Jean-Marie Le Pen

Jean-Marie Le Pen est un homme politique né le 20 juin 1928 à La-Trinité-sur-Mer (Morbihan). Elu pour la première fois député à l'Assemblée nationale en 1956 alors qu'il n'a pas encore 30 ans, il décide de quitter pour six mois les dorures de l'Assemblée afin de regagner les rangs des parachutistes, avec lesquels il participe à la bataille d'Alger. 

De retour à Paris, Le Pen reste obsédé par l'Algérie française. Il crée avec quelques autres anti-gaullistes le Front national des combattants, puis le Front national pour l'Algérie française. Quelques années plus tard, il dirige la campagne de Jean-Louis Tixier-Vignancour, candidat de l'extrême droite à l'élection présidentielle de 1965 face au général de Gaulle.

Mais les années 1960 sont avant tout synonymes de défaites électorales pour Jean-Marie Le Pen, qui échoue à deux reprises aux législatives. Il faut attendre 1972 pour le voir revenir sur le devant de la scène. Cette année-là, le groupe néo-fasciste Ordre nouveau cherche à élargir son audience en fédérant plusieurs groupuscules d'extrême droite. Et propose à Jean-Marie Le Pen de prendre la tête de l'attelage. Le Front national est né.

1974, la première présidentielle

Recueillant seulement 0,75% des voix à la présidentielle de 1974, Jean-Marie Le Pen ne parvient pas à obtenir les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à celle de 1981. Mais en 1983, les 16% recueillis par la liste FN lors d'une élection municipale à Dreux (Eure-et-Loir) provoquent une première secousse politique. Année après année, d'élections en élections, la vague monte.

En 1984, Jean-Marie Le Pen est élu député européen, un mandat qu'il a toujours conservé depuis. En 1988, à la faveur de la réintroduction du système de la proportionnelle, il fait son grand retour à l'Assemblée nationale, en compagnie de 34 colistiers FN. Rien ne semble pouvoir contrecarrer l'inéluctable progression du Front national, pas même les dérapages à répétition de son chef. Propos sur les chambres à gaz "détail de l'histoire", "Durafour crématoire", discours sur "l'inégalité des races", agression d'une candidate socialiste aux législatives à Mantes-la-Jolie… Des épisodes – parmi d'autres – qui lui vaudront d'être régulièrement condamné par les tribunaux.

Le "séisme" du 21 avril 2002

Il doit encore patienter, jusqu'en 2002, pour atteindre l'apogée de sa carrière politique. Cette année-là, le dirigeant frontiste se présente à sa quatrième présidentielle, un exercice où il s'est habitué à des scores honorables (14,4% en 1988 et 15% en 1995). Dans son programme, le Breton propose une "préférence nationale" à tous les étages et promet d'"expulser immédiatement tous les immigrés en situation irrégulière".

Le jour du premier tour, un 21 avril, Jean-Marie Le Pen provoque l'un des plus gros séismes de la Ve République en se qualifiant, à la surprise générale, pour le duel final face à Jacques Chirac. Avec près de 5 millions de voix, soit 16,86% des suffrages, le candidat frontiste devance le Premier ministre socialiste, Lionel Jospin, bloqué à 16,18%, et permet à son parti d'entrer dans une nouvelle ère.

Pour Jean-Marie Le Pen, la suite s'apparente à un lent déclin personnel. Au second tour, victime d'un "front républicain", il ne recueille que 17,79% des suffrages. En 2007, pour sa dernière présidentielle, il est sorti dès le premier tour avec 10,44% des voix. En 2010, à 81 ans, il officialise ses adieux à la scène en renonçant à un nouveau mandat à la tête de son parti.

Poussé vers la sortie

Parralèllement, Marine Le Pen, 33 ans en 2002, alors simple directrice juridique du FN, gravit peu à peu les échelons, et va jusqu'à pousser son père vers la sortie : en 2010, lorsque Jean-Marie Le Pen quitte la présidente du parti, c'est elle qui prend le relais.

Libéré du poids des responsabilités, Jean-Marie Le Pen entame alors une nouvelle carrière : électron libre de la politique. S'il reste député européen, avec une rémunération confortable à la clé, il se fait de plus en plus discret au Parlement européen. Son énergie est vite accaparée par son bras de fer avec Marine Le Pen, dont il critique la stratégie de "dédiabolisation" et qui, sur la base de nouveaux dérapages, finit par engager une procédure disciplinaire à son encontre en 2015. L'affaire se retrouve même devant les tribunaux, qui valident en 2018 l'exclusion du fondateur du Front national de son propre parti.