Législatives : tous les enjeux de l'élection
Des enjeux politiques nationaux et locaux. Des histoires de personnes, des dissidents et des guerres de clans. A quelques heures du premier tour des législatives, petit tour des principaux points à surveiller.
"Troisième tour" de la présidentielle, les législatives ne passionnent pas les foules. Pourtant, elles combinent enjeux nationaux et enjeux locaux, combats acharnés et dissidences fratricides. Et déboucheront sur l’élection de 577 députés chargés de voter ou non, proposer ou amender, les lois durant ces cinq prochaines années. Tour d’horizon des questions à surveiller au soir du premier tour.
---> La carte des endroits où ça chauffe
• Majorité versus cohabitation
Au niveau national, le principal enjeu est de savoir de quelle majorité sera faite l’Assemblée. En effet, le Premier ministre doit en être issu. Si la gauche l’emporte, le président de la République et le gouvernement seront du même bord et pourront mener de concert la politique qu’ils souhaitent. Si la droite l’emporte, François Hollande devra nommer un Premier ministre issu de l’UMP et une période dite de cohabitation commencera.
Le président de la République a donc appelé les Français à lui donner une majorité "large, solide et loyale" tandis que l'UMP rejoue la même partition que le PS en 2007 sur le thème "ne-pas-donner-tous-les-pouvoirs-à-un-même-bord". François Bayrou, lui, met en garde contre une "cohabitation de guerre".
Les derniers sondages donnent la gauche en position favorable.
• Chacun pour soi !
L’enjeu dans l’enjeu pour le PS, c’est d’obtenir la majorité absolue (au moins 289 sièges) afin de s’éviter d’épineuses négociations avec ses partenaires de gauche (essentiellement Europe Ecologie-Les-Verts et le Front de gauche) sur de nombreuses lois.
EELV et Front de gauche, de leur côté, espèrent avoir au minimum 15 députés pour former un groupe politique autonome dans l’hémicycle.
Pour cela, deux stratégies : les écolos ont conclu un accord électoral avec le PS. Il leur réserve 66 circonscriptions. Enfin, sur le papier, car au final ça coince.
Les couacs à gauche. Des candidatures alternatives ont finalement vu le jour dans 32 d'entre elles. Et même sans candidat rebelle, ça n'est pas la fête. "Le Vert est dans le fruit", rient jaune les militants du PS marseillais qui font campagne à reculons pour un "parachuté" écolo. La gauche de la gauche, elle, n’a pas souhaité y participer.
Et quand ce ne sont pas les accords qui coincent, le redécoupage électoral de 2010 crée des surprises. Notamment en Seine-Saint-Denis, où certains candidats du cru se retrouvent à faire campagne en terre inconnue, de nouveaux quartiers s'étant invités dans leur circonscription.
Les questions d'argent Sans accord, les partis politiques présentent le plus de candidats possible, histoire de profiter du système avantageux de remboursement des frais de campagne et de subvention par voix. Une voix = 1,59 euro, un parlementaire = 42 228 euros : les législatives sont le véritable tiroir-caisse des partis politiques.
• Quelle place pour le FN ?
Aux élections législatives, tout candidat ayant obtenu les voix d'au moins 12,5% des inscrits peut se maintenir au second tour. Un seuil en réalité plus élevé qu'il n'y paraît, car plus l'abstention est forte, plus le score à obtenir (qui correspond, lui, au pourcentage des exprimés) doit l'être également. Mais il arrive que trois candidats y parviennent, provoquant donc une triangulaire.
Cette année, le Front national pourrait en imposer entre une et 225, selon une modélisation proposée par Le Figaro. Plutôt une centaine, si l'on se base sur les derniers sondages. Ces triangulaires sont plus défavorables à l'UMP. Qui se trouve parfois des points communs avec le FN. Comme autour de l'étang de Berre, où la candidate frontiste fait à peine campagne, puisque la flamme bleu-blanc-rouge sur son affiche suffit à lui faire gagner des voix, tandis que sur les marchés, le duo UMP se démène.
Autre question importante, celle des alliances avec le FN. Si Marine Le Pen a affirmé "ne pas être fermée" à "une entente au cas par cas" avec l’UMP, Jean-François Copé s’est montré clair : "Il n’y aura pas d’accord électoral" avec le Front. Quoique, certains candidats s'interrogent ouvertement.
• Les têtes d’affiche à suivre
Parmi les 577 circonscriptions, certaines accueillent des personnalités politiques d’envergure, dont certaines jouent gros.
A gauche d’abord, 24 membres du gouvernement Ayrault sur 34 sont candidats aux législatives. Si tous ne sont pas en danger, ceux qui perdront devront démissionner.
Muselier/Carlotti A Marseille, un scrutin chaud comme un OM-PSG
L'épée de Damoclès traîne aussi au-dessus de quelques têtes à droite. D’abord, 24 ministres sortants sont candidats. Et certains leaders de l'UMP se retrouvent en position difficile.
Laurent Wauquiez menacé en Haute-Loire ?
NKM, Bertrand et Copé, trois ténors bousculés dans leur circonscription
L'enjeu est d'autant plus important que la guerre du leadership a commencé à l'UMP. Sur les rangs : François Fillon, Jean-François Copé mais aussi Alain Juppé et Bruno Le Maire.
Sous les feux de la rampe, on trouve aussi Hénin-Beaumont, qui voit s'affronter Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon dans un climat plus que tendu et procédurier.
A Hénin-Beaumont, UMP et PS dans l'ombre des Fronts
Dans le Nord, Christian Vanneste s'est engagé dans un combat fratricide face à son "fils spirituel", Gérald Darmanin, un de ses anciens très proches collaborateurs investi par l'UMP. A Drancy, le Nouveau Centre sortant, Jean-Christophe Lagarde, a sorti la veste porte-bonheur de 2001 et table sur son action locale pour l'emporter là où François Hollande a fait 66,4% au second tour.
A l'autre bout de la France, c'est François Bayrou qui lutte désespérément pour sa survie politique et sa réélection dans son "fief béarnais". Quitte à pointer son nez dans un quartier où on le voit rarement, l’Ousse des bois à Pau. Tandis que dans la circonscription d'à côté, Jean Lassalle, dernier député MoDem, décrit sa situation comme "désespérante et désespérée".
Enfin, des candidats poursuivis en justice se maintiennent, comme notamment la socialiste Sylvie Andrieux, renvoyée devant le tribunal correctionnel en pleine campagne.
• Le flop des députés pour les Français de l'étranger
C'est la nouveauté de cette année. Depuis le redécoupage électoral de 2010, onze nouvelles circonscriptions ont été créées pour représenter les Français de l'étranger, expatriés et bi-nationaux.
Dans des circonscriptions à plusieurs fuseaux horaires, la campagne a été rock'n' roll pour certains candidats. Au premier tour, la gauche a créé la surprise en arrivant en tête dans 7 des 11 circonscriptions, mais l'abstention frôle les 80%.
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