C'est un appel solennel. Dans le quotidien Libération, le 19 mai 2016, quarante personnalités, dont des responsables politiques et des intellectuels, demandent au gouvernement français de légiférer afin de limiter les salaires des patrons. "Nous demandons au gouvernement de légiférer pour que désormais, en France, un patron ne puisse pas être rémunéré plus de 100 smic, soit 1,75 million d'euros par an", écrivent les signataires de cet "appel des 40 au CAC 40", l'indice-phare de la Bourse de Paris.
Cet appel intervient après des polémiques sur les salaires de patrons comme ceux des constructeurs français Renault et PSA (Peugeot-Citroën), Carlos Ghosn et Carlos Tavares, et la menace brandie le 17 mai 2016 par François Hollande de passer par la loi.
Parmi les premiers signataires figurent notamment le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, le président PS de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, et la maire, également socialiste, de Paris, Anne Hidalgo. Philippe Martinez, le numéro un de la CGT, l'économiste Thomas Piketty, le militant écologiste Nicolas Hulot, l'historien Pierre Rosanvallon et l'écrivain et réalisateur Raphaël Glucksmann signent aussi cet appel.
"Maintenant, il faut légiférer", a réagi jeudi matin le Premier ministre, Manuel Valls, car "force est de constater" que le patronat n'a pas "respecté" ses engagements. "Dans le projet de société que je défends, a-t-il ajouté, bien sûr qu'il n'est pas immoral de bien gagner sa vie. Mais ce qui est immoral, ce sont ces rémunérations, de s'augmenter de cette manière sans se rendre compte des dégâts que cela peut représenter."