. Selon les sondages, il capterait environ 10% des votes, ce qui lui permettrait de décrocher au moins cinq sièges au Parlement européen.
Pour les élections européennes, la Pologne doit élire 53 eurodéputés.
En Bulgarie, un scrutin très tendu après un scandale d'écoutes téléphoniques
Le week-end du 9 juin, les Bulgares sont appelés à effectuer un "vote 2 en 1", en déposant un bulletin pour les européennes ainsi que pour leurs législatives – le tout dans un contexte délicat. Fin mai, des écoutes des cadres du parti libéral PP ont fuité dans la presse. On y entend Assen Vassilev, codirigeant du PP et ancien ministre des Finances, dire que le parti dispose de "beaucoup d'argent non officiel en liquide". De quoi questionner l'état de la démocratie dans le pays.
Deux mois après la chute du gouvernement pro-européen de Nikolaï Denkov, et à quelques jours du double scrutin, la Bulgarie reste plongée dans une sérieuse crise politique. Le PP ne devrait arriver que second dimanche, avec environ 17% des voix, loin derrière le Parti démocratique bulgare (PPE) donné en tête avec 25 ou 27% des suffrages, selon les enquêtes. En embuscade, la liste d'extrême droite de Kostadin Kostadinov, hostile à l'Europe, à l'Otan, mais proche de la Russie, pourrait réaliser son meilleur score en recueillant 15% des votes.
Lors des élections européennes, la Bulgarie doit élire 17 eurodéputés.
En Italie, l'extrême droite de Giorgia Meloni en quête d'un nouveau succès
En 2019, les populistes de la Ligue du Nord étaient arrivés premiers aux européennes en Italie avec environ 34% des suffrages. Cinq ans plus tard, le parti d'extrême droite Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni a conquis le pouvoir et fait la course en tête dans les sondages, autour de 27% d'intentions de vote. Il serait talonné par le Parti démocrate (autour de 20%) et les populistes du Mouvement 5 étoiles (16%). La Ligue a, elle, dégringolé, et devrait difficilement atteindre 10% des votes.
Depuis qu'elle est "Premier ministre" (elle refuse la féminisation du titre), Giorgia Meloni a verrouillé le pouvoir et rogné sur la politique sociale, supprimant notamment le revenu de citoyenneté (l'équivalent du RSA). Si les pronostics venaient à se vérifier, elle signerait un coup double en s'imposant comme une figure du nationalisme ultraconservateur non seulement en Italie, mais aussi au sein de l'UE.
Pour les élections européennes, l'Italie doit élire 76 eurodéputés.
En Espagne, le retour en force des partis historiques face à des extrêmes en berne
Le clivage gauche-droite est plus que jamais d'actualité chez nos voisins ibériques. Les deux partis traditionnels, le Parti populaire (PP) et le Parti socialiste ouvrier (PSOE) dépassent tous les deux 30% des intentions de vote dans les sondages. Si cela se confirmait dimanche, la droite signerait sa plus grosse progression, avec un bond d'environ 10 points comparé aux dernières européennes.
A l'extrême droite, le parti Vox évolue lentement depuis 2019 et a traversé des trous d'air ces deux dernières années. La formation ultranationaliste, qui réclame "une Europe des patriotes", comme l'a rapporté France 24, peut tout de même espérer passer de 6 à 10% des suffrages environ, et ainsi doubler son nombre de députés (de trois à six élus).
Les perspectives sont bien plus sombres pour le parti de gauche radicale Podemos, qui avait récolté 10,07% des votes en 2019 et six sièges au Parlement européen. Il n'est plus crédité que de 3% dans les sondages, dépassé par le jeune mouvement de gauche Sumar (qui pointe autour de 8%), fondé il y a moins de deux ans.
Lors des élections européennes, l'Espagne doit élire 61 eurodéputés.
En Belgique, des risques d'interférence avec les élections régionales et fédérales
Le week-end des 8 et 9 juin s'annonce hautement électoral chez nos voisins belges. En plus de ses eurodéputés, la Belgique doit désigner ses nouveaux représentants au niveau régional et fédéral. Difficile pour les candidats au Parlement européen de se faire entendre lorsque les débats portent sur la scission du pays en deux, comme le relate Euronews. C'est en effet ce que proposent les nationalistes flamands du Vlaams Belang, premiers dans les sondages en Flandre et pour le Parlement fédéral, avec environ 26% des intentions de vote.
Cela ne devrait toutefois pas empêcher les Belges de voter aux européennes, et en masse. Car dans le pays, le vote est obligatoire, et ne pas se rendre aux urnes est passible d'une amende. Lors du dernier scrutin européen, en 2019, l'abstention avait atteint 11,5% (contre 49,9% en France).
Pour les élections européennes, la Belgique doit élire 22 eurodéputés.
En Irlande, les candidats indépendants favoris des sondages devant ceux du parti au pouvoir
Il fait bon avoir son propre ticket sur l'île d'Emeraude. D'après une récente enquête du Journal et de l'institut Ireland Thinks, les Irlandais pourraient voter en majorité pour des candidats indépendants, dimanche. Une tendance soulignée par un autre sondage relayé par la RTE, la télévision publique irlandaise, qui donne les indépendants premiers avec 23% des intentions de vote.
Un cran en dessous, le parti centriste Fine Gael (actuellement au pouvoir) devrait arriver au même niveau que les républicains de Fianna Fail et les nationalistes du Sinn Fein, tous crédités d'environ 17%. Si ces projections se confirmaient, cela constituerait un sérieux revers pour Fine Gael, qui avait récolté 29,6% des votes en 2019. Mais aussi pour le Sinn Fein, deux ans seulement après sa victoire historique aux législatives.
Pour les élections européennes, l'Irlande doit élire 14 eurodéputés.
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